Aujourd’hui, c’est dur.
Trois jours sans bêtises, ce soir ça fera quatre. Oui mais on est samedi soir. J’ai bien mérité ma petite bière non ?!?
Qui a eu cette idée à la con d’arrêter de boire ?!? Ah, c’est moi.
C’est moi qui ai décidé, au moins un mois, pour voir ! Et de m’inscrire sur ce forum… et aussi sur l’application « I am sober »…(merci à celui qui l’a mentionnée par ici !)
Parce que je sais bien qu’il n’y a pas de « petite bière », pour moi ! S’il n’y avait qu’elle. Mais souvent après, un verre de vin… Puis un autre… Et puis on passe à la vodka ou au rhum… Et puis on mange pour éponger… Après on se souvient qu’on est au régime. Alors on court aux toilettes…
…Les bêtises.
Je suis fatiguée de mes bêtises.
Bonjour à toustes, moi c’est Luciole, j’ai 43 ans…
Il m’a fallu quelques jours pour oser vous écrire. J’ai lu des témoignages sur le forum dans lesquels je me suis retrouvée, qui m’ont touchée. Je vis avec ma honte depuis si longtemps. Je suis tellement fatiguée de tricher, de me cacher… Finalement, vous lire m’a déjà fait un bien immense, je n’ai vu que des héros, des guerriers qui tombent, qui se relèvent…
Je suis alcoolique en déni depuis vingt ans et boulimique depuis deux ans.
Nul ne le soupçonne à ce point autour de moi.
Douche le matin pour éliminer toute trace de transpiration alcoolisée, parfum, crèmes, maquillage… Sport à outrance… Deux jours de break par semaine pour se donner bonne conscience… Souvent modérée en soirée, car c’est quand je suis seule que je bois le plus… !
La vie me rappelle trop souvent que personne ne partage plus ni mon lit ni mon ragoût… A part quelques aventuriers de passage que je ne veux plus voir dans les parages… « Sans amour on n'est rien du tout », chantait Edith Piaf…
Alors okay, la faille ne s’est pas ouverte quand je suis devenue maman solo, elle a presque toujours été là. Manque d’affection dans mon enfance, rejet ? Gamine, j’étais accro à la nourriture. Plus grande, ça a été le pétard. Puis s’est invité l’alcool.
J’ai gardé le contrôle comme j’ai pu, j’ai arrêté complètement de fumer (trop peur des tests salivaires!).
Le vin est resté. Ma tristesse aussi...
J’en ai fait du chemin tout au long de ma vie pour guérir de mes blessures, au fil des occasions…
C’est sans doute grâce à tous ceux qui ont semé des petites graines d’espoir et de bienveillance sur ma vie que j’en suis là ce soir, à vous dire que mes bêtises, je n’en veux plus, je n’en peux plus…!
Je veux la joie, et être fière de moi… !
Même si je n’ai pas trouvé l’amour de ma vie, j’y crois encore… ! Je ne veux pas attendre qu’il débarque pour arrêter de me consoler chaque soir, ou presque, avec la bouteille…
L’alcool, c’est mon doudou.
J’adore boire, et je ne pense qu’à ça, tous les jours… Que j’aie décidé de boire ou non… J’y pense, c’est ma carotte, c’est aussi le fer que je porte au pied et que je n’arrive plus à regarder…
J’ai arrêté il y a quatre jours, et ce soir vous écrire est salutaire, c’est comme attraper un train en marche, attendez-moi j’arrive!
J’aimerais tellement ne plus avoir à y penser, être pompette au bout d’une bière comme les copines, et parfois, passer trois semaines sans me rendre compte que je n’ai pas eu l’occasion de prendre un apéro…
Déjà deux mois que je suis au régime avec une application de nutrition merveilleuse qui a eu le mérite de me faire réaliser le nombre de calories ingurgitées à chaque verre : ça fait peur !! Pas étonnant que malgré mes efforts ce soit si long et lent de perdre du poids… !
Marre de me battre pour ne plus être bouffie le matin, marre de cette fatigue qui m’avale, comme si l’arrivée de l’hiver et le changement d’heure ne suffisaient pas, il faudrait aussi que je continue à m’empoisonner?
Aujourd’hui à l’escalade, je me suis vue remonter une voie que je ne pensais pas de mon niveau, galoper sur une autre, j’ai halluciné. Il m’a fallu du temps pour réaliser que je n’étais peut-être pas seulement en train de progresser… Peut-être que sans la cuite de la veille, la machine marche mieux… ?
Peut-être qu’en fait, mon doudou, mon moteur, ma carotte, c’est du caca moisi, un piège monstrueux dans lequel j’ai glissé, et que chaque jour sans lui, c’est un jour de gagné vers la liberté … ?
22h, vite au lit, avec un cachet pour dormir, tant pis!
Je vous remercie de m’avoir lue, d’être là, et je vous envoie plein de courage, autant que vous m’en donnez à vous lire… !!