Bonjour, mon fils s‘alcoolise fortement et se met en danger. C‘est son troisième accident de voiture. J‘ai peur pour lui. Il n‘a pas l‘intention d‘arrêter. Comment faire?
Par Sunday
16/12/2023 à 09:59
Bonjour fc01,
votre fils est jeune. Il est à l'aube d'une nouvelle vie, celle de devenir adulte.
Il porte en lui comme chacun d'entre nous ses bagages. Dans certains il a de la force, de la joie de vivre, des amis, une famille, des qualités, des savoirs faire, des expériences positives, des choses que vous lui avez transmises et dont il saura réutiliser.
Dans d'autres valises, peurs, fragilités, souffrances, déceptions, frustrations, douleurs, souffrances, doutes, incertitudes sont contenues.
Comme tout à chacun bien sur. Mais ces dernières valises pèsent lourds actuellement pour lui. l'alcool, dans ses vapeurs, lui font oublier, volatilise temporairement quelques kilos de ce poids, pansent ses blessures.
L'alcool, dans ses travers donnent l'illusion que tout va bien, que l'on gère, que la consommation n'est pas si excessive, les accidents pas si graves jusqu'au jour ou....
Votre fils a de la chance de vous avoir. Car il a un parent et probablement un entourage qui s'inquiète pour lui.
Etant ancienne consommatrice, je ne peux que vous conseiller d'ouvrir le plus possible le dialogue, de maintenir le lien, de lui faire part aussi de temps à autre de vos inquiétudes, de lui mentionner qu'il risque sa vie et celle des autres mais surtout, de ne pas vous embarquer dans un discours moralisateur.
Votre fils sait au fond de lui qu'il "merde". Votre fils se cache derrière tout un tas de raisons, d'explications ou de fuites. Car l'alcool est plus fort que tout actuellement. Mais il a une chance qu'il ne mesure pas encore. C'est que derrières son tas de valises pourries, il a constitué des bagages sains, qu'il a un entourage qui est la pour lui et des dispositifs thérapeutiques qui pourront l'aider.
Votre fils est jeune. Votre fils est majeur. Votre fils est responsable malgré son irresponsabilité. Vous avez le devoir de le protéger quand il est alcoolisé sous vos yeux et qu'il veut prendre un véhicule, mais vous ne pourrez pas et ne devez pas à mon sens être omniprésente.
Prenez contact avec des professionnels (médecins, appel de numéros spécialisés tels que "alcool-info-service).
Je suis maman, il n'y a rien de pire que de voir son enfant se faire du mal mais croyez moi au non, le soleil finit toujours par briller.
Prenez soin de vous.
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Par fc01
23/12/2023 à 09:28
Bonjour Sunday,
merci pour votre message qui m'a beaucoup touchée.
Je suis touchée que vous aillez pris le temps d'écrire cette longue réponse et par la justesse de vos propos.
J'avais besoin d'un tel discours.
Pour l'instant mon fils rejette toute proposition, ce n'est pas facile à vivre. J'ai l'impression qu'il me glisse entre les doigts et ses propos peuvent être blessants.
Je vais en effet demander conseil au centre d'addictologie de ma ville pour pouvoir le soutenir du mieux possible et me préserver par la même occasion.
Encore merci à vous.
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Par Mam44
02/01/2024 à 22:13
Bonjour,
Je me retrouve dans ce que vous racontez dans votre discussion. Mon fils ainé a 24 ans et j ai souvent pensé qu'il était alcoolique mais je n'ai pas voulu y croire..,il a commencé vers 18 ans à sortir entre copains et bossant dans le bâtiment, l'alcool était facile. Il a vécu un gros traumatisme à l age de 10 ans. Sa petite soeur a été renversée par un car devant ses yeux et a été longuement hospitalisée pour guérir et remarcher. J'ai cru qu il allait bien car il cachait les choses et c'est à sa 1ere tentative de suicide à 19ans que j ai vu la réalité. Les psy l'ont laisse sortir au bout d'1 semaine et l'alcool a continué de couler....1 an plus tard, nouvelle tentative et hospitalisation sans suite....et enfin, pendant le confinement du COVID en mars 2020, il a refait une tentative de suicide à quelques mètres de l accident de sa soeur, en voiture, très alcoolisé. Il a été hospitalisé plus de 7 semaines mais son problème à l alcool n a pas été résolu. Aujourd'hui, à 24 ans, c'est pire mais il a enfin accepté la nécessité de se faire aider psychologiquement et physiquement. Il a une copine depuis 3 ans et depuis 6mois, ils partagent un appartement. Je pensais que cela irait mieux mais en fait, si la personne n'est pas en phase avec son problème d'addiction, rien n'avance. Il a fallu qu'il retombe très bas et que sa compagne nous appelle pour mettre des mots sur sa maladie et qu'il comprenne qu'il allait tout perdre. Je souffre de cette situation car notre famille a vécu un drame avec ma fille qui n'a connu que des hôpitaux, des séances de kiné, des visites chez le chirurgien, le neurologue mais qui est vivante et qui s est battue pour vivre et marcher , puis un divorce 2 ans après l accident car cela perturbe le quotidien d'1 couple et maintenant, depuis 5 ans, l enfer de l'alcool et de la dépression chez mon fils qui me hantent. Je me dis qu'il peut lui arriver le pire, qu'il va tout perdre et que je ne serai pas capable de le récupérer encore une fois car je n'en ai plus la force. Je l'ai aidé dans ses démarches pour commencer une cure en centre, nous attendons une réponse.....je mets tous mes espoirs sur cette cure et le suivi psy. J ai peur, peur qu il ne soit pas accepté, peur qu'il n y arrive pas, peur que sa vie soit un enfer alors qu il a un métier, des amis, un toit, une compagne....Je suis fatiguée de ses mensonges, de ses promesses mais c'est mon fils et je dois être présente pour le guider encore. Je suis tiraillée entre le laisser faire seul et le guider...Parfois, je me suis même mise à penser que ce serait plus simple qu il ne soit plus là et je trouve cette pensée horrible.
