« Alcool : derrière le verre » - Tous nos podcasts
Retrouvez ici nos trois séries de podcasts « Alcool : derrière le verre ».
- les raisons qui ont poussé des consommateurs d'alcool à boire moins
- les parcours de personnes anciennement dépendantes à l'alcool
- les récits de proches de personnes alcoolodépendantes
Et si on s’interrogeait sur nos propres consommations d'alcool?
Sandra, Françoise, Clara et Dominique ont tous réduit leur consommation d'alcool. Ils nous expliquent pourquoi et quels bénéfices ils ressentent.
Sandra : « C’est OK de ne pas boire si on n’en a pas envie »
Durée: 8 min
Introduction
Avec l'alcool, on peut parfois se sentir dépassé. Pourtant, presque tout le monde en boit. Et si on s'interrogeait sur notre propre consommation ? Sandra ne veut pas dépendre de l'alcool pour faire la fête. Une des raisons est que l'alcool n'a pas apporté que du bonheur autour d'elle. Elle teste des moyens de réduire sa consommation.
Mais comment maintenir le cap tout en conservant la même vie sociale ?
Sandra
Ce qui me plaît dans le fait de consommer de l'alcool, ce n'est pas vraiment le goût de l'alcool, j'aime pas ça particulièrement. C'est plus le moment qui est associé au fait de boire de l'alcool et en général la fête ou le moment social.
Je pense que j'ai eu un peu une réflexion sur le fait de moins consommer. En vieillissant, comme tout le monde, mais à l’approche des 30 ans, je pense vachement à la santé. Et puis je trouve ça dommage de se dire d'associer un bon moment à un produit en fait, alors que je pense qu'un bon moment ça ne s'associe à rien en fait, ça se vit avec les autres ou tout seul. Mais je ne pense pas qu'un objet ou une boisson doit impacter ou pas un moment.
Ce qui a pu me donner conscience aussi de ça, de réguler ma consommation, de l'importance de le faire, ce sont les accidents de la route qu’il y a pu avoir autour de moi, de près ou de loin. Et en grandissant, c'est aussi de voir un peu autour de moi les accidents de vie liés à l'alcool, les parents qui ont une dépendance, qui sont alcooliques ou des personnes autour de moi, ou même des amis proches où je vois que dans leur consommation, ils cherchent plus une solution dans l'alcool.
Ce que je veux, c'est surtout pas tomber là dedans. Donc en fait, je me suis dit là, dans les soirées, quand c'est pas nécessaire, si tu n’en n'a pas envie, tu ne bois pas. Tu te forces pas à boire ou si tu vois que tu as bu tout le week end, tu n'as pas de nécessité et tu n'as pas l'envie de boire directement le lundi, le mardi. Et puis on peut dire non quoi.
J'ai testé mes limites entre guillemets, les quelques soirées où je suis allée un peu plus loin que ce qu'il fallait, où j'ai fini par vomir ou à me réveiller, à plus me souvenir de quelques soirées en étant jeune. Je parle de quand j'avais 18-20 ans. J'ai pas aimé en fait déjà et je me suis dit j'ai pas envie de me retrouver dans cet état-là.
Donc l'idée, les fois d'après, petit à petit, c'était de s'arrêter au bon moment. D'avoir que le bon côté de cette consommation, de ne pas avoir tous les effets négatifs derrière. Mais en tout cas, ce que je vois, c'est que ma consommation, elle est différente de ma consommation jeune, où l'idée était vraiment de boire et d'être en état d'ivresse ou de se désinhiber, de se découvrir. On teste aussi ses limites. Je savais pas boire en fait, c'était boire pour boire et attendre que l'alcool monte et voir en fait ce qui va se passer derrière. Et maintenant c'est plus pareil, c'est plus vraiment pour décupler un moment de joie ou quand on est avec des amis, etc.
L'alcool ou la cigarette, je l’ai associée vraiment à des moments en particulier, des moments festifs, des moments sociaux. Et du coup, je ne bois pas seule et je n'ai jamais fumé seule. Par contre, quand je suis en soirée avec des amis qui boivent ou même si moi je bois, je trouve que je bois vite. Et du coup, c'est là que je me suis dit mais c'est fou comme le cerveau, il associe vraiment des addictions à ça. Et c'est dur en fait de casser ce schéma-là de de consommation.
J'ai fait le Dry January l'année dernière, ça s'est super bien passé parce que maintenant il y a plein de substituts. Donc au final, en soirée, il y a des boissons sans alcool, il y a des moktails ou des choses comme ça. J'ai l'impression que mes cheveux étaient mieux, que ma peau était mieux, que je dormais mieux.
