On est le mercredi 19 août 2020. Il est 13h24. Ça fait 3h24 que je suis sobre. Je me suis préparé, j'ai même passé 2 semaines à ne penser qu'à ça ou presque. J'ai déjà fait 14 sevrages, mais celui-ci est nettement plus compliqué, car depuis la mort de ma mère, en 2018, ma consommation d'alcool est monté à des niveaux que je n'avais jamais atteint : 1 L de vodka / jour, par exemple. Si les autres sevrages n'étaient qu'une affaire de volonté, là, j'ai besoin d'aide médicamenteuse, anxiolytiques et vitamines. Et des tonnes de bouteilles d'eau fraiche dans mon frigo. J'ai dormi de 10h à 12h45, heure à laquelle j'ai pris un demi comprimé d’anxiolytique. Pour l'instant je suis dans un coton bienveillant, les tremblements, l'irritabilité et le mal-être que je connais quotidiennement depuis plusieurs mois quand je suis en manque ne sont pas là. Mais je sais d'après ce que j'ai lu que ça ne devrait pas tarder. Mais cette fois doit être la bonne : j'ai 55 ans, une femme merveilleuse à laquelle j'essaye, surement inutilement, de cacher ma dépendance, un métier que j'adore, une maison qu'on vient tout juste d'acheter. Je ne VEUX PLUS que l'alcool vienne se mettre en travers de ma route. Je continuerai à vous raconter ma traversée du désert du sevrage, puis mon ascension de l'Everest de la liberté, si jamais cela peut donner envie à un ou une autre esclave de cette saloperie de lever le poing et de sortir de la mine.
Par Liv
13/09/2023 à 10:26
Coucou mes chers compagnons de voyage !
Je m’excuse d’avance pour le pavé, je rattrape les réponses à votre fil depuis une dizaine de jours et il y en a des choses :)
Avant tout, Rewind
er, ça alors, « La horde des amoureux de la liberté » ! Ça c’est du titre pour ton 3e bouquin ! (ou plutôt le 5e puisque tu as une trilogie en cours à côté du Sparadrap ^^. J’achèterais un livre avec ce titre sur le champ ! Écris dedans ce que tu veux, j’aime tellement ta plume que je l’achèterais quoi qu’il raconte ^^ Tu as une plume addictive, tu crées des figures imagées qui tapent dans le mille. Aucun doute que tes livres seront à dévorer de la première à la dernière page sans reprendre son souffle ! Je m'inscris sur la liste des préventes!
Me voilà après une dizaine de jours de silence qu’il faut absolument que je casse. Le compteur à abstinence tourne toujours et demain je fêterai mes 2 mois (Fierté, fierté !!), mais j’ai tourné beaucoup mon attention sur mes angoisses de reprise de travail en me reposant sur mes lauriers niveau abstinence et je dois remettre les pendules à l’heure. J’ai senti au cours des derniers jours d’avoir un peu trop relâché mon attention. Je n’ai pas spécialement de sujet à traiter qui exigent de voir mon psy, mais je me suis dit que me tourner vers vous me permettrait de me recentrer sur The priorité.
Mais surtout, j’avais voulu réagir à tes nouvelles et je m’en suis voulu de ne pas prendre ce temps plus tôt. C’est un grand pas que tu t’apprêtes à franchir en retrouvant ton espace à toi, signe tangible du fait que tu te reconstruis. Mais je voulais tout de même te rappeler de rester sur tes gardes car il y a du changement. Je ne sais pas si tu es touché par ce problème mais, en ce qui me concerne, mes tentatives d’amélioration, surtout celles qui sont importantes pour moi, réveillent souvent des envies d’autosabotage. Il ne s’agit probablement que d’une sortie de zone de confort, indépendamment du fait que la zone de confort soit en réalité inconfortable, comme le fait de ne pas avoir un chez-soi. Mais des pensées parasites peuvent s’infiltrer, venant par exemple d’une petite peur qu’on pourrait avoir tendance à ignorer, qui te met la pression en te disant qu’il ne faudrait pas tout faire foirer une fois de plus. Donc, voilà, je me permets juste de te rappeler de rester sur tes gardes, de ne pas faire monter la sauce. Si jamais une pensée de ce genre t’a effleuré, n’oublie pas de lui répondre d’emblée que tu te donnes simplement le droit d’avoir un peu plus de confort de vie, comme si, banalement, on achetait un aspirateur robot pour ne plus avoir à passer le balai tous les jours, et rien de plus. Et tu pourrais ajouter une couche : dur ou pas, tu as déjà prouvé à toi-même que tu es capable de reconstruire. Si donc même tout devait s’effondrer de nouveau pour une raison quelconque, ce serait fatigant, certes, mais tu saurais réagir. Il n’y a donc aucune raison de se mettre la pression par rapport à ton emménagement.
