52 jours

Bonjour, j'ai 68 ans et derrière moi une plutôt belle vie, je dis "plutôt" car elle a été ponctuée de périodes d'alcoolisations parfois sévères, entrecoupées de sessions d'abstinence où je me trouvais mieux, bien mieux physiquement, mais où je me sentais si démuni face aux aléas de ma vie (travail, famille, identité, j'en passe). Les 1001 rechutes m'ont à chaque fois replongé dans les miasmes physiques mais aussi psychologiques qui revenaient au galop me tirer en arrière. Cette alternance a ainsi duré de nombreuses années, que finalement il me semblait arriver à gérer tant bien que mal...et voilà qu'il y a deux ans et demi, mon compagnon avec qui j'étais si bien a choisi de mettre fin à ses jours, en se défenestrant sous mes yeux depuis notre terrasse du cinquième étage. Depuis lors heureusement ma situation de consommateur n'a pas empiré, mais les cravings sont plus forts quand je rumine sur cette mort injuste, due à une certaine bipolarité et à un burn out professionnel (il était médecin et addictologue, cela ne s'invente pas!) aggravés de soucis familiaux. Quand je cède à l'appel invincible de consommer, l'apaisement arrive, ou du moins l'illusion que j'en ressens, mais la redescente est un enfer encore bien pire qu'avant, un enfer qui désormais me donne des idées suicidaires, et qui en tout cas m'empêche d'avancer en me tirant en arrière jusqu'à la case zéro. Aujourd'hui cela fait 52 jours que je vis hors alcool, et j'ai décidé de rejoindre ce forum pour peut-être anticiper ces tentations funestes qui submergent tout dans l'harmonie de ma vie quand je les ressens. Je suis bien sûr suivi deux fois par semaine par un psy, j'ai attaqué des séances d'EMRD, mais je sens bien que si cela m'aide, cela ne suffit peut-être pas toujours. Bonne journée et merci de m'avoir lu.