Je me cale beaucoup sur les autres, sur leur consommation, parce que je trouve que je bois vite. Et en fait, quand je vois qu'on commande tous en même temps et que j'ai déjà fini mon verre, avec les autres qui sont à la moitié, je me dis bah en fait t'as bu un peu vite. Donc du coup soit tu bois de l'eau ou j'attends, j'attends d'être au même niveau des autres pour reconsommer. Ou alors, déjà j'alterne un verre d'eau et un verre d'alcool en soirée et depuis que je fais ça, mes lendemains de soirée ne sont plus les mêmes. Les gueules de bois ne sont plus les mêmes.
Quand on est avec des gens proches qui nous connaissent et qui nous comprennent, en général, il n’y a pas de soucis. Les quelques fois où tu dis pas non, moi en tout cas, c'est plutôt en famille ou avec des personnes plus âgées. Il y a un peu une hiérarchie qui s'installe et où derrière j'ose pas. J'ai l'impression que je vais être malpolie de dire non.
Ça peut être dans des repas de famille ou au travail, à des repas, où on se dit on te propose et t’as l’impression que ça va être mal perçu de dire non derrière. Les petits défis c'est l'été je trouve, c'est quand même hyper propice. Et c'est surtout que c'est très simple, c'est présent partout et ça se prête super bien à plein de moments festifs. Et on a l'impression que du coup on est un peu en décalage si on boit pas ou que le moment va être moins bien. Donc c’est vrai que l'été, c'est plus dur.
On parle de tout ça avec mes amis et je pense qu'on a tous un peu cette même réflexion par rapport à la santé. Il y a une prise de conscience aussi, où on n’a pas envie de se faire du mal et on a envie de vivre le mieux possible. Ce corps-là je vais vivre avec toute ma vie, donc j'ai pas envie de le ruiner avant mes 30 ans.
Il y a toute une réflexion aussi autour de l'âge où je veux des enfants, etc. Et moi je me suis toujours mis en tête que je ne pourrais pas faire un enfant si mon corps n'était pas sain. Donc déjà, si je veux faire un enfant, j'aimerais bien que ce soit sans cigarettes, que l'alcool soit loin, que ce ne soit même pas un problème, que je n'aie pas peur d'avoir un enfant pour me dire faut que t'arrêtes de boire pour avoir un enfant.
On voit aussi avec l'âge plus de dégâts de l'alcool autour de nous, donc ça te fait prendre conscience et je pense qu'on est ok avec ça. On est conscientes de se dire que en fait, c'est normal de se contrôler. Il faut arrêter de dédramatiser l'alcool comme si c'était rien, alors qu'on sait qu'on a vu autour de nous par des parents ou des amis pour qui l'alcool n'a pas eu un impact que positif, voire très négatif.
Et on se dit tant qu'on a le choix et qu'on y arrive, autant commencer maintenant plutôt que d'attendre que ce soit trop tard. Pas plus tard que la semaine dernière, on s'est vues. Elles ont toutes pris une bière. On était deux à pas en vouloir, on nous a demandé pourquoi on a dit bah parce qu'on a pas trop envie, donne-moi un thé, et puis c'est passé quoi.
Et puis du coup ça fait du bien et ça renforce pour la fois d'après de se dire bah en fait c'est juste ça. C'est si simple de dire non, même si il y en a partout et même si les autres ont envie d'en boire trois ou quatre. Toi t'es forcé à rien.
J'ai une nièce qui est plus jeune, qui a 20 ans et je vois sa génération consomme vachement moins parce que je pense qu'ils ont une génération de parents aussi qui est différente de la nôtre. Ou du coup, leur génération de parents a déjà eu cette balance ou des mauvaises expériences avec l'alcool. C'est plus quelque chose dont on fait la promotion et donc ils se permettent cette réflexion et de voir en fait qu'elle a fait ce choix et que ça l'intéresse pas du tout. Et je me dis elle a une vie sociale exactement la même que celle que j'avais à son âge et ça se passe très bien. Donc c'est pas une fin en soi en fait de boire. Je veux jamais me dire que je bois parce que j'en ai besoin. Je veux toujours me dire que c'est un choix.
Conclusion
Ce podcast vous a été proposé par Alcool Info Service.
Françoise : « Le collectif est un puissant moteur »
Durée: 8 min
Introduction
Avec l'alcool, on peut parfois se sentir dépassé. Pourtant, presque tout le monde en boit. Et si on s'interrogeait sur notre propre consommation ? A l'aube de sa retraite, Françoise a choisi d'adopter un mode de vie sain pour préserver sa vitalité et pose sur la table la question de sa consommation d'alcool. Elle partage avec nous ses petites victoires.
Et si la force du collectif était un vrai moteur et sa motivation ?
Françoise
La consommation d'alcool, en fait, chez moi, c'est surtout au niveau du vin puisque je suis dans une culture de personnes qui s'intéressent à ce qu'on mange et ce qu'on boit, qui sont des bons vivants. Avec des moments aussi de consommation probablement excessive et un peu décomplexée. C'est à dire que la consommation c'était bah oui mais nous on boit que du bon et du bon vin, donc tout va bien et d'ailleurs on n'est pas dépendants, etc.
