On est le mercredi 19 août 2020. Il est 13h24. Ça fait 3h24 que je suis sobre. Je me suis préparé, j'ai même passé 2 semaines à ne penser qu'à ça ou presque. J'ai déjà fait 14 sevrages, mais celui-ci est nettement plus compliqué, car depuis la mort de ma mère, en 2018, ma consommation d'alcool est monté à des niveaux que je n'avais jamais atteint : 1 L de vodka / jour, par exemple. Si les autres sevrages n'étaient qu'une affaire de volonté, là, j'ai besoin d'aide médicamenteuse, anxiolytiques et vitamines. Et des tonnes de bouteilles d'eau fraiche dans mon frigo. J'ai dormi de 10h à 12h45, heure à laquelle j'ai pris un demi comprimé d’anxiolytique. Pour l'instant je suis dans un coton bienveillant, les tremblements, l'irritabilité et le mal-être que je connais quotidiennement depuis plusieurs mois quand je suis en manque ne sont pas là. Mais je sais d'après ce que j'ai lu que ça ne devrait pas tarder. Mais cette fois doit être la bonne : j'ai 55 ans, une femme merveilleuse à laquelle j'essaye, surement inutilement, de cacher ma dépendance, un métier que j'adore, une maison qu'on vient tout juste d'acheter. Je ne VEUX PLUS que l'alcool vienne se mettre en travers de ma route. Je continuerai à vous raconter ma traversée du désert du sevrage, puis mon ascension de l'Everest de la liberté, si jamais cela peut donner envie à un ou une autre esclave de cette saloperie de lever le poing et de sortir de la mine.
Par rewinder
15/05/2024 à 14:54
Salut à tous, Pomme, Valsaph, et quel plaisir de te retrouver ici, Olivier !
L'arrêt du shoot de dopamine que provoque l'alcool est effectivement suivi d'une période de plusieurs mois d'une sorte d'éttrange léthargie émotionnelle. Il faut dire qu'on passe des montagnes russes que nous font vivre l'alcoolisation, puis le manque d'alcool dans le sang. Alors, après, la plaine de l'abstinence, évidemment ça fait tout drôle.
Comme le dit très justement et sagement Olivier, on ne va pas retrouver ces intensités là. On va en trouver de nouvelles. Des vagues moins hautes, mais largement plus puissantes, qui t'emmenent loin. Retrouver la volonté, la capacité de'évoluer, l'endurance, la capacité à résister, a tenir bon. La force que donne l'abstinence donne des sensations, des vécus, moins "électrique", mais tellement plus forts.
Mais là aussi je confirme ce que dit Olivier : il faut de la patience. C'est une affaire de mois, il faut le dire. Dnas mon cas, le régulateur de l'humeur que m'avait prescrit le médecin chef de la clinique psychiatrique où j'ai fait ma cure en novembre 22 m'a aidé à traverser cette "morne plaine". (au fait, je me suis sevré sans difficulté de ce traitement, comme j'avais commencé à vous le raconter plus haut)
Valsaph : moi aussi je suis un foutu gourmand : de nourriture, de boissons, de musiques, de paysages, de couleurs, de sons, bref, mes sens me nourrissent au moins autant que ma petite cervelle. Alors OK ; je ne peux plus déguster la Zubrowska à l'herbe de bison : mais je me suis mis à faire des Goulash. Je ne peux siroter les whisky écossais 18 ans d'âge : mais j'ai appris à faire le Haggis. Et fini les Côtes Rôties vieilli en fut de chène : et vive le Saucisson Lyonnais. Le goût est partout. Hier soir j'ai vu "Yannick", de Quentin Dupieux : Fan de lune, ça vaut 3 barriques de Cognac 5 étoiles. Et en plus, après, le lendemain, je m'en souviens....
Elle est pas belle, la vie ?
Pomme, Valsaph : ne lâchez pas l'affaire. Oui, vous aller traverser une "morne plaine" de quelques mois. Si elle est trop dur à traverser, votre médecin traitant peut vous aider. Mais tenez bon, mes amis : de l'autre côté de cette morne plaine, il y a les vertes vallées de la sobriété heureuse !
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Par Pomme884
17/05/2024 à 10:32
Bonjour la horde !
Merci Rewinder pour ces phrases toujours très à propos. Le soutien de chacune et chacun d’entre vous m’est précieux, c’est comme un fil tendu que je ne lâche pas et qui m’aide à tenir bon.
Je vais revoir mon médecin traitant et lui demander de me prescrire ce que tu as pris pendant un certain temps, de la « quétiapine » ? Je ne me souviens pas bien du nom exact…
Merci d’avance et bises à toutes et tous, merci Valsaph, Olivier, Sunshine et tous les autres !
Courage et force à toutes et tous.
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Par Sunshine
17/05/2024 à 12:49
Coucou la horde,
Comment allez vous?
De mon côté je sors de plusieurs jours dans le brouillard… Pas fière de moi du tout. Encore une fois le déclencheur a été un gros coup de stress doublé d’une contrariété…
Je ne maîtrise pas encore ces déclencheurs la, ces émotions la. J’ai beaucoup de difficulté à y faire face et putain c’est pénible. C’est fatiguant !
Mais bon les choses s’arrangent et le brouillard se dissipe. Depuis hier je repars du bon pied. Un jour après l’autre hein !
Bisous les amis
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Par rewinder
17/05/2024 à 13:46
Pomme, oui c'est bien la Quétiapine qui m'a été prescrite. Je te suggère de parler d'un "régulateur de l'humeur", plutôt directement du nom du médoc, même si il me semble que la Quétiapine est le plus prescrit. En effet, ton médecin sera le seul à même de choisir le bon médoc et surtout le bon dosage.
