la vie possible sans l'alcool ?

Bonjour,

J'ai un peu le même âge que vous, et je crois vos interrogations étaient aussi un peu les miennes.
Après des décennies de trop grosse consommation, qui allait en empirant, je suis totalement abstinent depuis 6 mois maintenant.

La situation s'est éclaircie pour moi (le « déclic ») quand j'ai compris que je ne pouvais plus courir après une modération illusoire. J'ai arrêté du jour au lendemain.

Pour répondre à la question : oui c'est possible d'arrêter, oui c'est aussi souhaitable.

Les bénéfices les plus immédiats sont sur le physique au sens large. Le corps dit merci : le foie est soulagé (progressivement sur les premières semaines, dans beaucoup de cas), le sommeil revient (après quelques semaines). L'esprit se libère : moins d'anxiété (après quelques mois), meilleure résistance aux contrariétés... Déjà pour ça, « la vie est belle ».

Ensuite, qu'est-ce que c'est que cette nouvelle vie sans alcool ? Ce qui m'a frappé en premier c'est le nouveau temps dont on dispose. J'étais très alcoolisé plus d'un jour sur deux, donc entre la consommation proprement dite, les lendemains pas clairs, j'étais plus de la moitié du temps sous l'emprise, et le reste était parasité par le ressassement, la culpabilité, etc. Quand on arrête, après les premiers jours qui chahutent un peu, on a plein de temps libre. Le challenge est d'en profiter progressivement pas à pas, quitte à rester au calme, sans trop vouloir en faire. Là on entrevois que la vie sans alcool est une vie différente, on passe du carnaval permanent alcoolisé au temps long de l'ataraxie. Le corps est un bon allié, il va comprendre qu'il peut enfin revendiquer son quota de sommeil, orienter vers des choix de nourriture plus saine, demander qu'on prenne soin de lui (exercice, sport, relaxation). Moins d'angoisses, moins de hauts et moins de bas : la vie est différente, et une fois qu'on y a regoûté, on ne veut plus revenir en arrière.

Il faut quand même noter qu'on est un peu seul dans la démarche, dans un monde où le profil socialement valorisé est la personne qui boit mais qui boit modérément. C'est à dire qu'il est difficile d'expliquer aux autres qu'on ne boit plus du tout. Il n'y a pas de rôle modèle positif de ce genre dans la littérature, le cinéma ou la culture au sens large. Autant celui ou celle qui arrête de fumer peut le revendiquer et sera encouragé, pour nous c'est moins évident avec l'alcool. Il faut le savoir, quitte à fuir les occasions périlleuses, changer les habitudes. Et trouver d'autres façons de socialiser qu'au bistrot ou qu'autour d'un barbecue prétexte à picole...

Je dirais au final qu'il ne faut pas regretter le passé, ça ne sert à rien, mais que la vie sans alcool c'est bien. Ca vaut le coup d'essayer, même s'il faut plusieurs essais c'est pas grave.

Bon courage à vous.