Au tournant de la soixantaine, moi j'ai voulu réfléchir un peu, faire un petit bilan sur moi et sur ma santé surtout. Donc je me suis mise à regarder cette consommation qui devenait quotidienne et j'ai trouvé que c'était trop régulier. Et donc je me suis dit mais au fond, là, il y a peut-être quand même un tournant à prendre et j'ai eu envie que ça change. Parce que je me suis dit au fond, là, si ça dure comme ça, là, ça va être un naufrage, quoi. Parce que inévitablement, on sent que ça glisse vers quelque chose de trop régulier, de moins festif en fait.
Je ne savais pas trop par quel bout le prendre. Le passage à l'acte, c'est au défi de janvier, en 2023. Groupe Facebook le défi de janvier également, que j'ai rejoint parce que le collectif, c'est très important pour moi. J'ai découvert un groupe de personnes qui s'entraidaient pour tenir le plus grand nombre de jours possible en étant sobre et je suis rentrée dedans et du coup ça m'a aidée à installer ce changement.
J'étais mûre pour changer en fait, j'avais juste besoin d'une petite aide pour passer à une vraie action de réduction sérieuse de ma consommation.
J'ai trouvé l'entraînement du collectif alors que je n'utilisais presque plus les réseaux sociaux. Je me suis connectée beaucoup plus souvent pour voir où tout le monde en était et pouvoir échanger sans tabou en disant oui, euh voilà, moi je me fais un écart ce week end, j'ai décidé que je pouvais m'accorder un joker parce que j'ai un anniversaire ou quelque chose comme ça, revenir vers le groupe après en disant ok c'est reparti, je remets les compteurs etc. Et ça c'est presque ludique. Et puis il y a des gens extraordinaires sur ce groupe, que ce soit les participants ou les modérateurs. Moi ça m'a aidée. C'est du collectif, donc je m'y suis retrouvée.
La programmation de ma modération se fait en fonction aussi de l'agenda de nos sorties, de nos rencontres. D'une manière générale, c'est de ne pas boire la semaine, sauf s'il y a une invitation ou des invités qui arrivent. Et là, on peut s'accorder quelque chose et après, suivant les week-ends. Si on a quelque chose, on peut consommer. Si on a une activité festive, on consomme modérément.
Au début, il y avait la crainte de ne pas être comprise, d'être un peu raillée. Parce que oui, tu fais ce truc là, mais en fait pourquoi tu bois pas tant que ça, etc. J'avais des craintes infondées. Mon entourage a suivi et s'est abstenu de commenter, en fait. Ou si ce n'est pour aller dans mon sens en disant oui mais tu as raison, en fait on se rend compte que on supporte moins bien, etc.
Et puis je me sens un petit peu fière aussi de l'avoir fait, puisque dans mon groupe d'amis, je pense que je suis un petit peu pionnière et que d'ailleurs il y a des gens qui se demandent s'ils vont pas également regarder de ce côté-là.
Donc en fait, je me suis lancée en utilisant tous les codes de l'alcool, avec une boisson pétillante dans une flûte. Quand les autres boivent du champagne, je mets autre chose de pétillant et de jaune ambré, du pétillant de raisin sans alcool, du kéfir. Donc tous les codes de l'alcool. Je trinque et je savoure et je savoure. Je me choisis des bons trucs aussi. Je me fais des spritz sans alcool.
Les ingrédients d'une fête ou les ingrédients d'une rencontre ou d'une belle journée sont tellement nombreux que si on m'en enlève un, ça ne va pas ternir la journée ni la rencontre. J'en suis toujours à noter mes consommations et à les partager parce que j'en ai trouvé tellement de mieux être. Je ne garde que les moments de vrai, de vrai plaisir, les moments de dégustation, les moments très festifs.
J'introduis la modération avec l'alcool comme j'ai géré ce que je voulais manger, du pain au levain, des choses de saison, beaucoup de légumes et des fruits de saison. Et ça fait partie pour moi de la même dynamique. Donc je trouve que c'est plutôt une démarche qui est en cohérence avec ce que je suis et avec ce que j'ai envie de transmettre.
Maintenant, j’ai une consommation modérée, raisonnée et réfléchie. Il n’y a plus de consommation régulière, automatique. Donc j'espère continuer sur cette lancée de modération heureuse. Je ne retournerai pas à une consommation automatique ou non raisonnée ou non réfléchie. Je veux que ça reste exceptionnel.
Je n'ai trouvé que des bienfaits, donc je continue à me modérer. J'ai pour prétention de respecter les recommandations de deux verres par jour et pas tous les jours. Et moi, le grand bénéfice que je ressens là, c'est d'être plus présente à moi-même et plus présente à autrui même en fait, quand je ne consomme pas et que et que d'autres consomment, ou en repas amical, c'est un vrai plaisir de pouvoir être extrêmement attentif aux autres, être extrêmement présente, c'est dans les bienfaits.