La différence entre les régulateurs de l'humeur et les antidéprésseurs est que l'on ne se trouve pas "dans le gaz" avec les régulateurs de l'humeur. C'est comme ça que me l'a présenté le psychiatre qui me l'a prescrit, et c'est bien ce que j'ai vécu.
Bon courage Pomme, tu as les clés de ta liberté dans tes mains. Don't give up the fight !
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Par Pomme884
17/05/2024 à 18:09
Merci Rewinder.
Sunshine, mes pensées t’accompagnent chaleureusement.
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Par guillaume
23/05/2024 à 05:15
Bonjour a tous et toutes !
Je viens de vous lire et je tenais à poser quelques mots.
Oui c'est un long combat de tous les jours, mais il est plus facile quand on lutte " à la journée " et regarder trop loin...
SUNSHINE : bon courage et gardons en tête que nous ne sommes pas seul,
POMME : tu as vu ton medecin ?
Merci à vous pour tous ces messages c'est important
TRes bonne journée sans ce poison
Guillaume
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Par Olivier 54150
23/05/2024 à 11:12
Bonjour tous.
Je me demandais, à partir de quand ne pas boire devient un impératif ?
À partir de quand ne pas consommer d'alcool devient la priorité sur tout le reste ?
Quand je n'ai plus de contrôle sur ma consommation et que celle-ci devient trop délétère, bien sur.
Je crois que ce qui complique les choses, en plus des tentations, des craving, des changement de vie que cela implique, c'est que boire, ce n'est pas si grave...
La réduction des risques et des dommages tout comme le fameux "avec modération" c'est comme dire: Boire ce n'est pas si grave.
Ce n'est pas si grave à condition de ne pas dépasser 10 verres par semaines.
Même si beaucoup de maladies sont encore provoqué par cette quantités, mais bon, l'oms et 99,9% des gens le disent:
ce n'est pas si grave, ce qui compte, c'est le contrôle, la maîtrise de sa consommation. C'est impossible à contredire et ce n'est pas mon intention.
Ceci dit, toute les drogues illicites d'aujourd'hui était en vente libre dans les pharmacie du 19ème siècle, l'héroïne, la cocaïne...c'était pas grave.
Bon d'accord, c'est pas pareil.
C'est donc une décision très personnelle et intime de se dire: boire c'est impossible, c'est trop grave.
Sauf si c'est le médecin qui l'affirme suite à quelques examens, mais là, c'est une autre histoire.
Parce que comment maintenir mon abstinence si boire n'est pas si grave ?
Tellement de gens boivent sans que cela soit un problème, comment me convaincre que boire va, d'un seul coup, détruire ma vie.
Parce que, vu sur un certain angle, ça n'arrive pas petit à petit, c'est toujours d'un seul coup.
Un diagnostique médicale arrive d'un seul coup.
Un accident suite à l'ébriété arrive d'un seul coup.
Un licenciement, une demande de divorce arrive d'un seul coup... Etc
Le rapport avec ce que j'ai bu hier, inutile de le rabâcher, c'est du passé, impossible d'agir dessus.
Dans tout les cas, le pire comme le meilleur peu surgir à chaque instant, la vie et comme ça, mais avec l'alcool, c'est quand même (un peu) faire voler le dragon...non ? Bref.
Mais là, maintenant, ce n'est pas ce verre qui va tout faire basculer.
Ce n'est pas ce verre qui va me faire perdre ma famille, mes amis, mon permis, mon boulot, ma santé. Non, ce n'est pas ce verre la et même pas celui d'après.
Parce que là, j'en ai besoin, je l'ai mérité.
J'ai encore de la marge. Vraiment, y a pas de mal, ce n'est pas si grave, c'est sincère.
J'ai décidé d'arrêter, je suis sorti du déni, donc le problème et résolu ou presque.
Mais là maintenant, boire et un impératif pour mille raisons légitimes ou pas, surtout, ce n'est pas si grave.
Ce n'est pas si grave...pour qui ? Et qui l'affirme ?
C'est peut-être des questions à se poser.
La réponse est simple.
Ce n'est pas si grave, pour tout le monde, et tout le monde l'affirme, même ma mère, même le président.
Du coup, arrêter de boire c'est peut-être ne plus être tout le monde.
Pas meilleur, pas plus mal, juste pas pareille.
Avec quand même un avantage, qui est justement de ne pas boire d'alcool.
Si si, c'est un avantage. Je vais pas faire la liste des pour et des contre... C'est assez long comme ça !
Pour mon entourage, rien de grave à boire un verre mais pour moi ce serait dramatique.
C'est comme ça.
C'est comme si je voulais sauter d'un avion avec des amis sauf que moi, j'ai pas de parachute, mes amis oui.
Si je me dis, cette fois je m'arrête à un seul verre, c'est comme si je disais : on vas bien me donner un parachute pendant la descente ?!
Ça arrive, non ? C'est pas si grave...
Alors bien sur, il ne s'agit que d'un point de vu, pas la vérité.
Arrêter de boire est difficile et compliqué, mais la vie sans alcool est tellement plus simple...ça en vaut la peine.
Belle journée à tous.
Oliv
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Par Valsaph
23/05/2024 à 13:18
Très très joli Oliv.
Et ...
Tellement vrai !
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Par Valsaph
23/05/2024 à 13:19
https://youtu.be/OH0prpRN2nE?feature=shared
Je vous invite à regarder ce lien ...
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Par rewinder
23/05/2024 à 14:28
Olivier, ton texte est juste magnifique...
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