Bonjour ou bonsoir aux personnes lisant ce message,
J’ai décidé d’écrire sur ce forum un soir où ma mère est encore, une fois de plus, complètement ivre.
J’ai 20 ans, je suis étudiante, et je vis chez ma mère. Toute ma vie, j’ai grandi aux côtés de l’alcoolisme.
Mon père était également alcoolique et est décédé à cause de cela quand j’avais 15 ans. Pourtant, son alcoolisme était vraiment différent de celui de ma mère. Quand il buvait, mon père devenait violent, autant verbalement que physiquement, et restait éveillé toute la nuit, devenant complètement fou, empêchant ma mère et moi de dormir correctement la nuit. Ces épisodes d’insomnie et d’autres moments pénibles dont je n’ai pas la force de raconter m’ont quelque peu traumatisé. Cela a duré pendant plusieurs années, alors que j’étais encore enfant, avant que mon père tombe gravement malade, justement à cause de son alcoolisme et du nombre incalculable de cigarettes qu’il consommait tous les jours. Il a effectué plus d’une dizaine d’aller-retours à l’hôpital en l’espace d’un an et demi, est resté plus de deux mois dans le coma, a souffert encore longtemps avant de finalement partir pour un monde meilleur. Je pense que vous pouvez donc deviner à quel point mon rapport à l’alcool est associé à la souffrance, au traumatisme, et malheureusement, à la mort.
En ce qui concerne ma mère, je ne peux pas dire depuis quand son alcoolisme a commencé. Je l’ai toujours vu boire. Depuis que je suis enfant, il n’était pas rare de la voir "légèrement" ivre le soir après quelques verres de vin. Elle buvait du vin à chaque repas. Sauf que maintenant, c’est à longueur de journée, du midi jusqu’à tard le soir.
Je ne sais pas combien de verres elle consomme par jour, et elle cache maintenant ses bouteilles donc difficile à dire, mais ce qui est sûr c’est qu’elle boit au moins une bouteille de vin blanc tous les jours (et peut-être un peu plus selon les jours). Une fois, j’ai remarqué qu’elle avait consommé un cubi de vin de 5L en 3 jours.
Comme tous les alcooliques je suppose, quand elle est sobre et quand elle est ivre, ma mère est 2 personnes complètement différente. Que je lui parle de son alcoolisme sobre ou ivre, elle fait mine de ne pas m’écouter ou le déni complètement « mais non, j’étais normale hier soir! », ce qui me met honnêtement hors de moi. Sauf que ma mère est une personne qui cache beaucoup ses émotions et ne dit pas ce qu’elle ressent, c’est comme ça. Du coup, c’est difficile de dire ce qui la pousse à boire, même si j’ai mes idées (son petit-ami, problèmes financiers...).
Mais le problème, c’est que l’alcoolisme est là. Tous les jours je prie pour pas qu’elle finisse la journée bourrée. Personne ne sait qu’elle est alcoolique sauf moi, elle arrive plutôt bien à le cacher aux autres. Elle n’est heureusement pas violente mais elle devient complètement aigrie et méchante et bruyante sous l’effet de l’alcool, ce que je hais plus que tout. Je me comporte de façon toxique quand je la vois sous l’emprise de l’alcool : je crie, hurle, la pousse, la menace, la surveille constamment, je cache ses bouteilles, la force à aller dormir, mais rien n’y fait. Je regrette énormément d’être comme ça mais je ressens une haine si violente face à l’alcool que je n’arrive pas à contrôler. L’alcool m’enrage et me terrifie, sachant que je suis une personne extrêmement anxieuse.
J’ai envie de dire que ce n’est pas si grave que ça au fond, qu’il y a pire, que J’AI vécu pire avec mon père, mais cette situation me pèse et j’en ai plus que marre de vivre entourée de l’alcool, toute ma vie. J’ai peur pour la santé de ma mère car elle n’est pas toute jeune non plus (elle a plus de 50 ans), et que j’ai déjà vu les dégâts que ça a causé avec mon père.
Il y a tellement plus de choses à dire sur l’alcoolisme et comment cela a impacté / impacte ma vie, mais disons tout simplement que l’alcool a gâché ma vie.
Je suis désolée pour ce long texte, bien que je suis sûre que peu de personnes l’ont lu, mais si c’est le cas, je vous remercie de l’avoir fait. Ce que je raconte ici, je ne l’ai jamais raconté à personne, et pas une âme sur terre ne le sait.
J’ai déjà lu quelques témoignages sur ce forum et je me sens beaucoup moins seule à vivre ce calvaire.
Prenez soin de vous.