Conclusion
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Clara :« J’avais peur de ne plus être drôle sans alcool »
Durée: 8 min
Introduction
Avec l'alcool, on peut parfois se sentir dépassé. Pourtant, presque tout le monde en boit. Et si on s'interrogeait sur notre propre consommation ? Clara aime la vie et la fête. Mais récemment, elle a pris conscience de sa difficulté à s'arrêter, une fois qu'elle commence à boire de l'alcool. Déterminée à réduire sa consommation pour son bien-être, elle explore diverses méthodes.
Et s'il était possible de poser ses limites sans compromettre son plaisir ?
Clara
Ce qui me plaît, comme je consomme de l'alcool, je pense que c'est surtout l'ivresse que ça apporte. Je me suis rendue compte aussi avec le temps que il y avait un aspect un peu anxiolytique, c'est à dire que après une journée stressante, la pression redescend, on va dire, après un ou deux verres.
Ce qui m'a donné envie de réduire d'abord, c'était une réflexion. L'année dernière, j'ai été très fatiguée et j'ai été arrêtée de mon travail pendant trois semaines et au sortir de ça, je me suis dit qu'il fallait que je trouve un moyen d'être moins fatiguée et la question, entre autres, de ma consommation d'alcool s'est posée. En fait, quand j’ai commencé à y réfléchir, je me suis dit depuis mes quinze ans, à part le mois sans alcool, l'année dernière, il n'y a pas eu une seule semaine sans alcool.
Et je me suis dit que c'était quand même un peu grave. Et que ce n'était pas normal et que je pense que je me rends pas compte des effets que ça a sur mon corps et sur ma santé.
Alors ma consommation avant, c'était pas forcément tous les jours, mais ça pouvait être plusieurs fois par semaine parce qu'il y a eu un moment où je faisais des semaines sèches, donc je ne buvais pas du lundi au vendredi soir. Mais par contre du coup c'était tous les week-ends pendant la période d'été. Ce truc-là, de ne rien boire pendant la semaine, ne fonctionnait pas.
Il y a eu une très grosse soirée où j'ai beaucoup bu et le lendemain où j'ai été très très mal. Mais vraiment, vraiment, je pense que c'était la pire, une des pires journées de ma vie et où là, vraiment, je me suis dit en fait, ça ne vaut pas la peine et ça n'a pas de sens de boire autant.
Surtout que la veille, je m'étais dit je ne bois pas trop parce que j'ai envie de profiter de ma journée du lendemain et. Et donc là, je me suis dit qu'effectivement, potentiellement, j'étais peut-être pas capable de boire modérément et que donc il fallait que je trouve un autre moyen de maîtriser ma consommation d'alcool.
Au début, je m'étais dit je vais faire le mois d'octobre sans alcool. Et puis je me suis dit que finalement, j'en avais quand même un peu marre aussi, là, de boire. Donc j'ai décidé de commencer plus tôt. En fait, j'ai fixé entre septembre et Noël un certain nombre d'occasions dans lesquelles je m'autorisais à boire. Et sinon, tout le reste du temps, c'était sans alcool.
Pour maîtriser cette consommation, je me suis dit que ça pouvait pas être quelque chose que je choisis sur l'instant. Parce que la tentation est trop grande en fait, de suivre le groupe ou de me dire bon bah c'est pas grave ce soir, mais pas le week-end prochain ou pas demain, ou je sais que ça ne marche pas avec moi.
Donc justement, je m'étais fixé à l'avance, j'avais un peu regardé mon calendrier pour me dire ben c'est quoi les événements ? En gros jusqu'à Noël ? Au début, c'était pas facile parce que je me suis retrouvée à être inquiète de me dire est ce que je vais réussir à m'amuser dans les soirées dont j'ai l'habitude sans boire de l'alcool ?
C'était un peu une inquiétude et ça, c'est un truc qui m'embête un peu. Voilà, ça m'embête du coup de me dire que j'ai besoin de l'alcool pour m'amuser alors que j'ai des amis super avec qui je m'éclate. Mais ça me plaît pas trop de me dire que je suis dépendante d'une substance pour un pour m'amuser.
Il y a eu tout de suite tout mon entourage, même familial aussi. Un respect de ça. Et on ne m'a jamais posé la question. On ne m'a jamais ni dit mais pourquoi tu fais ça ? Donc ça c'est assez chouette, on me laisse un peu tranquille avec ça, on me laisse faire mon truc quoi.
Ce qui fonctionne bien avec moi, c'est que les palliatifs me satisfont totalement. Donc que j'aime bien la bière sans alcool. Je pense que ça trompe assez bien mon cerveau aussi, donc j'ai pas l'impression d'être frustrée ou quoi que ce soit. Comme je buvais moins régulièrement, j'étais plus sensible à l'alcool. Du coup, j'ai moins eu besoin de boire parce que voilà, y'avait aussi une accoutumance en terme de dosage qui s'était constitué.
