Encore une soirée de débordement, d'insultes, de provocations et de remise en questions. Mon premier reflexe dès que je me retrouve seule ce matin, prendre mon carnet et écrire, me décharger de tout ce que lui a décharger sur moi. Aujourd'hui c'est sur ce forum que je vais décharger. Ce n'est pas la première fois que je post et donc j'ai décidé de continuer parce que d'être lu me fais me sentir moins seule et moins folle.
Cette soirée se passe comme toute les autres, dans le sous sol de chez lui. Lui debout à boire des canettes de bières, et moi assise sur une chaise où je n'ai pas envie de poser mes fesses. Pourquoi ? Parce que cette chaise c'est sa chaise à elle. Elle, c'est sa collègue, la fille avec qui il s'est mis en couple quand un jour où j'ai dis "stop, je ne veux plus te voir, je dois me protéger". Cette fille est vite parti et lui est vite revenu. Et moi... il savait très bien que la porte était grande ouverte, s'est à peine si il a pris le temps de toquer.
Les canettes passent, il n'en a plus, j'ai un soupir de soulagement. Je vais cuisiner, ça me détends, et il faut bien manger! Je ne me rends compte de rien, il fouille mon sac et prend mes clés de voiture : direction la superette, ce petit commerce de proximité qui reste ouvert une fois les magasins fermés et avec comme clientèle des soiffards avinés en manque de leur dose d'alcool.
Les litres de ce poison continuent de couler dans son organisme et lui monte au cerveau. Et la voilà, cette gorgée de trop qui le fait chavirer. Cette gorgée qui le fait passer d'un état con mais pas méchant à cet homme agrèssif et répugnant.
Bienvenue en enfer. Quand j'imagine l'enfer je vois un diable rouge avec des cornes sur la tête, son trident à la main, dansant autour des flammes. Non, c'est de la fiction tout ça. Mon enfer c'est une homme qui me répète inlassablement les mêmes propos en boucles avec ce ton de colère dans la voix. Mon enfer c'est cet homme qui vient me réveiller quand j'essaie de dormir, avec une forte lumière dans les yeux et de la musique à fond dans les oreilles. Il ne danse pas, il titube.
Dans mon enfer, je reste calme et posée. Tel le diable qu'il est, il me pique, non pas avec son trident mais avec ses mots aiguisés et choisis, il est doué pour ça. Je ne relève pas, mais il a plus d'un tour dans son sac et sort son arme la plus blessante : cette fille. Il sait à quel point ça me blesse, encore plus que les insultes, les menaces et le rabaissement.
C'est à ce moment seulement, que je commence à prendre conscience de moi et à suivre les conseils de ma psy, à essayer de me reconnecter à moi, à l'être humain que je suis et non un objet. Ce soir là je pensais à la colère. Ma psy m'avais demandé si je ressentais de la colère envers cet homme ? Je lui ai répondu droit dans les yeux que non.... Sérieusement, qui ne pourrait pas ressentir de la colère dans une telle situation? Bien sur que si je ressents de la colère, c'est juste que je ne l'exprime pas, je la garde en moi. Alors je l'ai laissé sortir car elle est légitime. Et oui, je sais maintenant pourquoi je ne la laissait pas sortir! Quand elle sort, l'alcoolique que j'ai en face de moi ne le supporte pas et la seule réponse qu'il trouve face à ça c'est la violence. Pour calmer tout ça, le seul moyen que j'ai trouvé est de m'écraser, de m'oublier, de redevenir un objet en attendant qu'il s'endorme.
Le lendemain matin il ne se souvient de rien, moi je me rappelle tout. Il me parle comme si de rien n'était, comme si nous avions partager un bon repas devant un film culte. La réalité c'est qu'on a rien partagé et que ce film c'est un putain de thriller psychologique. Vous voyez Jack Nicholson dans Shining? C'est un mélange de ça, d'alcool et de jte rends dingue en te parlant de cette fille.
Et me voilà donc entrain d'écrire, à me demander comment je supporte ça ? Pourquoi je n'arrive pas à partir? Les paroles de ma psy et de mes proches à qui j'ai pu me confier résonnent dans ma tête. Surtout ne pas culpabiliser, ok c'est pas grave, petit à petit j'y arrverais.