On est le mercredi 19 août 2020. Il est 13h24. Ça fait 3h24 que je suis sobre. Je me suis préparé, j'ai même passé 2 semaines à ne penser qu'à ça ou presque. J'ai déjà fait 14 sevrages, mais celui-ci est nettement plus compliqué, car depuis la mort de ma mère, en 2018, ma consommation d'alcool est monté à des niveaux que je n'avais jamais atteint : 1 L de vodka / jour, par exemple. Si les autres sevrages n'étaient qu'une affaire de volonté, là, j'ai besoin d'aide médicamenteuse, anxiolytiques et vitamines. Et des tonnes de bouteilles d'eau fraiche dans mon frigo. J'ai dormi de 10h à 12h45, heure à laquelle j'ai pris un demi comprimé d’anxiolytique. Pour l'instant je suis dans un coton bienveillant, les tremblements, l'irritabilité et le mal-être que je connais quotidiennement depuis plusieurs mois quand je suis en manque ne sont pas là. Mais je sais d'après ce que j'ai lu que ça ne devrait pas tarder. Mais cette fois doit être la bonne : j'ai 55 ans, une femme merveilleuse à laquelle j'essaye, surement inutilement, de cacher ma dépendance, un métier que j'adore, une maison qu'on vient tout juste d'acheter. Je ne VEUX PLUS que l'alcool vienne se mettre en travers de ma route. Je continuerai à vous raconter ma traversée du désert du sevrage, puis mon ascension de l'Everest de la liberté, si jamais cela peut donner envie à un ou une autre esclave de cette saloperie de lever le poing et de sortir de la mine.
Par Anonyme
10/09/2020 à 13:03
Hello rewinder.
Très belle écriture pour ce journal émouvant et réjouissant.
Oui tu as retrouvé la liberté, la vie et l'amour (ceux pour et des autres , mais surtout l'amour pour toi-même, le self-love essentiel je pense dans un processus de "recovery" )
Alors je te répondais sur la discussion que j'avais créée le 17 août dernier, - bien en retard désolée - que j'étais tout à fait enthousiaste à l'idée de créer un groupe zoom de discussion non AA pour commencer .
Et créer un page FaceBook ou en rejoindre une ?
Je pense néanmoins que nous aurions besoin d'un professionnel de la relation d'aide pour encadrer le groupe. Qu'en penses-tu ?
Je suis très intéressée par ton expérience d'arrêt de 3 ans. Il est certain que quand on y pense l'avenir fait peur, même si le présent est rempli de fierté et de joie !
Je pense à aller sur la lune pour Noël, si la covid le permet. (hi hi ! )
Aujourd'hui, c'est mon premier anniversaire sans alcool depuis 31 ans (wtf ?!! ) .
Et hier mon premier concert rock sans alcool et sans clopes.. J'ai dansé et je me suis amusée et j'ai fais ma vaisselle en rentrant ! ha ha !
Je ne crois pas que l'alcoolisme soit une maladie ... et je serais ravie d'en débattre avec toi !
FORZA !!
bisettes
annette / 46 ans ce jour et sobre depuis 1 mois et 6 jours ! yeeepeee !!!
Bravi
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Par rewinder
16/09/2020 à 07:01
16 septembre 2020, 7h du matin. Dans 3 heures, cela fera exactement un mois que j'ai arrêté de boire. J'ai déjà écris dans les post précédents les très nombreux effets positifs, qui continuent. Le sentiment surtout d'être à nouveau le pilote de mon propre bateau. De pouvoir s'engager à faire un truc, et d'être sur de le faire. Toujours rien de définitivement gagné, bien sur, c'est même pour ça qu'à partir d'aujourd'hui, je passe au Baclofène de manière régulièer, 3 fois par jour. J'ai tenu mon petit pari intime, tenir un mois sans béquille, maintenant il faut que je tienne le reste des mois de ma vie, et pour cela, je vais m'aider avec la chimie.
Pour Annette From Mars : OK pour le groupe Facebook avec un professionnel de la relation d'aide. Et surtout, j'aimerais que tu développes la différence que tu conçois entre maladie et addiction. Je n'ai pour ma part aucun a priori, si ce n'est que je ne veux plus du discours moralisateur disant que l'alccolisme est un "défaut de fabrication" chez nous. C'est pour cela que je parle de maladie, de quelque chose qui se soigne, se domine, n'est pas une fatalité.