Voilà, je suis une maman à bout de cet alcoolisme qui détruit tout et qui aimerait échanger pour savoir ce que je dois faire ou pas. Merci pour vos conseils.
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Par Sunday
03/01/2024 à 11:44
Bonjour Mam,
Je ne peux rester insensible à votre message.
Votre dernier paragraphe représente bien le dilemme dans lequel vous êtes placé. Le soutenir ou vous préserver.
A la lecture de votre écrit je vois une femme soucieuse de ses enfants. Qui fait tout ce qu'elle peut pour eux.
Mais vous ne le faites pas seule. Vous les entourez de professionnels du milieu de la santé. Non sans joie car a mon avis vous vous serez bien passé de tout cela. Mais vous savez, s'appuyer sur quelqu'un n'est pas une démarche évidente. Alors pour commencer j'ai envie de vous dire! Je vois que votre fils n'est pas seul. Et vous pouvez vous en féliciter. C'est bien beau tout ça sunday! Mais il a fait plusieurs tentatives de suicide et le problème demeure. Oui. Mais reconnaissez déjà ce point. Malgré sa souffrance profonde et intense vous êtes parvenue a l'entourer de professionnels. Vous etes parvenue par votre bienveillance et votre soucis de son bien être, avec l'aide de professionnels et grâce a son cheminement à lui faire reconnaître qu'il devait se faire aider. Et ça, c'est EXTRÊMEMENT important !
Je lis qu'il n'est resté qu'une semaine à l'hôpital au moment de sa première tentative. Je comprends 'trop peu' selon vous quand on voit la suite des évènements. Et rebelote de nouvelles TS. Mais il attend une place pour un sevrage. Dans son auto destruction il avance. Par petits pas. De géant vous le souhaiteriez mais ce sont des pas de fourmis. Car s'il a été capable de s'infliger autant de souffrance, il ne faut pas oublier qu'il en a subit aussi. Vous le dites bien. C'est un énorme traumatisme cette scène de voir sa soeur se faire percuter du haut de ses 10 ans. Lui, ce grand frère qui était impuissant. Témoin de ses blessures, vivant la peur d'être en train d'assister à la mort de sa sœur. Lui qui n'a pas su la protéger .témoin par la suite de la douleur de sa famille. Témoin d'un divorce dont il se croit peut être a l'origine.
Il a vécu cet accident et n'a rien pu faire. Que pouvait il faire ? Courir jusqu'au Car tel un héro dans un film et prendre la place du chauffeur pour éviter ce drame? Bien sûr que non. Il était juste impuissant et... Témoin. Victime collatérale.
Est ce que sa soeur ou vous même lui avez signalé qu'il n'y est pour rien?
Alors sans doute que ce poids de la culpabilité est trop lourd. Et que l'alcool vient l'alléger et la TS régler ses sentiments, ses souffrances. Au moins il n'y a plus rien à supporter.
Vous vous le dites vous même. Honteuse d'ailleurs. Mais vous n'êtes pas vos pensées. Vous souhaitez que toutes ces souffrances cessent. Pour lui, pour votre fille, pour vous.
La restauration de la confiance, de l'estime de soi, prennent du temps lorsqu'elles ont été mises a mal. Il saura s'appuyer sur l'aide qui lui est proposée. Sachez aussi qu'il saura probablement la détruire de temps à autres car il devra se reconstitué un monde nouveau où il devra faire des choix et renoncer a certaines choses. Parfois replonger permet de retrouver des repères et des sensations connues. Aussi étrange que cela puisse paraître. Je crois comprendre que vous misez beaucoup sur ce sevrage. Vous avez raison de croire qu'il va lui permettre de poursuivre ce processus de guérison mais prudence. La route est encore longue et de multiples chemins se présenteront a lui. Comprenez qu'il s'agit de sa route. Vous êtes a ses côtés mais il fera ses propres choix. Malgré les évidences frappantes que vous constaterez. Il va habiter son corps le connecter a son cerveau et avancer a son rythme.
Je ne peux que vous encourager a l'encourager et surtout à identifier et à valoriser chaque victoire; Repérer les petits bonheurs de la journée pour ne pas laisser trop de place à ce quotidien anxiogène. Ces petits bonheurs qui deviendront plus grands.
Trouvez votre juste place dans ce soin. Tantôt à ses cotés, tantôt loin de lui. Finalement, n'est ce pas ça notre rôle de parents? N'ayez pas peur Mam. Faites vous confiance. Faites lui confiance aussi malgré les mensonges qui font partie de l'addiction. Votre fils a su construire malgré ce contexte. Il aura l'aide qu'il faut grâce a son entourage et ses propres choix. Vous avez le droit de lui dire votre peur pour lui et votre soutien.
N'oubliez pas de vous préserver et vous appuyer vous aussi sur l'aide des professionnels. Et rappelez vous: votre fils n'est pas seul.
Croyez moi ou non le soleil finit toujours par briller.
Prenez soin de vous.
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