Je fais de la prévention que j’espère superflue, mais sait-on jamais que ça te parle.
Sinon, ton break, ça donne un sacré coup de poing. C’est fou de se dire que l’addiction est tellement forte que même des épisodes de ce genre ne suffisent pas à se dire « Je ne suis pas fou, bien sûr que j’arrête illico ! ». J’ai souvent entendu dire dans le milieu des addictions que les évènements négatifs sont l’élément déclencheur de l’envie d’arrêter. Mais j’ai l’impression que pour une bonne partie d’entre nous il a fallu garder la tête sous l’eau pendant bien longtemps et avoir raclé le fond encore et encore avant de rallumer la lumière à l’étage et commencer à réagir pour de vrai. Raison de plus de faire attention. Il est, certes, possible de se relever, mais ce n’est jamais facile, et parfois pas rapide non plus. Autant faire attention à où on met les pieds pour ne pas trébucher.
MiniMélu, j’ai l’impression qu’en ce moment la vie nous met toutes les deux face au même défi en tout point. Tu n’es pas seule, copine ! Allons-y ensemble, jour après jour, un seul pas à la fois. Je pense qu’il est important d’essayer de prendre soin de nous pour empêcher la pression de trop monter. Mais il fait aussi se rappeler que, stress ou pas, reboire n’arrangera rien, bien au contraire. Ça rajouterait un problème que nous n’avons, enfin, plus. De mon côté, j’essaye de garder cette pensée en tête tous les jours où je vois le stress monter.
Je vous embrasse camarades ! Je vais fort probablement être plus active ici dans les jours qui viennent, histoire de garder le cap.
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Par rewinder
13/09/2023 à 15:47
Salut La Horde,
Liv', j'ai plein de trucs à te répondre, j'ai pas suffisamment de temps maintenant, because après avoir passer 5 journées entière a charger/decharger des camionnettes, puis vider et ranger des caisses, je me suis donné cet aprés midi et la matinée pour livrer mes papiers aux rédactions qui m'emploient.
Mais je veux juste te dire deux trucs : tes propos sur mon écriture me font beaucoup de bien. J'écris "Sparadrap" totalement différemment de ce que j'avais écrit jusqu'ici : j'écris en mode kalach', des phrases que je ne construis pas. Je ne relis que très peu (ce qui explique que ça doit être à mon avis pourri de phottes dauteaugrafe . Je ne cherche pas à faire beau : j'écris ce texte pour moi avant tou, pour me dire à voix haute la vérité sur ce que j'ai traversé du fait de ma consommation d'alcool. Quelque part, l'écriture de ce texte est un exercice cathartique - ou un exorcisme. Je suis donc heureux d'apprendre, par toi, ou par d'autres membres de La Horde, que c'est agréable à lire.
Deuxième chose, à propos de ce que tu dis au sujet de mon break : il y en aura trois comme ça... Le plus curieux est que le troisième et dernier, celui qui m'a amené à arrêter défiitivement, a été le moins grave de tous. Oui, on se rend compte qu'on déconne, mais on continue, encore et encore... Car l'apprentissage de la liberté n'est pas juste un test, une épreuve, un cap à franchir : c'est une foutue quête du Graal. Je te laisse, y'a Merlin qui veut me causer au sujet d'un problème de dragon, je reviens de suite.
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Par Liv
17/09/2023 à 00:26
Salut Lancelot !
Alors, ce dragon? On l'a tué ou pas?
Comment ça va ton installation ?
De mon côté je profite de mon weekend en m'interdisant formellement de bosser. Ce qui est drôle est qu'un petit article sympa m'est tombé dessus à la dernière minute et que j'ai très vite tellement retrouvé goût à l'exercice qu'aujourd'hui j'aurais eu envie de continuer à bosser pour mon propre plaisir. Mais non non non. Je résiste au chant des sirènes. Mon épuisement au travail vient de mille manières chez moi et, au moins pour commencer, je ne veux en laisser aucune. #Jadoremaliberté
Bisous la Horde !