Et en fait, j'arrive à passer des très bonnes soirées sans. Sans être ivre quoi.
En fait, il y a vraiment un moment clé. C'est le moment où justement j'ai envie de rentrer chez moi, où là je me dis en fait là, je serais mieux dans mon lit au chaud. Et donc en fait, il n'y a pas de frustration. Enfin, je n'ai pas l'impression de rater quelque chose, de manquer un truc, de ne pas avoir passé une bonne soirée parce que c'est assez en accord avec ce que je veux là, maintenant, tout de suite.
L'autre moment un peu clé, c'est le lendemain matin, quand je me réveille et que je suis pas mal et que j'ai bien dormi et que j'ai de l'énergie pour faire d'autres activités et d'autres choses, je me dis ben ouais, ça valait le coup de pas boire hier. Et il y a aussi, je me rends compte que finalement, ce cours, il est pas si grand que ça quoi.
Et finalement, je me rends compte que ça me manque pas tant que ça. Je pensais que ce serait beaucoup plus difficile. Je pensais que vraiment, y aurait, ouais, de l'ennui, que je découvrirais vraiment que c'était impossible de m'amuser sans alcool. J'avais peur d'être beaucoup moins drôle aussi. Et en fait non. Je continue à faire rire les gens, donc ça va.
Le truc qui me motive le plus, c'est de voir que je me sens mieux. En fait, je me sens mieux. Ouais, je me sens mieux dans mon corps, je me sens plus reposée au niveau de mon humeur. Mais je pense que c'est aussi parce que j'ai un sommeil de meilleure qualité et que aussi peut être, sûrement, le fait de faire plus d'activités autres le week-end où en fait je m’aère vraiment la tête.
Conclusion
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Dominique : « Ma pause ne s’est jamais arrêtée »
Durée: 8 min
Introduction
Avec l'alcool, on peut parfois se sentir dépassé. Pourtant, presque tout le monde en boit. Et si on s'interrogeait sur notre propre consommation ? Il arrivait à Dominique de consommer seul de l'alcool chez lui, ce qui l'a mené à la décision de calmer le jeu. Ce qui n'était au départ qu'une simple pause et devenue une sobriété choisie.
Et si c'était l'occasion de réfléchir en profondeur à la place de l'alcool dans nos vies ?
Dominique
Quelques temps avant d'avoir à peu près 45 ans, j'étais seule, je passais du temps devant Internet ou des trucs comme ça le soir et je buvais un peu de vin rouge le soir devant mon écran. Et je me suis rendu compte qu'il y avait un truc un peu cyclique. C'est à dire que je j'ouvrais une bouteille en me disant bah, je vais boire un verre ou deux ou trois, puis j'aurai l'autre moitié de la bouteille pour demain. Et puis qu'en fait, je finissais la bouteille et pareil le lendemain et pareil le lendemain. Et puis au bout de quelques jours, une dizaine de jours, je sentais que c'était un petit peu, que ça repartait un peu quoi. Et c'était un peu, beaucoup. Et je me disais faut peut-être que je lève le pied. Je n'arrivais pas en fait à ne pas boire la bouteille que j'avais ouverte en entier.
Une bouteille de vin, d'après les recommandations, c'est beaucoup. Mais pour quelqu'un qui a un tout petit peu l'habitude, c'est pas non plus la folie. Sauf que tous les jours, c'est vrai que ça finit par un petit peu s'entasser quoi. Et du coup, je me suis retrouvée dans une espèce de cycle où pendant deux ou trois semaines, je buvais une bouteille à peu près tous les jours, et puis je me disais faut que j'arrête. Alors je faisais un arrêt brutal, ça piquait mais il fallait que je me fasse un tout petit peu violence pendant deux trois jours. Et puis après, c'était naturel, il n'y avait pas trop de soucis. Et puis au bout de deux ou trois semaines, je me disais c'est vrai que ça peut être sympa de s'autoriser un petit verre de vin le soir, peut être que j'arriverais à ne boire que la moitié de la bouteille. Et c'était reparti. Et à force de faire cette espèce de yoyo là, il y a un moment où je me suis dit mais pourquoi je fais ça en fait ? C'était pas vraiment un plaisir. J'achetais du vin, j'achetais pas de la piquette, mais j'achetais pas non plus du bon vin.
J'achetais du vin pour avoir des bouteilles à la maison. Et en fait, j'ai fini par me rendre compte que c'était plus une espèce de façon de tuer le temps ou d'esquiver quelque chose. Et puis du coup, je me suis un peu documenté, j'ai lu des articles, des bouquins, des trucs comme ça et j'ai décidé de faire l'essai, de faire une pause, de faire une vraie pause.