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Par rewinder
24/09/2020 à 14:08
Aujourd'hui, 1 mois, 1 semaine et 1 jour que je ne bois plus. Hier, pour la première fois, j'ai eu une vraie grosse alerte, et encore aujourd'hui je suis sur mes gardes. Je vous raconte.
Je suis musicien amateur, batteur dans un groupe de punk. Nous n'avions pas répété depuis le 15 aout dernier (date à laquelle je m'étais mis en l'air à la sauce XXL). La répét se passe chez l'un d'entre nous, dans un studio bien aménagé, avec console de mixage, une sono, deux ordis pour nous enregistrer... un frigo et une pompe à bière.
Une parenthèse ici pour vous raconter que j'ai pris la première cuite de ma vie à l'occasion d'un concert : je jouais avec des zicos professionnels qui m'intimidaient beaucoup (j'avais 15 ans) et la peur me paralysait. Pendant les balances, le mec qui était aux claviers est allé me chercher un coca avec un truc dedans. Cinq minutes après, j'étais nettement plus détendu... C'était du sky qu'il y avait avec le coca, bien sur. Depuis cette "première fois", l'alcool est associé pour moi à la pratique de la musique, comme à la lutte contre le stress.
Donc, hier, première répét depuis un mois et demi, première répét depuis que j'ai arrêté de boire. En arrivant au local, je tombe sur le gratteux, avec un demi à la main. Là, ça m'est tombé dessus comme la peste : une envie de boire, viscérale, violente. Je l'ai maitrisée. Elle est revenue à plusieurs reprises dans la soirée - d'autant plus qu'il y avait sur le bar une bouteille de coca et une autre de whisky...- mais j'ai tenu bon. Par contre j'étais d'une humeur de pitbull. J'ai monté le volume des retours(enceinte personnelle de chaque musicien) pour me "saouler de son", et j'ai cogné comme un bucheron, et c'est passé.
Ou presque, car ce matin, en allant faire les courses, j'ai soudain été repris par l'envie d'acheter une bouteille, de replonger. Il y a quelques minutes à peine, alors que j'étais en train d'écrire ce post, c'est à nouveau revenu. J'ai eu recours à une de mes "manoeuvres de reprise de contrôle", à savoir un simple exercice de respiration, pendant 2 minutes. Et j'ai repris le contrôle.
Voilà, je voulais raconter cela, d'une part car je veux que ce "journal de liberté" puisse peut-être aider quelqu'un à décrocher à son tour, en lui disant que l'ennemi peut se planquer au coin d'un bois, et te sauter à la gueule à n'importe quel moment. Mais aussi parce que raconter aux autres comment je me bats et je me débats avec cette dépendance, c'est aussi un moyen de sortir du huis-clos entre moi et elle.
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Par Modérateur
24/09/2020 à 16:09
Bonjour Rewinder,
Merci pour votre journal et tous ces partages remarquables. Je tiens à vous dire que vous êtes lu et nul doute que d'autres personnes trouveront l'inspiration auprès de vous.
Ce que vous décrivez ci-dessus montre de manière frappante combien, même à des années de distance, des situations similaires peuvent déclencher l'envie de boire. Vous avez été confronté à un contexte vous rappelant votre initiation à l'alcool et ce qui fut finalement le début de votre apprentissage avec cette boisson.
Mais vous avez su garder le contrôle et cela montre que vous faites vraiment un beau travail sur vous-même et que vous avez de la ressource. Dans les jours qui viennent l'envie de boire va peut-être vous tarauder effectivement - un déclencheur d'envie ancien et bien ancré a été réactivé - mais en continuant à le dominer vous aller le décourager.
Je crois qu'en sortant de cette épreuve vous serez encore plus fort (mais restez vigilant).
Vous avez du courage et de la force mais néanmoins permettez-nous de vous encourager encore plus. Vous avez tout notre soutien et notre reconnaissance pour venir tenir ici votre journal en toute sincérité.
Bien cordialement,
le modérateur.
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Par rewinder
24/09/2020 à 17:45
Bonjour Modérateur,
Merci sincèrement pour votre message. Vos encouragements, votre bienveillance dénuée de jugements me touchent, et me font du bien. Cela me fait également prendre conscience de quelque chose, qui est à la fois "négatif" et "positif" (je mets des guillemets car je crois en fait que tous les faits comportent à la fois une dimension négative et positive, mais bon, on n'est pas là pour faire de la philosophie de supérette dont je vais arrêter de ce pas de m'interrompre moi-même...)
Ce dont j'ai pris conscience, c'est que la réussite actuelle de ma désintoxication est liée au fait... que j'essaie de me désintoxiquer depuis 2002, soit depuis 18 ans. Avec, comme je l'ai déjà écrit plus haut dans ce journal, des moments de réussite, et des échecs. Or, ce sont en grande partie ces échecs, que j'ai cherché à comprendre, à analyser, qui sont à la source de ma réussite actuelle. Toutes ces tentatives précédentes n'ont pas été inutiles, elles n'ont pas été du temps perdu. "Connais-toi toi-même", disait le père Socrate (ah, saperlipopette, le retour du philosophe de supérette...)
C'est la raison pour laquelle je dis que tout cela est autant positif que négatif : OK, il m'a fallu 18 ans pour me bâtir une solidité qui me permette aujourd'hui de m'en sortir ; mais cela veut dire aussi que MEME AU BOUT DE 18 ANS de tentatives avortées, il est toujours possible de réussir. Il n'y a pas de fatalité. C'est cette folle certitude qui est, aujourd'hui, ma meilleure "arme de construction massive" contre les petites voix perfides de ma dépendance.
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Par Anonyme
24/09/2020 à 19:14
un enorme bravo a toi Rewinder. tu as déja 50% de réussite avec ta decision de l'arret . moi c'est ce que je me dit tous les jours apres 3 mois d'arret. tu verra, il y a des caps,c'est normal parait il, il ne faut pas craquer , chaque jour est une victoire et une liberation . c'est un pur bonheur de revivre n'est ce pas? bon courage a toi. tu vas gagner
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Par rewinder
25/09/2020 à 12:33
Merci Belitt, bravo à toi aussi. Oui, c'est un vrai bonheur de revivre, d'être à nouveau fier de soi-même. Je savais déjà pour les caps à passer, ayant fait déjà plusieurs tentatives d'arrêt. Mais celle-là est la bonne, je le sens au plus profond de moi.
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Par rewinder
29/09/2020 à 07:22
Hier, après une journée normale, je me suis endormi comme une masse à 22h30, et ce matin je me suis réveillé à 6h30 ! J'AI DORMI 8 HEURES, d'une traite, sans rien prendre pour m'aider à dormir. La dernière fois que ça m'était arrivé, c'était.... pff, je sais pas, genre au 14e siècle... J'ai une patate à faire décoller la fusée Ariane à coup de pied au c... Allez, hop, Champomy pour tout le monde, et Tourtel pour les autres !
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Par Modérateur
29/09/2020 à 09:50
Bonjour Rewinder,
C'est un progrès significatif que vous vous devez à vous-même. Bravo !
Le modérateur.
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Par rewinder
29/09/2020 à 10:23
Salut Modérateur,
Oui, je me le dois à 95% à moi, mais à 5% aussi et à mes confrères et consoeurs en lutte contre la dépendance, pour les encouragements qu'ils m'ont prodigués ici. Et à vous, l'équipe d'AIS, grâce à laquelle j'ai préparé mon sevrage, au début du mois d'aout, par le biais du chat, et à vous, anonymes modérateurs/trices qui m'encouragent régulièrement. 5%, c'est peut-être pas beaucoup, mais sans ces 5%, j'aurais pas atteint les 100%...
Je m'en suis rendu compte la semaine dernière, quand j'ai eu un coup de moins bien après la répétition de mon groupe : les petites voix tentatrices ont disparus après votre message. Je les aurais peut-être bien fait disparaitre moi-même, mais ça aurait pris un peu plus de temps. Il n'y a pas de PETITS coups de pouce, y'a que des coups de pouce TOUT COURT.
Donc, donnez-moi votre adresse, je vous fais livrer une caisse de Champomy vieilli en fût de chêne (une tuerie !)
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