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Par rewinder
18/09/2023 à 11:21
Lancelot ? ce piqueur de gonzesses, même pas foutu de trouver le Graal, puisque c'est Perceval qui a fini le boulot ? Que nenni, très chère. Je suis Arthur. Farpaitement. Et bien, l'installation se fait, ça avance doucement. Je me suis mis, la semaine dernière, en "mode missile" : c'est à dire que je me donne un objectif, et je l'atteint, coute que coute. Résultat : vendredi après-midi, après avoir vidé le second camion de toutes ses caisses, je me suis écroulé, complétement épuisé. Mon corps s'est littéralement mis en veille, et refusait de répondre à la moindre sollicitation. Dimanche, on jouait avec Ze Sales Gosses, j'y suis allé, j'ai fait ma job - et je suis rentré me coucher. C'est seulement ce matin que je me suis réveillé en me sentant vraiment reposé. J'en viens à notre dragon commun. Oui, le risque est maximal pour moi : je me retrouve seul, dans un endroit ou personne ne me voit. je pourrais pochtroner peinard, ici. Mais je crois bien que je suis décidément passé à autre chose. Car la pensée ne me vient même pas. L'envie est... juste absente, inexistante. Jeudi dernier, j'ai même réussi à acheter de la bière pour mon pote Lolo, qui aime bien siffler une petite mousse après l'effort. Il en a bu deux, je lui ai demandé de partir avec le reste du pack de six. Ça m'a fait ni chaud ni froid. Dimanche, on jouait juste à côté de la buvette. Au moment de l'apéro, en plus. Gratos. Avec une bière locale absolument délicieuse. Et il faisait chaud. Eh ben le jus de pomme poire d'Etoile et Guillaume, deux copains arboriculteurs et presseurs, est absolument délicieux. Je suis tranquille de ce côté là. Plus aucune pulsion de craving, plus de petite voix qui te chante ses conneries. Ça ne veut pas dire que je suis tranquille à vie, loin de là. Je vais bientôt publier l'extrait de Sparadrap ou je raconte comment j'ai repris, en 2004, après 851 jours de sobriété. Ton image de "dormir comme un chat" est décidément la bonne. Ça pourra me reprendre dans 2 semaines, dans 2 ans, dans 20 ans. Je ne dois pas baisser ma garde - je ne dois pas baisser Excalibur. Il suffira, je le sais, d'un truc qui me bouleverse affectivement. Donc, je reste en veille. Mais comme on dit : "jusqu'ici, tout va bien". Espérer le meilleur, se préparer au pire, être prêt à tout : la devis des marins anglais.
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Par rewinder
20/09/2023 à 09:27
La rentrée est un moment compliqué pour chacun d'entre nous. Certain(e)s donnent des nouvelles, et de bonnes. D'autres n'en donnent pas, et je crains qu'ici, la régle "pas de nouvelles bonnes nouvelles" ne s'applique pas forcément.
Je sais ce qu'est la rechute, je l'ai écrit ici à plusieurs reprises. Mais je sais aussi que j'ai cessé d'écrire ici, pendant toute une période, parce que j'avais rechuté.
Alors je voudrais dire et redire quelque chose : rechuter n'est pas un probléme grave : c'est abandonner la lutte qui est un problème grave. Rechuter, c'est normal, on tombe quand on apprend à marcher, et ici nous réapprenons tous à marcher. Donc, si vous avez rechuté, sachez qu'ici personne ne vous jugera, car on a tous rechuté. Mais, s'il vous plait, ne restez pas seul(e) avec vous-même. L'alcool nous enferme à double tour, parler, c'est déjà sortir une main du zonzon.
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Par Liv
22/09/2023 à 01:01
Cher Arthuwinder,
Bon bah, ma culture G ne vole pas haut et mes propos me trahissent, ça y est, je suis démasquée ^^'
Tes mots me font, une fois de plus, réfléchir.
La rentrée est une période délicate, comme tu le dis. Tu le vois bien, j'ai dit que j'allais être plus active sur le forum et finalement pas vraiment. Je tiens bon, mais le moral n'y est toujours pas.
En gros, depuis fin août un mal-être a commencé à s'installer et je n'arrive pas à m'en défaire. Mais surtout, je n'arrive pas à l'expliquer. Tout m'inquiète me stresse, me gonfle.
La reprise des cours (désormais imminente, c'est pour lundi), certes, mais je vis mal même les tâches ménagères, la vie de famille, tout. Pourtant nous avons aussi peu de routine. Tous les weekend, on cale au moins un petit truc depuis cet été. Mais quelque chose semble ne pas aller et ne n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Sauf qu'il n'y a tellement rien de vraiment insurmontable, ni même de difficile, que je me sens juste comme un enfant roi qui découvre un jour que pour vivre il faut bosser. Et ma réponse instinctive est juste "flemme".Moi qui étais une bosseuse hors pair. Que m'est-il arrivé ? Je ne me reconnais plus.
Amochée par le monde du travail et sa précarité ? Sûrement. Mais j'ai l'impression de vivre mal des choses qui pourraient être simplement vécues bon sang. J'ai une famille merveilleuse. J'ai un emploi pendant une année entière encore. Des espoirs si non des perspectives. Mais au lieu de profiter de ma vie, je brasse du noir. Ça me use et je le sens sur un fil niveau addiction. Je ne me sens pas à l'abri du tout en ce moment. Mon joli muret a perdu quelques briques me semble-t-il.
J'ai tellement l'impression de me plaindre pour rien que je me gonfle, vraiment. Maudit cerveau dysfonctionnel.
En te lisant, je me suis posée une question. Et s'il suffisait juste de décider d'éteindre le mal-être en nous? Puisque je me sens l'autrice de mon mal-être, ne pourrais-je pas être l'autrice de mon bien-être? Éteindre tout ce brouhaha négatif dans ma tête. Aller juste bien quoi, parce qu'il n'y a pas vraiment de raison d'aller mal, sauf si je persiste à orienter tous les projecteurs sur ce qui ne va pas.
Je n'en peux plus de ce sentiment.
Merci de votre écoute !
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Par rewinder
22/09/2023 à 20:59
Salut La Horde des amoureux de la liberté,
Liv', j'ai lu ton post ce matin avant de prendre la route, et j'ai passé mes 2 fois 3 heures de conduite à réfléchir à ma réponse. Je pense qu'il faut que tu fasse attention.
Le sentiment que tu décris, de mal être, d'hyper-sensibilité et de manque d'enthousiame me fait penser à plusieurs choses que j'ai traversé, je te les livre en vrac :
1) le manque d'alocol m'a toujours rendu hypersensible, susceptible, et facilement "déprimable". Du temps ou je buvais, il m'arrivait de boire un verre "pour aller mieux", ce qui bien sur ne réglait rien. Donc, ça pourrait être juste une manifestation chimique du manque dans ton organisme. Mais tu dis que c'est apparu fin aout, si c'était vraiment ça, ça serait apparu bien plus tôt.
2) Je me souviens bien que lors de je ne sais plus lequel des sept sevrages que j'ai fait entre aout 2020 et novembre 2023, j'ai traversé quelques épisodes ou la petite voix du dragon me disait "la vie sans alcool c'est chiant, c'est lourd, c'est pas amusant". Comme tu le comprends, je l'ai interprété comme étant "la voix de la gnôle", Et dès que je l'ai identifié comme étant "la voie de la gnole", je l'ai combattu efficacement pendant un certain temps. Mais je me souviens clairement que j'ai repris au moins une fois "pour que la viesoit moins chiante", pour retrouver la "légéreté" que me donnait l'alcoolisation". Si c'est ça, tu dois te méfier, cette petite voix est dangereuse
3° hypothèse : arrêter de boire, c'est un vrai changement de vie. Et dans tout changement de vie, il y a des phases d’adaptation, avec des cycles de type dépressif : des périodes d'enthousiasme un peu excessif, et des périodes de tristesse et de manque d'allant. Qui plus est : tu t'approches à grand pas de la fatidique rentrée, et le stress se sent bien dans tes lignes. Là, il y a deux solutions : soit cet "épisode dépressif" est temporaire, et il va passer une fois que tu sera revenu dans le rythme de l'activité "normale". Soit ça se prolonge, et auquel cas c'est peut-être bien un mécanisme dépressif.
Tu as écrit ici que tu suivais un psy : si c'est un psy en capacité de prescrire un traitement, tu devrais aller le voir assez rapidement. Dans le cas contraire, tu devrais évoquer cette situation avec ton médecin traitant. Pour ma part, je pense que le succès de mon huitième sevrage - j'en suis à 303 jours... - est du, aussi, au fait que je prends un traitement, non un anti-dépresseur, mai un régulateur de l'humeur, qui ne m'assomme pas mais me fait dormir de bonnes nuits de 7 à 8h d'un seul bloc.