Pas en me disant l'alcool est un vrai danger pour moi, mais en me disant tiens, ayant lu des témoignages de gens qui dès le matin, avaient les mains qui tremblaient ou des trucs comme ça, j'en étais pas du tout là et tant mieux. Et du coup, j’ai décidé de faire cette expérience d'une pause.
Et bien en fait, là, ça fait un peu plus de onze ans qu'elle dure.
Il y a eu d'abord, aller dîner chez ma mère sans et en refusant la bouteille qu'elle ouvrait juste pour moi. Il y avait une espèce de rituel quand j'allais voir ma mère. Et ça, ça a été un premier truc. C'est à dire d'arriver effectivement d'aller passer deux ou trois heures chez ma mère sans une bouteille de vin et de voir ce que ça a joué.
Ça, c'était une sorte d'enjeu pour moi.
Ce qui est intéressant, c'est tout ce qui se passe socialement. Toutes les informations que j'ai reçues, ça a duré pas mal de temps. C'est vraiment sur les interactions avec les gens. En premier lieu, les collègues de travail qui me disaient mais qu'est ce qui t'arrive tu bois plus, tu bois pas un whisky, une bière, du vin avec nous.
Tu veux autre chose ? Tu veux de la vodka ? Et moi qui disais non, non merci, rien. Mais qu'est ce qui t'arrive ? Pourquoi pas ? Et j'ai répondu bah non, en fait, j'ai un peu décidé de faire une pause, pour voir. Ah bon ? Mais t'es sûr ? Mais pourquoi ? Qu'est ce qui t'arrive ? Ça n'a pas été compliqué pour moi de répondre, tout simplement parce que j'ai envie de faire une pause.
J'ai envie de ne plus en boire pendant un certain temps pour voir ce que ça fait. Et je me souviens bien, il y avait un ou deux collègues au travail qui me disaient mais avec qui je vais boire, moi, samedi ? Des choses comme ça. Et moi je lui répondais ben j’en sais rien, tu te débrouilles, ça ne sera pas moi en tout cas, c'est tout. Et puis je me suis rendu compte de ce que ça redistribue dans les relations avec les autres. L'alcool est un vrai moteur social. Je me suis rendu compte concrètement que il y a des gens avec qui on se donne rendez-vous pour aller boire un coup. Et en fait, si on enlève le boire un coup, c'est comme si on n’avait plus rien à se dire.
Et finalement, le vrai sens de qu'est ce qu'on a à faire ensemble ? Il y a des relations dans lesquelles il y en avait plus et où on s'est éloignés et d'autres où ça s'est redistribué et où on a transformé la relation. Mais c'est vachement intéressant parce que c'est l'humain qui l'a emporté et pas la substance, pas l'alcool. Et ça, c'était vraiment un enseignement très important, j'ai trouvé.
Je continue de me dire le jour où, l'occasion, qu'elle soit conviviale, gastronomique, se présenterait et où elle serait suffisamment bonne, il n'y a pas de raison que je me l'interdise. Mais en onze ans, vous pensez bien que l'occasion elle s'est présentée, et à chaque fois, je me suis posé mentalement est ce que c'est le moment ? Et la réponse est venue d'elle-même.
A quoi bon ? Non, pas vraiment. J'ai eu mon quota. En fait, j'aime toujours le fromage, mais je me passe très facilement du verre de rouge. C'est pas vrai que c'est indispensable. Ça fait onze ans que j'ai pas bu une seule goutte. Il s'est passé un truc qui m'a interpellé. Un jour j'étais dans un vernissage ou un truc comme ça.
Et puis je sais plus très bien ce qui s'est passé, mais à un moment, je me suis retrouvé avec la coupe dans la main, prêt à porter les lèvres dedans. Et à ce moment-là, je me suis dit mais c'est pas mon verre, mais pourquoi j'ai ça dans la main ? Et j'ai un truc machinal. Ce qui veut dire que même six ou sept ans plus tard, il y avait une espèce de mémoire du geste qui fait que j'étais prêt à machinalement y aller.
Mais là, ça m'avait surpris parce que j'avais vu que insidieusement ou pas, je sais pas, mais en tout cas, il y avait quelque chose d’ancré dans simplement la présence du verre et l'habitude du geste qui fait que j'étais pas loin de prendre une gorgée. Et en fait, je me rends compte aussi quand je vais dans une fête, le fait de ne plus avoir l'alcool pour me désinhiber fait que si je me désinhibe, c'est mon choix. C'est moi qui le fais, donc danser comme un con, dire des conneries, chanter à tue-tête, je peux le faire et c'est moi qui le fait. C'est pas l'alcool qui me force ou qui m'aide.
Les bénéfices que j'ai retirés, que j'ai ressentis, en tout cas au niveau du corps, de ne plus me sentir empâté et de ne plus me sentir un peu bouffi par l'alcool, l'éventuelle gueule de bois ou semi gueule de bois du lendemain ou des choses comme ça. Cette espèce de libération d'un rituel social qui n’était pas vraiment le mien en fait, qui était celui imposé par des circonstances, par des règles de pseudo convivialité.
Pour moi, le fait d'arrêter l'alcool ne m'a donné que des choses positives et c'est ça qui l'a emporté.
Conclusion
Ce podcast vous a été proposé par Alcool Info Service.
Comment se libérer de l'alcool quand on est dépendant et reconstruire une vie plus équilibrée ?
Nous avons rencontré six personnes qui ont bien voulu nous confier leur histoire : Julien, Nadège, Olivier, Hélène et Baptiste et Didier.
Julien : « Je veux trinquer au jus de fruits avec mes enfants »
Durée: 10 min
Introduction :
Avec l'alcool, on peut parfois se sentir dépassé. Alors comment s'en libérer et reconstruire une vie plus équilibrée ? Chez Julien, la trentaine a été l'occasion de faire le point sur sa vie, sur ce qu'il voulait vraiment. Chez lui, l'alcool a pris une place trop importante et l'envie de s'en libérer est devenue une priorité, au même titre que le projet d'être papa.
Comment concrétiser cette bonne résolution ?
Julien :
J'ai commencé à consommer de l'alcool quand j'étais au lycée avec des amis. C'était une expérience qui me désinhibait par rapport aux autres et c'est vrai que ça crée un moment d'euphorie. On est content, on se relâche, on ne pense plus à rien, on agit différemment avec les gens.
Une sensation de bien-être.
Donc, là, on était plus lors de soirées où c'était vraiment que dans ce cadre-là, puis, avec le temps, on essaye d'apprendre, de comprendre, de découvrir d'autres goûts, d'autres textures et puis on commence à boire un verre, deux verres avec des amis et puis après, on se met en colocation, on fait une soirée, deux soirées, sans forcément dans le cadre d'une soirée avec beaucoup de monde, on va s'asseoir avec un ami, on va commencer à boire tranquillement et puis de fil en aiguille, en fin de compte, on se retrouve à boire plus ou moins de manière répétitive, sans s'en rendre compte particulièrement.
Je n'avais pas forcément de retours négatifs par rapport à ma consommation d'alcool puisque quand je buvais le lendemain, je me réveillais, j'avais un peu mal à la tête et puis je continuais.
J'ai fait énormément de black out (trou noir). On boit, et puis, on sait plus ce qui se passe en fin de soirée. On se réveille le lendemain, on ne posait pas particulièrement de questions par rapport à ma consommation parce que j'étais aussi entouré de personnes qui buvaient. Un jour, donc, je me suis mis en couple avec ma femme, on a pris un appartement ensemble, je continuais à boire tout seul, chez moi et ma femme ne buvait pas, donc ça posait un problème.
J'avais commencé à réduire ma consommation, par amour, parce que je voyais qu’être complètement ivre mort à côté de sa femme, ça n'a aucun intérêt. Premièrement, ça la rend triste et deuxièmement, moi ça ne m’apporte rien, à part gâcher des moments. J'ai commencé à réguler ça un peu et j'ai trouvé une échappatoire en bas de chez moi, j’ai un terrain de pétanque, un jour, je suis passé et j'ai vu qu'il y avait des personnes qui jouaient à la pétanque. J'ai commencé à aller jouer à la pétanque avec eux, ça se passait souvent le soir après le travail. J'allais jouer à la pétanque et souvent, les personnes disaient « je vais aller acheter une petite bouteille à l'épicerie d'à côté, puis on va boire tranquillement ». J'allais au parc, jouer aux boules et fumer, et boire de l'alcool.
Un soir d'hiver, il faisait extrêmement froid. Une bouteille, deux bouteilles, trois bouteilles, du whisky, du rhum, peu importe. On discute, on s’enjaille comme on peut dire, on joue. On n'arrive plus à jouer aux boules, on roule plus que la boule. Puis, à un moment donné, il faut rentrer à la maison, mais on n’est pas loin du black out (trou noir).
Je prends ma trottinette. Je ne me souviens plus de ce qui s'est passé, mais en retraçant ma soirée, je suis rentré du terrain de pétanque. J'ai dû tomber maintes et maintes fois au sol. J'avais le visage complètement explosé. Je suis arrivé en bas de chez moi et je me suis retrouvé devant mon hall d'entrée, la trottinette par terre, ma tête en sang, dans le froid, il gelait, pendant trente à quarante-cinq minutes. C'est ma femme qui a appelé une connaissance de la pétanque pour savoir où j'étais, parce qu'elle ne me voyait plus arriver. Du coup, elle est descendue et elle m'a retrouvé en bas, en black out (trou noir). Elle m'a filmé pour me faire un électrochoc, pour que je comprenne dans quel état j'étais, donc, livide, un zombi, avec des propos complètement incohérents. On titube, on tombe, on m'a mis dans la baignoire à coups de jets d'eau. Puis, le lendemain matin, je me suis réveillé sans savoir ce qui s'était passé la veille. C'est là que j'ai compris que ce n'était pas possible. Ça a été, extrêmement traumatisant pour ma femme qui me soutenait depuis des années parce qu'elle voyait que je consommais de l'alcool.
En fait, c'est ma femme, mon pilier.
C'est un combat que je fais par amour pour ma femme, c’est un combat avec moi-même et le plus difficile, je me suis fait peur à plusieurs reprises. Je pense qu'on est alcoolique à partir du moment où on veut toujours s'assurer que chez soi, il y a une bouteille d'alcool, même si on n’a pas forcément envie de boire tout de suite quand on provisionne, on est alcoolique quand on accepte de se l'avouer, tout simplement.
C'est un combat de tous les jours. C'est très difficile, il faut avoir du mental. J'ai fait le dry january (défi de janvier, sans boire de l’alcool), je n’ai pas bu pendant un mois. Le problème, c'est, qu'une addiction, c'est très difficile parce que c'est soit tout, soit rien. Le plus difficile, c'est de garder le contrôle sur tout ça, de se dire samedi, je reçois des amis, on va s'ouvrir une bonne bouteille et je vais l'apprécier à sa juste valeur.
Qu'est-ce qui m'aide fondamentalement ?
Ma femme, moi-même, l'image que j'ai envie de renvoyer à mes enfants, ce n’est pas celle d'un père qui, où la notion d'alcool fait partie de la vie, tout simplement, sans dire « il boit, c'est un alcoolique », ne serait-ce que cette notion d'alcool, qu’elle n’intervienne pas en fait.
On aura beau nous montrer, comme sur un paquet de cigarette, des gens dans le coma, avec des tubes, dire que ça peut amener à la stérilité, etc. Tant qu’on ne veut pas, de toute façon, tout part de nous, c'est nous qui ingurgitons, c'est nous qui buvons. Il faut se trouver un déclic, soit les enfants, soit l'amour, une femme, soit je ne sais pas moi, une association ou faire beaucoup de sport.
Paradoxalement, quand on accepte d'avouer ses faiblesses, on devient plus fort. Et cette idée d'avouer mes faiblesses, jusqu'à présent, je ne voulais pas le faire parce qu'on se met à nu. Après, la difficulté aussi, c'est que pour certaines personnes, il faut qu'elles chutent pour pouvoir comprendre que courir très vite, ça peut faire mal. Moi, malheureusement, je fonctionne comme ça. Il faut que je me fasse très mal pour que je comprenne.
Entre mes amis et ma famille, quand on trinque, on trinque toujours avec un verre d'alcool. Une personne qui trinque avec un verre d'eau ou un verre de soda, généralement, on plaisante avec une petite boutade : « Allez, prends juste une coupe de champagne ».
Plus tard, quand j'aurai mes enfants, j'aimerais trinquer fièrement avec un verre de jus d'orange, voilà, sans que personne ne me dise quoi que ce soit et même s'ils me le disent d'être fier de pouvoir le faire et puis arrêter de boire sans raison. Le soir, oui, je suis fatigué. J'ai beaucoup tafer, j'ai fait sept jours d'affilée. Je peux me permettre ? Non ! il y a d'autres manières de pouvoir évacuer le stress, etc. que de se dire, allez, je vais boire un verre. Je vais essayer de faire quelque chose d'autre qui me plait, qui me met à l'aise. Regarder une série, jouer aux jeux vidéo, voilà, faire même un puzzle qui en fait va nous permettre de pouvoir oublier toutes les contrariétés, tous les soucis, quelque chose qui nous met à l’aise et qui nous apporte ce que l'alcool nous apporte, mais sans les méfaits.
Ce serait dommage de travailler comme un fou, de vouloir des enfants et qu'on ait une maladie qui soit à cause de l'alcool. Ça n'aurait aucun intérêt, en fait. Voilà et puis, je pense que le plaisir, le bonheur, on peut la voir différemment que dans l'alcool, tout simplement.
Conclusion :
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Nadège : « Vivre sans alcool m’a autorisée à rêver »
Durée: 11 min
INTRODUCTION
Avec l'alcool, on peut parfois se sentir dépassé. Alors comment s'en libérer et reconstruire une vie plus équilibrée ? Nadège a tout pour être heureuse femme, enfant et travail qu'elle aime. Et pourtant, sa dépendance à l'alcool a pris le dessus et son monde a failli s'effondrer. Juste à temps et avec l'aide de son meilleur ami, elle a su demander l'aide de professionnels des addictions.
Et si l'amour de ses proches était un puissant moteur pour trouver la force de changer ?
Nadège :
Pour moi, au début, c'était un moment convivial, donc ma journée se finissait, je prenais une petite bière par exemple. