Bonsoir,
Après près de 17 ans de vie commune avec mon conjoint alcoolique, une séparation s'est imposée, temporaire ou définitive, je ne sais pas. Je suis perdue, je n'arrive plus à prendre de décision ferme, je me sens vide.
L'alcool a toujours été présent dans notre vie, de façon festive à la base. Mais les années passant, je me suis aperçue que mon conjoint buvait souvent seul, en présence des enfants. Et quand je rentre du travail, le tableau n'est pas beau: difficultés d'élocution, regard vitreux, instabilité, perte de patience... et de mon côté, sentiment d'insécurité pour mes enfants, un dégoût de mon conjoint qui s'installe, et pas l'envie de communiquer.
Les enfants ont grandi dans cet environnement, pour eux l'apero, c'est tous les jours! En grandissant, ils ont pris conscience du problème de leur père, à tel point que même eux lui disait qu'il buvait trop, qu'il se servait des doses trop grandes, etc. Ils ont à présent presque 12 ans et 15 ans. Les regards désespérés qu'ils me lançaient quand je rentrais du travail un soir où leur père avait trop bu!!! Mon grand m'a même reproché de ne rien faire, de ne rien lui dire. Alors que si!
A plusieurs reprises je l'ai mis en garde sur son addiction, sur le fait que c'était en train de détruire tout, la famille, mon amour pour lui. A chaque fois il me promettait de calmer le jeu, de faire attention à ses doses, de ne plus boire seul en présence des enfants. Je l'ai cru, je suis restée, et j'ai ramassé à chaque rechute ma claque dans la gueule (image, car il n'a jamais été violent physiquement). À chaque fois je pensais que c'était la bonne, qu'il ne pouvait pas me dire qu'il avait bien pris conscience du problème sans mettre en place un travail solide de reconstruction. Eh ben si! Et rebelote, et moi patatras, je me recasse la gueule...
Depuis plusieurs mois, (années ?), j'avais pris de la distance, mon désir pour lui s'est réduit, comme mon amour, que je vois piétiné et maltraité pour ces luttes incessantes sans résultats. Bien évidemment, il me reproche cette distance physique, pense que j'ai quelqu'un d'autre, s'apitoye sur son sort quand il a trop bu, devient parano...
Nous avons récemment eu une longue discussion, posée, sur tout ça, à cœur ouvert. C'était agréable de pouvoir se parler à nouveau de façon libre. Je pensais que suite à ça, ça changerait. Il m'avait dit qu'il allait prendre contact avec le service d'addictologie pour avoir des conseils, se faire suivre... il ne l'a jamais fait.
Ce qui me fait mal, c'est tous ces mensonges, car ces derniers temps, II en était arrivé à me mentir sur les doses qu'il buvait,leur fréquence, à planquer des bouteilles à l'extérieur...
Jusqu'au soir de trop, il y a un peu plus de 2 semaines, quand mon plus jeune fils m'appelle à 20h (je finissais tout juste le travail, infirmière libérale) pour me dire "maman, quand est-ce que tu rentres? Papa est encore bourré, on n'a pas mangé et on a école demain "
Ça a été comme un coup de poing dans le ventre, un sentiment d'urgence absolue pour la survie de mes enfants, de moi-même.
En rentrant, je lui ai seulement dit "c'est terminé, je n'en peux plus, je ne veux plus te voir"
Ça a été un déclic pour lui. Durant une semaine, nous avons fait chambre à part. Il s'est pris en main, va toutes les semaines à un groupe de parole, a pris conscience des dégâts que son comportement avait engendré, et entamé un chemin de reconstruction.
Je l'admire pour tout ce qu'il a mis en place en très peu de temps pour lui, pour nous, pour la famille. Seulement moi,je suis au bout, épuisée, sans savoir par quel bout me prendre pour avancer. Pour lui, il a suffit d'une décision, et hop! Il arrête de boire, en y mettant tout de même des nuances: il se voit capable de boire juste un verre de vin en soirée, que si c'est du bon, pour goûter, ou boire UNE bière devant un match avec des potes. Son gros souci étant la non limite...
On s'est dit qu'on allait essayer de se retrouver, de se recharmer, mais je n'y arrive pas, les images que j'ai de lui ne sont pas belles...
J'ai beaucoup d'affection pour lui, mais j'ai l'impression que mon amour pour lui est tellement ratatiné qu'il ne pourra pas se regonfler...
Et puis, il y a eu un match, il y a quelques jours. Il a invité le voisin, qui ne boit pas ou très peu, à venir le regarder. Sauf que pour une fois, celui-ci a ramené des bières (il a fini par savoir à qui il avait affaire). Et mon conjoint en a bu une. De nouveau, coup de poing au ventre, car je ne m'attendais pas à ce que ce moment arrive si tôt après ses prises de décision et sa reprise en main.
Mais lui ne voit pas le problème, il s'en est tenu à ce qu'il a décidé, une seule bière.
Sauf que j'ai le sentiment que ma vie ne va être que peur de la rechute, flicage, et je n'ai plus l'énergie pour ça.
Il voudrait que j'avance plus vite dans ma reconstruction, mais j'ai beau lui expliquer que pour moi, ce sont des années de luttes, de déception, d'humiliation, de honte que je dois travailler, il voudrait que je soit encore là, douce et accueillante, je n'y arrive plus.
Nous avons décidé, dimanche, d'une séparation temporaire, le temps que je puisse y voir plus clair sur mon amour pour lui et ma capacité à l'aimer à nouveau pour ce qu'il devient, d'après lui: un nouvel homme.
J'avoue être complètement perdue. Nous avons bien expliqué la situation aux enfants, qui sont très peinés de voir leur père partir de la maison...
Je ne sais plus quoi faire, et ai l'impression de ne pas avancer dans mes réflexions, dans mon cheminement.
Auriez-vous des conseils, des astuces, svp?
Merci d'avance