Voilà m'dame, tiens nous au courant. Tu passes un cap important, mais tu as déjà réussi à vaincre le craving il y a quelques semaine, c'est juste un con de dragon un peu différent : tu peux y arriver. Get up stand up, don't give up the fight
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Par Liv
29/09/2023 à 11:04
Cher Rewinder,
Le tourbillon des cours recommence, ce qui fait que je viens à peine de lire ta réponse.
Je suis debout. Encore debout et je n'entends pas retomber. 2 mois et demi aujourd'hui et j'en suis très fière, encore plus parce que je gère en dépit de ce moment de bas que je traverse. J'en ai fait du chemin, et je fais trésor de ce sentiment. Par le passé j'aurais déjà été en train d'augmenter ma consommation, je le sais bien.
Là, j'ai quelques envies et je fais attention à ne pas les ignorer. D’ailleurs, il n’y a pas eu d’autres craving pour l’instant, ce qui me permet d’être toujours prête si jamais il y en avait un qui arrivait, puisque je commence à croire de nouveau qu’ils n’arrivent que de manière épisodique (ce n’est pas rien !!). Je gère donc mes quelques envies en me remettant en tête régulièrement pourquoi j'ai voulu arrêter. Je n'en pouvais simplement plus. J'allais si mal que ce n'était plus supportable. Je pleurais intérieurement, tout le temps.
Aujourd'hui je ne pleure plus. En dépit du moral qui n'y est pas, je me rends compte que j'ai en moi un fil de bien-être, subtil, mais constant, qui me vient de mon arrêt. Je m'accroche à ce fil et je me dis et répète que si je le coupe, je ne ferai qu'aller encore plus bas. Donc, remettons l'église au milieu du village. Je ne vais pas très bien, mais avant j'allais bien pire que ça.
Ce que tu me dis me rassure beaucoup car, au moins, je peux trouver une explication à cette tendance accrue à pointer le négatif. Ce serait merveilleux si, avec le temps, ça pouvait progressivement s'améliorer.
Je pense que je traverse effectivement une période de dépression mais je ne prendrai pas de traitement. Ce n'est pas la première. Mais mon corps doit réagir. Je vivrais mal la prise de médicaments parce qu'ils me renverraient tous les jours à l'idée que je ne suis pas capable d’aller bien, ce que je vivrais comme un échec. En n'en prenant pas, j'ai des hauts et des bas et chaque haut me fait penser que je peux remonter la pente.
En revanche, je m'aide quand même avec de la phytothérapie. J'ai quelques gélules qui m'aident en cas de crise d'angoisse, et du millepertuis pour les jours où je brasse vraiment trop du noir. Et je trouve que ça marche suffisamment bien pour m'en contenter.
Je n'avais pas pensé à ce que tu as dit, au fait qu'avant on stimulait le circuit de récompense avec l'alcool, ce qu'on n'a plus aujourd'hui, mais tu as bien raison. Forcément l'organisme doit s'adapter et réapprendre à produire les hormones du bonheur qui manquent depuis le sevrage. Le fait que j'ai commencé à le remarquer en août n'est pas forcément parlant puisque j'ai passé tout le mois de juillet à calmer la tension accumulée avec le travail en cours d'année. Je n'allais pas bien mais je pensais que ce n'était que le contrecoup du travail. Il y avait peut-être plus.
Ce que je trouve frustrant est que je stagne dans ce mal-être. J’ai toujours été réactive. Je cherchais ce qui n’allait pas, que ce soit un problème matériel ou mental, et j’agissais dessus. Cette fois-ci, cette lassitude me prive de l’énergie dont j’aurais besoin pour faire les choses qui me permettraient d’aller mieux, comme avoir une maison propre et ne pas procrastiner sur mon travail. Je rentre et je veux juste m’étaler sur le canapé, ni cuisine, ni rangement. Mais vivre dans le chaos est l’une des choses qui me font du mal, et le cercle vicieux s’installe.. Je me sens donc bloquée parce que j’ai bien compris où est le problème mais je n’arrive pas vraiment à changer mes comportements. Je me dois tout de même un peu bienveillante avec moi-même. La période n’est, en soi, pas facile, mais mon entrain naturel me manque beaucoup en ce moment.
