Voilà 1 an que je suis née à nouveau.
J’ai vécu les 4 saisons de l’année dans la clarté revenue.
2020 - Retour en France après des années passées à l’étranger. Il n’en fallait pas moins pour me plonger dans une crise existentielle : une crise de sens. Vivre à l’étranger a donné un sens à ma vie pendant une quinzaine d’années. De retour en France, je me suis sentie vide. Puis l’échec amoureux de trop et l’alcool a pris trop de place dans ma vie. Je précise que, depuis ma vie de jeune adulte, j’ai toujours trop aimé boire.
Je m’interroge : est-ce que l’alcool ne viendrait pas combler un quotidien dans lequel on trouve peu ou plus de sens ? On ne passe pas sans raisons de l’alcool festif à l’alcool quotidien. C’est tout un environnement, un contexte, dans lequel l’alcool s’enracine.
Ce que je retiens de ces années alcoolisées, c’est qu’en nous anesthésiant, l’alcool étouffe progressivement la flamme de vie qui nous anime.
Un nouveau projet professionnel m’a aidée à redonner du sens à ma vie et à en finir avec les lendemains difficiles. S’en sont suivis des mois de redécouverte de moi-même, de ma capacité de résilience et aussi le constat que je ne suis pas moins fragile que les autres. On a tous nos fragilités, des blessures gravées à jamais sur notre peau, dans nos mémoires. Elles nous forgent, font de nous ce que nous sommes. Arrêter l’alcool, c’est se donner une chance d’envisager nos expériences, bonnes ou mauvaises, sous un nouvel angle et de sortir de la rumination. En fait, c’est devenir adulte et assumer de prendre ses responsabilités, en tous cas celles qui nous appartiennent, comme celle de mener une vie en adéquation avec nos besoins et nos aspirations, par exemple.
Tout n’a pourtant pas été rose pour moi ces derniers mois. Le 12 juin, mon conjoint a été incarcéré suite à un incident sous alcool. Finalement, au lieu de m’anéantir, cet évènement n’a fait que renforcer ma volonté de maintenir l’alcool hors de ma vie et désormais aussi, hors de notre couple. Mon conjoint regrette beaucoup ses déboires et se rend compte des dégâts que l’alcool a fait sur sa vie jusqu’à présent. Lui qui ne visait pas l’abstinence, contrairement à moi, se dit aujourd’hui déterminé à en finir avec l’alcool. Coup de pouce du destin ? Je veux y croire et penser qu’à l’issue de son incarcération, on pourra enfin commencer notre vie d’abstinents heureux !
Beaucoup de choses ont changé depuis l’arrêt : je suis beaucoup plus stable émotionnellement, je ne procrastine plus, je ressens beaucoup moins d’anxiété, j’ai retrouvé de l’énergie dans mon corps, ma peau n’a jamais été aussi lumineuse, j’ai beaucoup plus confiance en moi, je me sens chaque jour un peu plus légitime dans mon nouveau métier, je multiplie les activités et je trouve mes rapports avec les autres, beaucoup plus authentiques. Je n’ai plus cette sensation d’avoir un vilain défaut à cacher.
Je continue à travailler sur moi, notamment sur mon manque de confiance, sur mes difficultés à lâcher-prise et à me détendre mais globalement je me suis rendue un énorme service en arrêtant de saboter mon potentiel avec l’alcool. C’est pas rose tous les jours, la vie quoi ! Parfois, j’aimerais pouvoir « m’oublier », ne serait-ce qu’une soirée. C’est loin d’être simple de vivre avec soi-même chaque jour, de supporter les états d’âme, les coups de mou et les joies aussi, sans pouvoir y ajouter un peu de plaisir artificiel. Mais le fait de savoir que je n’arriverais jamais à me limiter à 2 verres et de savoir le mal-être qui m’attend le lendemain me tiennent éloignée du premier verre. Cet engagement devra sans cesse être renouvelé et je sais que de nombreux moments de faiblesse m’attendent, il faudra être forte et entretenir cette flamme chaque jour.
Ce qui me fait tenir : la conviction que ma vie sans alcool est 1000 fois mieux que ma vie d’avant. C’est une détermination que je nourris abondamment et quotidiennement de littérature sur le sujet (témoignages, vidéos, podcast, livres etc). Vraiment, je crois que la détermination se forge.
Je voulais aussi vous parler du dispositif Mon Soutien Psy, qui permet d’avoir des séances de psy prises en charge par l’assurance maladie (jusqu’à 12 séances par an) chez un psy conventionné. Avant le 15 juin, il fallait une prescription du médecin traitant mais désormais ce n’est plus nécessaire.
Je vous souhaite à tous de trouver votre équilibre, de panser vos blessures et de vous épanouir pleinement 😊