"Bonjour je m'appelle espoir, j'ai un problème avec l'alcool, je suis la compagne d'un alcoolique."
C'est ainsi que l'on commence toute réunion pour s'en sortir dans mon imaginaire.
Oui j'ai un problème avec l'alcool, je ne le bois pas ou avec modération mais l’alcool me tue à petit degré, à 40% pour être précise.
Il y fût un temps dans mon enfance où il y avait des histoires du soir, aujourd'hui ce sont des histoires pour boire. Au lieu de me permettre de n'avoir plus peur du noir elles font que je broie du noir.
Oui je suis amoureuse d'un homme déchu, oui je souffre de cinquante nuances de verres, oui je veux m'en sortir.
Non je ne veux pas renoncer à l'amour pour cet ange meurtri, non je refuse de souffrir par la faute de cette maîtresse diabolique, non je ne veux pas partir.
Je vous lis depuis longtemps, vous qui souffrez du diable alcool; que cela soit ceux qui se sont fait happer dans ses méandres que ceux qui la combatte. J'y ai cherché des armes pour me battre, des mots pour soigner, des histoires pour espérer encore, encore un peu, beaucoup puissamment jusqu'à la folie.
Mon ange est un homme merveilleux, ils le sont souvent. C'est un homme qui souffre, ils le sont toujours.
Deux ans de haut à toucher le ciel et de bas à mordre l'enfer. Deux ans d'espoir et de déception. Deux ans de dialogue et de silence.
Parfois loquace, l'alcool à ouvert des portes; parfois renfermé, l’alcool à muré les fenêtres. Il ne nie rien, il ment un peu, il n'est violent qu'avec lui même, il me détruit un peu.
Sa vie n'est que déboire, son estime de lui même est fracassé, il ne sort pas de ses souffrances passés qui font de son présent un feu ardent calmé par une boisson de feu pour quelques heures et la torture le reste du temps.
Il est malade, son foie ne suit plus, il va mourir, il le sait. Mais il continue à rêver d'un avenir où il serait heureux avec moi sans elle.
Elle cette maîtresse aux formes pulpeuses, à la voix de sirène, au gout acre et fort qui lui fait tourner la tête. Elle s'appelle vodka, bière ou whisky; peu importe qu'elle change de nom ou de couleur, il revient toujours à elle. Il la déteste autant qu'il l'aime; ils la quitte un temps puis la reprend, elle le manipule, le contrôle, en fait son pantin. Il lui trouve des excuses, se trouve des excuses. Elle lui a tout pris mais reste avec elle à tout prix.
Alors je paye, élément perturbateur dans ce couple maudit; il m'aime, je le sais, mais que vaut cet amour là contre cette maîtresse alcool, cette déesse toute puissante, froide et bonne comme une mère. Elle l'endort, le berce, le fait rire, le nourrit. Elle sait faire la garce.
Il a tout perdu, il ne s'en sort plus. Sa vie est un naufrage et je ne peux rien faire. Le sevrage est comme un éternel recommencement. Nous passons des moments au jardin d’Éden mais à chaque fois il retombe en enfer quand je ne suis plus là.
Sa vie recommencera peut être quand nous vivrons ensemble, ce peut être comme un espoir; mais ne sera-t-il pas trop tard.
Peut on reconstruire sur de la terre brulée à 90°; peut on réparer un corps usé?, peut on sauver un âme anéantie?. Dois je me battre au risque de tomber noyée dans une mer de larmes? Je n'ai pas de certitudes, personne ne pourra me conforter dans un choix ou dans l'autre.
Se battre, se laisser abattre, abandonner. Vous que je lis depuis des mois avez fait un choix ou l'autre mais c'est à chaque fois un choix de souffrances. L'alcool est un ennemi impitoyable qui rend des vies pitoyables. Pulsion de mort et d'ennui contre pulsion de vie et d'envie.
Suis je capable de le tirer de cela...de l'épauler..de l'accompagner.
Me suivra-t-il dans cette voie difficile? suivra -t-il ma voix pour retrouver son chemin de vie?
Ma guerre ne fait que commencer, pas de déroute possible, une trêve serait déjà un début de rêve. Si j'écrivais un essai je l'intitulerai Verre et Paix.
Merci à vous qui souffrez mais qui par vos écrits m'ont donné le courage de coucher ses mots. Chaque histoires est différentes, chaque souffrance est réelle, chaque combat une chance.