Et toi ? Comment ça va de ton côté ? Tu te plais dans ton nouveau chez toi ? Content de la déco ? :) 300 jours passés, sois fier de toi mon ami, c’est beau ce que tu as accompli, très très beau ! Et je me sens chanceuse de partager virtuellement ce chemin avec toi.
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Par rewinder
29/09/2023 à 11:45
Liv, je suis en plein écriture de deux articles, en plus également passionnants tout les deux, mais je te répond, d'une part parce que je suis heureux d'avoir de tes nouvelles, et de savoir que tu tiens bon.
je comprends ta position sur les traitements. j'avais la même, mais j'avais encore plus envie de m'en sortir. Ceci dit, j'ai déjà réduit de moitié mon traitement, et d'ici six mois, j'aurais arrêté complétement, en accord avec mon médecin. Mon addiction m'a rendu pragmatique, en matière de médecine : je crois simplement en ce qui marche, aussi bien l'allopathie que les huiles essentielles ou la phytothérapie.
Concernant cet état d'esprit dans lequel tu te trouves : je te livre ci-dessous une "coupure pub" de Sparadrap. Les coupures pub sont des chapitres où je sors de la narration linéaire pour évoquer un sujet thématique. Celui-ci s'appelle "les jours funambules" et il dit que dès fois, la sobriété donne des humeurs...
Avant ça, puis-je me permettre une question à laquelle tu peux ne pas répondre : quelle est la discipline dans laquelle tu recherche et enseigne ? Je suis, comme tout foutu journaleux, un indécrottable curieux - mais je survivrais si tu ne me réponds pas ;-)
"## Coupure pub : les jours funambules
On ne va pas se mentir – je vénère cette figure de style chère aux femmes et hommes publiques, qui annonce clairement la couleur : ils s’apprêtent à nous mentir.
Mais moi je ne suis pas un homme public, donc je ne vais pas vous mentir pour de vrai. Il n'y a pas que des jours roses, quand on est sobre. Comme dans la vie de tout un chacun. Mais avec, planant à plus ou moins haute altitude, cette fichue épée en forme de bouteille que Damoclès laisse trainer là.
Il y a des jours funambules.
On se réveille normal, mais avec un je ne sais quoi, comme un arrière goût d'arrière goût. On s'ébroue, pour passer à autre chose. Mais l'arrière goût d'arrière goût s'incruste, il se colle en bas à gauche du paysage, presque invisible. Presque.
La journée commence, avec sa liste de choses à faire, d'importance variable. Chacune de ces tâches est effectuée, mais sans enthousiasme, avec ce qu'il faut de sérieux pour bien faire le boulot, mais pas plus. Petit déjeuner, passage à la salle de bains, vaisselle du petit déj, vérification des mails, un tour sur les réseaux sociaux, préparation du déplacement du jour, rangement des caisses, chargement des caisses, installation dans la voiture, contact. Sans prendre le temps, comme d'habitude de se poser la question : « qu'est_ce que je vais avoir envie d'écouter sur la route ». Contact, la clé USB sélectionnée par défaut est en mode lecture.
Trois quart d'heure de route plus tard, on est à destination, avec 20 bonnes minutes d'avance. Juste le temps qu'il faut pour faire deux coursettes. On se gare sans difficulté, une place avec un peu d'ombre en plus. On prend son portefeuille, le téléphone, let's go disco. Un truc a manger et un baume apres rasage. Ca devrait se faire en 2 minutes.
Et là, sur le fronton du magasin, en dessous de l'enseigne, c'est marqué « les mousquetaire ». Sans « s ». Ca fait des années que je viens dans ce supermarché, pas loin de vingt ans. Il y a quelques années, lors de l'agrandissement ou de la rénovation, la facade a été refaite, avec le logo, et puis cette inscription, « les mousquetaires ». Avec un S. Parce qu'ils sont trois, bordel de merde.
Depuis quatre ou cinq ans minimum, le S est tombé. Et tout le monde s'en fout. Aussi bien les rigolos qui gèrent ce magasin, qui ne se préoccupent que du « s » à Chiffre d'affaires, et méprisent ouvertement la langue du pays où ils font ledit chiffre d'affaires. Aussi bien les braves moutons dans mon genre, qui viennent gentiment se faire tondre dans cette grande surface, laquelle a préalablement tondu les agriculteurs, artisans, petits et moyens industriels qui l'achalande. Des moutons qui s'en foutent du S à mousquetaire comme de leur première coque de smartphone. Qui s'en foutent qu'on ait le minimum d'envie de vivre ensemble, manifestée par le respect d'un code orthographique. Parce que faire société, ça commence par respecter la même règle ensemble. Mais qu'est-ce qu'on s'en fout, de faire société ? Tant qu'on peut se faire du fric ?
Le temps de faire le trajet entre ta voiture et l'entrée du supermarché, la vague de colère et de désarroi t'est tombée sur le coin de la gueule. A l'intérieur de la grande surface, tout t'exaspére soudain : ce couple de vieux qui restent bloqué juste à la porte d'entrée avec son caddy parce qu'il ne se rappelle plus si il a fermé la voiture à clé.L'agent de sécurité qui te mate comme il mate tout le monde, en faisant semblant de ne pas se faire profondément chier. Les pubs incessantes, toutes plus débiles les unes que les autres. Dans les rayons ça empire : y'a pas la marque que tu veux, la seule dont la fragrance chimique est presque acceptable. Tu veux te griller un truc : y'a un rayon plein, pas pas une foutue basse-côte, alors que tu en salivais d'avance, hier, à l'idée de te faire vite fait griller une basse-côte sur la braise, pour dévorer la viande à peine chaude avec ce goût de fumé qui n'est possible qu'au barbecue. Tu te rabats sur un magret de canard, en maugréant comme une vieille poule qui ne trouverait plus de vers à la taille de son insatisfaction.
Et là, si tout se passe conformément au plan, tu réalises, dans un petit coin de ta tête, que ce n'est plus toi qui es au commande, mais ton striatum, cette foutu glande qui cherche à tout prix la satisfaction immédiate de tes désirs. Pour l'instant c'est un baume de rasage ou une basse-côte, mais le prochain désir pourrait avoir un gout d'anis, de malt ou de houblon. Tu réalises que tu n'es plus un être existant, mais un être agissant, une créature sans mode intermédiaire entre « action » et « réaction ». Pendant que tu te diriges vers la caisse, tu te réinstalles aux commandes de ton âme. Les dieux, qui veillent l'air de rien à ton sort, libèrent une caisse à quelques dizaines de métres. Avec une caissière au doux sourire, qui te fait revenir dans le monde réel, où tout est poids et mesure. Oui, c'est pas cool que personne ne juge bon de remettre un s aux mousquetaires : mais on va pas se jeter dans la Durance pour ça, non plus. Pas plus que pour l'absence d'une marque de baume à raser ou de basse côte.
Le monde est un endroit insatisfaisant, en bonne partie. Mais seulement en bonne partie.
Lors des jours funambules, ce genre d'expérience, de fulgurances émotionnelles te fait tanguer sur le fil. Plus ou moins fort, d'ailleurs. Parfois c'est tellement discret que ton mode pilote automatique permet de gérer le truc sans que tu en ai conscience.
Mais parfois c'est plus hard, ça t'améne jusqu'à un sentiment de malaise diffus, qui peut aller jusqu'à l'irritation, la sensibilité exacerbée et exaspérée à la moindre nuance de contrariété
Je ne dispose pas de données fiables sur la vie des individus ordinaires, étant, comme chacun d'entre nous, un individu extra-ordinaire. Mais il me semble possible que cet état de vide, d'insatisfaction chronique, de manque d'un je ne sais quoi – un dieu, une paire de basket mauve à pois vert, une bicyclette en parfait état de marche, un sens à ma vie ou une bouteille d'eau bien fraiche - puisse être vécu par des individu non super-héroïque. Et il se pourrait bien que cet état d'esprit bien particulier soit, d'une manière ou d'une autre, à la source de l'addiction. Je suis sur une piste, je crois. On y reviendra plus tard, car ce n'est qu'aux alentours de la conclusion d'un livre qu'on peut se permettre de basculer dans la philosophie de supérette".
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Par Modérateur
29/09/2023 à 15:27
Bonjour Liv, bonjour Rewinder,
Je vous lance un amical "reminder" (rappel) : plus vous donnez des détails précis sur votre situation personnelle ou professionnelle, plus vous devenez identifiables par des tiers.
Ce forum est accessible en lecture à tous, y compris aux moteurs de recherche.
Soyez prudents.
Cordialement,
le modérateur.
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