Bonjour,
J'ai enfin pris la décision de partir. Cela faisait déjà quelques années que ça me travaillait, et comme beaucoup de mamans sur le forum, les enfants ont été un motif pour rester.
Je l'ai rencontré très peu de temps après mon divorce, il y a 12 ans. Disons-le clairement, ce ne fut pas le coup de foudre, mais il y avait quelque chose en lui qui m'apaisait.
De son côté, il venait également de vivre une rupture difficile.
Il avait un groupe d'amis, était très social, et avec lui, c'était souvent la fête. Cela ne m'a jamais choquée outre mesure, même s'il y avait souvent beaucoup d'alcool lors de ces événements (et cela continue actuellement).
Au début de notre relation, je l'ai parfois retrouvé complètement ivre chez lui. J'ai mis ça sur le compte de son passé et des blessures qui étaient encore présentes.
Nous avons assez vite emménagé ensemble, et c'est là que tout a basculé, insidieusement...
Le matin, c'était un homme charmant, serviable, attentionné, bref, le bonheur. Et le soir, ce n'était plus la même personne. Il dégageait toujours une odeur, mais pas celle de l'alcool. Je ne comprenais pas ce qui se passait. J'ai fini par lui demander s'il buvait, et là, comme vous vous en doutez, la réponse était non. J'ai commencé à me poser beaucoup de questions, mais pas sur lui, sur moi ! Je croyais vraiment devenir dingue, tellement son discours était ferme sur le fait qu'il ne buvait pas.
Je soupçonnais des problèmes d'argent aussi, mais sans plus.
Nous avons décidé d'avoir un enfant. Pendant une année, rien... Puis finalement, je suis tombée enceinte, et là les ennuis ont commencé.
Il m'avait bien caché ses problèmes d'argent. Je l'ai finalement surpris bouteille à la main... difficile de nier son problème. Mais voilà, j'étais enceinte, nous avons donc décidé de faire une thérapie de couple.
Cet enfant, je l'avais tellement désiré que je n'imaginais pas avorter, et partir pour élever un enfant seul n'était pas du tout le schéma familial que j'avais imaginé.
On avait un accord avec le thérapeute. Dès que j'avais un doute sur sa consommation, il devait faire un alcotest pour me rassurer que j'avais tort. Sauf que, dès que j'avais un doute, il n'avait plus d'alcotest, il ne voulait pas le faire car il n'avait de toute façon pas bu. Un jour, il en a fait un qui était positif. Il m'a évidemment soutenu que des alcotests défectueux existaient.
Bref, bébé 2 est arrivé très vite, car j'avais peur de recommencer cette interminable attente, et puis c'était ce que nous voulions depuis le début. Après tout, nous avions également décidé de tout faire pour sauver notre couple.
Le reste de l'histoire, on peut la résumer, c'est toujours le même schéma. Il n'a jamais arrêté de boire, sauf il y a un an et demi. Il est resté abstinent une année, s'est investi dans les groupes des enfants, à l'école, bref, tout le monde l'appréciait.
Il a cependant perdu son emploi en avril. Il a attendu d'en retrouver un pour me l'annoncer : "je ne t'ai rien dit pour ne pas que tu t'inquiètes".
Il a eu de la chance, il a signé un contrat d'emploi stable et avait une bonne situation. Et là, contre toute attente, il s'est remis à boire, à prendre des antidépresseurs, à être absent au boulot sous certificat médical.
Il a finalement perdu son emploi au mois d'octobre. Il me l'a annoncé la veille de devoir rendre la voiture de société au mois de novembre.
Aujourd'hui, il n'a plus rien, pas droit aux allocations de remplacement, plus de voiture, et ses problèmes d'argent ont été tellement loin que la maison va être vendue.
J'ai décidé de dire stop. Psychologiquement, je ne tolère plus sa maladie. Il continue à boire et à avoir cette double personnalité, c'est devenu épuisant à gérer.
La vie en famille n'est plus que cris et reproches. Les enfants en souffrent, moi aussi, lui aussi.
Alors évidemment, ce qui arrive n'est pas de sa faute, c'est parce que... parce que plein de choses, mais pas à cause de l'alcool.
Il est dans le déni complet. Il est surendetté et nous tire avec lui dans sa chute. Il reste convaincu que la situation n'est que provisoire. Il a toujours nié ses problèmes, ou du moins, il avait toujours des solutions.
Aujourd'hui, j'ai décidé de partir, de retourner chez moi après 12 ans, et de toutes façons, il ne veut pas me suivre et me reproche de retirer les enfants de leur environnement en les changeant d'école.
Il n'admet pas que nous n'avons pas les moyens de nous loger où nous sommes actuellement. J'ai refusé d'acheter une maison avec lui car il est instable et que je suis déjà propriétaire. Il m'en veut pour ça. Il veut louer une maison ici, mais il n'a pas de revenu, et une location coûterait au minimum le double de mon crédit hypothécaire.
Maintenant, il me menace de me mettre à la porte et d'accélérer la procédure pour la vente de la maison, alors qu'on pourrait faire en sorte que les enfants terminent leur scolarité ici.
Bref, la vie ici est devenue un véritable enfer depuis 2 semaines. Évidemment, ici personne ne sait rien, et il est aux yeux des autres parents le chouette papa qui s'investit, sauf qu'il nous a plongés dans la précarité, et ça personne n'est au courant, sauf nos familles respectives et certains de nos amis de plus longue date.
On aurait pu s'attendre à ce qu'il fasse un peu plus dans la maison, vu qu'il ne travaille plus, pour la garder propre, mais non, même ça, il ne le fait pas. Il se laisse vivre.
Demain,
nous avons rendez-vous chez notre thérapeute. Il a passé son après-midi à repasser, n'a pas bu jusqu'à présent, il pourra se vanter demain d'avoir aidé dans les tâches ménagères, alors que je ne fais rien (oops, sauf travailler pour rentrer de l'argent et annuler mes congés de fin d'année pour ça).
Les prochains jours, les prochaines semaines et les prochains mois seront compliqués, mais après avoir écrit ces nombreuses lignes, je suis convaincue de faire le bon choix.
Cette relation avait pour fondation un mensonge, un non-dit, et je m'en veux terriblement d'être restée alors que l'évidence sautait aux yeux.
Mon ressenti aujourd'hui, et c'est malheureux, c'est qu'un alcoolique est une cause perdue et un manipulateur. Évidemment, il y aura toujours des exceptions, mais elles sont si peu nombreuses...
Merci à celles et ceux de m'avoir lue.