Bonjour à tous,
Si je peux me permettre, je vais raconter en quelques lignes mon parcours et ma relation que j'ai eu avec la boisson.
Comme tant d'autres témoignages que j'ai lu à travers ce site internet j'ai commencé à boire très jeune. Vers 13-14 ans. Pour faire comme les autres, pour faire comme les grands. Malheureusement chez nous, boire c'est aussi culturel et traditionnel. Boire c'est être aussi "viril".
Et petit à petit, le poison s'infiltre dans ma vie. J'ai commencé à boire chaque week-end. Puis avec l'âge chaque soir après le travail. Ensuite j'ai commencé à boire tout seul, à cacher ma consommation (boire avant les autres invités, ou me cacher dans les toilettes, commander deux bières et en boire une d'une traite et venir avec l'autre à la table comme si de rien n'y était) etc
L'alcool devient vite une sorte de béquille pour moi alors qu'elle fait tout le contraire. C'est plutôt un boulet. Cela comble un mal-être, des démons cachés.
Je ne raconte même pas les situations que j'ai pu créer en étant alcoolisé.. ou les dangers que j'ai pu être.. conduite alcoolisé, bagarres, me réveiller dans la rue parterre...
Au final, le problème n'est pas seulement la quantité de verres ingurgitée, mais la relation qu'on entretien avec l'alcool. Car vers la fin j'avais bien remarqué que ma consommation était excessive mais aussi dangereuse pour mon entourage, pour mon travail et pour moi.
Du coup je m'étais limité à boire qu'une fois par semaine. Mais ce n'était plus une vie. J'attendais plus que ce moment. Les autres jours de la semaine n'existaient plus. Plus rien n'avait d'importance à part le moment ou je pouvais boire. Car au final ce que je recherchais c'était ce moment d'ivresse. Ce moment où on se sent "libre".
Comment les gens ou mon entourage pouvait-il penser que je suis alcoolique en ne buvant qu'une fois par semaine ? Personne ne se doutait de rien. Mais le problème était dans mes pensées. Je ne pensait qu'à ce moment pour m'évader. Je calculais tout pour me libérer ce temps, que je ne sois pas seul trop longtemps avec les enfants à la maison, que je n'avais rien de prévu le lendemain etc.
J'annulais les rendez-vous, les sorties, les activités ou les dîners si je n'arrivais pas à y participer sans boire...
Car comme on dit ici, pour nous un verre c'est trop, dix pas assez.
Au final j'en ai eu marre d'en avoir marre. De me dégoûter. D'être un danger. D'avoir mal à la tête. D'être fatigué. De devoir tout planifier pour boire. De ne plus être un homme libre simplement.
Je sentais que si je continuais sur cette voie de la frustration je deviendrais irrécupérable. Pendant des années je me suis dit juste deux-trois bières ce soir pas plus et à chaque fois c'était la cuite assurée..
Après un moment il faut voir la vérité en face. Je voulais vivre heureux et pour cela je devais supprimer l'alcool de ma vie. Pas seulement essayer de moins consommer car cela m'était impossible. Mais de le bannir.
Comment s'imaginer une vie sans alcool ! Comment gérer tous ces moments (anniversaires, repas de famille, fêtes, mariages, restaurants, etc) sans alcool ?! Que vont dire et penser les autres ?
Comment expliquer aux autres que j'ai un problème ? Essayer de mentir en disant que je fais une pause ? Que demain j'ai un rendez-vous important ? Que je ne me sens pas très bien aujourd'hui. Vais-je m'ennuyer ?
Il faut comprendre que lorsque l'on arrête de boire on le fait pour nous, pas pour les autres. Et ce qu'est sûr que cela va engendrer
un processus positif dans tout ton entourage et ta vie.
Pour ma part et pour m'en sortir de cet enfer j'ai simplement décidé de dire la vérité à ceux de mon entourage qui m'ont toujours vu boire. En leur disant que l'alcool prenait un mauvais ascendant sur moi et que si je continuer ainsi j'allais dans le mur. Peu importe ce qu'ils peuvent penser parce que je le fais pour moi. Le problème c'est que certaines personnes se sentent jugées vis à vis de leur propre consommation.. mais peu importe, le problème ce n'est pas moi, je l'ai eu en effet mais maintenant c'est fini et c'est leur problème à eux.
Comme j'ai pu lire sur ce site, quelqu'un disait : j'ai perdu la guerre (contre l'alcool) mais je suis libre maintenant. Et c'est vrai.
Et être libre cela n'a pas de prix. Cela ne sert à rien de s'obstiner à trouver des stratégies pour essayer de continuer à boire en réduisant sa consommation ou de boire de temps en temps. Ou de parler de volonté énorme pour arrêter de boire. Non. Il suffit de comprendre pourquoi on le fait. De se délivrer ! D'être heureux ! De vivre simplement. De faire un travail sur soi. De comprendre nos mauvais mécanismes et de les changer.
Aujourd'hui je ne fais plus de calcul, plus de stress quand j'ai un rendez-vous, une activité ou une sortie car je ne bois plus, point. Je sais que le lendemain je serai en forme. Je n'aurai pas fait de conneries ou de drames. Je peux librement aller avec mes enfants à la piscine sans penser sans arrêt à vouloir acheter des bières ... je peux profiter de ce moment avec eux sans arrière pensée. Sans peur. Quel bonheur !
Prendre des médicaments, suivre une thérapie c'est important si on en ressent le besoin et nous aide à sortir de cette addiction mais faire déjà le premier pas et avoir l'envie d'arrêter et de comprendre pourquoi on le fait changera tout ! Il faut arrêter de mettre l'alcool sur un piédestal et dire que cela va nous manquer. Au contraire ! C'est une délivrance infini de vivre sans lui et maintenant je plains plutôt les gens qui boivent.
Cela fait 13 mois que j'ai arrêté de boire. J'ai bu pendant plus de 25 ans. Il faut se pardonner, et aller de l'avant. Ma vie a réellement commencé maintenant. En pleine conscience.
Il y a un autre conseil que je peux donner et qui m'a beaucoup aidé dans l'arrêt de l'alcool. J'ai lu les témoignages sur ce site internet en long et en large. J'y ai trouvé tout ce que je cherchais. Je m'y suis retrouvé dans certains écrits et je me suis rendu compte où cela pourrait me conduire en continuant à boire.. J'y ai trouvé des conseils avisés et des réponses à mes questions. J'y ai vu le courage de certains et le désespoir des autres. J'ai lu pendant des heures des fils de témoignages comme un roman. J'ai pleuré et j'ai ri.
Il y a des personnes pleines de vie et de bon sens avec une belle écriture qui prennent le temps de raconter leurs expériences. C'est une énorme opportunité à saisir. J'en profite pour remercier brièvement ceux qui ont consacré leur temps sur ces forums, sans que vous le sachiez vous m'avez aidé à m'en sortir. Merci du fond du coeur.
Et bien sûr merci à ceux qui ont créé cet opportunité quon puisse le faire.
Au plaisir de vous lire.