Sevrage : ce qu'il faut savoir pour mieux vous préparer
Le sevrage est le moment où on arrête de boire de l’alcool. Pour franchir cette étape importante dans de bonnes conditions, voici les choses à savoir.
Sommaire
Quels sont les symptômes du sevrage ?
Si vous avez l’habitude de consommer très régulièrement ou quotidiennement de l’alcool, arrêter de boire représente un grand changement. Le sevrage peut entraîner différents symptômes :
- de l’anxiété, de l’irritabilité,
- des difficultés à s’endormir, des insomnies ou des cauchemars,
- des sueurs, des tremblements, des palpitations,
- des nausées, des vomissements, une perte d’appétit.
Ces symptômes apparaissent quelques heures après l’arrêt de la consommation d’alcool et durent entre 4 et 10 jours. Vous ne les ressentirez pas forcément tous et leur intensité est variable d’une personne à l’autre.
Par la suite, certains symptômes disparaissent. D’autres peuvent durer : tristesse, humeur dépressive, anxiété. Si vous vous sentez mal, vous pouvez être aidé par votre médecin, un centre de soins en addictologie ou un groupe d’entraide.
Alcool info service présente
L’addiction, on s’en parle ?
Comment se passe le sevrage ?
Dre. Amandine Luquiens, Psychiatre addictologue au CHU de Nîmes
Dre. Morgane Guillou, Psychiatre addictologue au CHU de Brest
Caroline, 33 ans :
« J'ai entendu dire que le sevrage peut être très éprouvant pour la personne qui souhaite arrêter. Que veut-on dire par là ? »
Dre. Amandine Luquiens :
Effectivement Caroline, quand on s'expose régulièrement, parfois quotidiennement, à une substance comme l'alcool, le cerveau va essayer de s'adapter en retrouvant un nouvel équilibre avec l'alcool. Si j'enlève brutalement l'alcool, mon cerveau va être à nouveau en déséquilibre et il va lui prendre quelques jours pour retrouver une forme d'équilibre sans l'alcool.
Dre. Morgane Guillou :
Lorsqu'on arrête l'alcool, il peut y avoir des symptômes de sevrage qui apparaissent très rapidement après l'arrêt dans les premiers jours à type de sueur et de tremblements notamment. Il est bien normal d'anticiper de manière anxieuse ces symptômes-là, mais il ne faut pas hésiter à en parler autour de soi.
Ahmed, 45ans :
« Je me demande si c'est possible d'arrêter de consommer seul, si l'on peut y arriver sans aller en cure ou sans consulter un médecin. »
Dre. Amandine Luquiens :
Si l'on ne consomme pas tous les jours ou si l'on ne ressent jamais aucun signe de sevrage, il est bien sûr possible de diminuer progressivement sa consommation, voire de l'arrêter.
Dre. Morgane Guillou :
Il faut par contre être très attentif aux signes de sevrage qui sont les tremblements qui peuvent commencer par des tremblements, des doigts, des mains et les sueurs, par exemple les sueurs du front, les sueurs des paumes des mains, ou alors la sensation d'être confus. Si vous ressentez ce type de symptômes, il est important d'en parler à un professionnel de santé pour être accompagné afin d'éviter des complications liées au sevrage.
François, 50 ans :
« J'ai entendu parler de groupes de soutien, de traitements, de thérapies. Quelle est la meilleure manière de faire si je veux complètement arrêter l'alcool ? »
Dre. Morgane Guillou :
Il n'existe pas une manière ou une meilleure manière d'arrêter l'alcool. Ce qui est important, c'est de connaître les différentes ressources existantes qui peuvent vous aider à un moment donné, selon vos objectifs et selon votre situation personnelle. Le premier recours possible, c'est le médecin traitant. Mais vous avez aussi beaucoup de possibilités de consultation en addictologie. Tout d'abord dans les CSAPA, les centres de soins d'accompagnement et de prévention en addictologie, mais également des consultations hospitalières ou des possibilités d'hospitalisation sur des durées variables selon vos besoins. Toutes les informations, vous pouvez les retrouver sur l'annuaire d'Alcool info service.
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Arrêter seul, c’est possible
Vous êtes motivé pour arrêter ? Vous voulez vous lancer ? Prévoyez du temps pour vous reposer. Si vous en ressentez le besoin et si vous le pouvez, organisez-vous pour ne pas travailler durant une ou deux semaines.
Vous avez arrêté depuis quelques jours et vous ne vous sentez pas très bien ? N’hésitez pas à en parler à votre médecin qui pourra soulager les symptômes les plus gênants.
Quelle que soit votre situation, vous faire accompagner peut être une aide précieuse.
Dans quel cas vaut-il mieux être accompagné ?
Le sevrage de l’alcool peut parfois être délicat, quand on est très dépendant et de santé fragile. Aussi, il est fortement conseillé de consulter votre médecin si vous êtes dans l’un des cas suivants :
- Vous avez déjà essayé d’arrêter seul et vous avez ressenti des symptômes difficiles à supporter.
- Vous avez déjà fait un delirium tremens*. Si vous êtes dans cette situation, il est absolument nécessaire de prendre un avis médical avant de démarrer votre sevrage.
- Vous souffrez d’une maladie.
Le delirium tremens, qu’est-ce que c’est ?
Le delirium tremens est une complication grave du sevrage. Il peut apparaître chez les consommateurs chroniques d’alcool et se manifeste par :
- des hallucinations souvent effrayantes,
- des idées délirantes (par exemple se sentir persécuté),
- des difficultés importantes à se repérer dans l’espace et le temps,
- des tremblements intenses dans tout le corps et des troubles de l’équilibre,
Si vous ressentez ces symptômes, contactez sans attendre le 15 (ou le 112). Le delirium tremens peut être mortel et nécessite une hospitalisation en urgence.
Si vous le souhaitez ou si vous votre état de santé l’exige, vous pouvez être hospitalisé durant la période délicate du sevrage. L’hospitalisation permet un accompagnement au plus proche de vos besoins et vous assure une totale sécurité.
Que peut vous apporter un traitement médical ?
Le médecin qui vous suivra peut vous proposer différents traitements.
Les premiers jours ou semaines, ces médicaments vont soulager vos symptômes, vous permettre de dormir par exemple ou réduire votre anxiété.
Il existe aussi des médicaments que vous pourrez prendre plus longtemps pour vous aider à ne pas boire à nouveau.
Si vous décidez de diminuer votre consommation d’alcool, certains médicaments permettent de boire un verre ou deux sans avoir envie de boire plus. Ils créent une sorte « d’indifférence à l’alcool ». Ils sont utilisés pour atteindre le niveau de consommation qui vous convient ou pour diminuer progressivement l’alcool jusqu’à ne plus boire.
Attention, ces médicaments sont une aide mais ne sont pas des « solutions miracles ». Arrêter l’alcool est une démarche plus large, qui nécessite une motivation de votre part et un changement important de vos habitudes. Avec une aide adaptée chacun peut y arriver.
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