Bonjour
J'ose franchir le pas de venir ici pour comprendre et partager avec vous.
Mon conjoint est alcoolique depuis le début de l'âge adulte. Difficile d'expliquer pourquoi je n'ai pas tilté plus tôt. Sans doute cette fâcheuse tendance à penser que tout est de ma faute, que je peux l'aider à en sortir, que ça va finir par s'arranger... Mon empathie naturelle m'a au final desservie. Je porte cette souffrance en moi depuis des années. Les ravages sur les enfants, sur moi, sont bien là. J'ai même voulu en finir il y a quelques temps, à bout de forces. 3 jours de coma, hospitalisation. Je n'avais pas compris que ma dépression venait de sa consommation et son comportement de plus en plus inquiétant, menaçant à présent.
Je me sens en danger permanent. Que faire ? Partir, oui. J'ai essayé. Et j'ai réalisé qu'en plus d'être victime des comportements abusifs de mon mari, je me retrouvais à la rue, ne sachant où aller et sans ressources ou presque. Je mesure l'emprise subie. J'ai perdu mon travail pour le suivre, mes amis, ma famille. La honte de ne pas oser dire, j'ai tout pris sur mes épaules. Jusqu'à vouloir en finir.
Quant à mon époux, sa consommation recommence à monter en flèche. Impossible de dialoguer, je me fais des films, je suis folle, j'invente... Vous connaissez çà. J'ai appelé à l'aide des spécialistes, mais j'entends chaque fois les mêmes réponses. Ca n'est pas lui qui parle, c'est sa maladie. Le pauvre ! Et moi, ce que j'endure, ça s'appelle comment ?
Le déni, le mensonge, la manipulation, le vol, les menaces, les comportements sexuels dégradants, le chantage, je n'en reviens pas d'avoir subi çà toutes ces années. Le pire est que peu de gens se doutent de ce qu'il se passe. Ca n'est que dans " l'intimité ", le huis clos que c'est l'horreur. Au mieux, le silence pesant, l'évitement, la fuite et au pire, un déversement de blessures de plus en plus dures à cicatriser. Chaque fois, l'alcool est présent.
Comment faire pour tenir ? La prise de conscience est un premier pas. Mais sans une aide efficace, familiale, amicale, rien n'est possible. Comment se reconstruire après des années de culpabilité, de honte, de doutes ?
Merci pour vos témoignages, ça "rassure" et ouvre les yeux aussi. Courage à toutes et tous. Prenons soin de nous malgré tout.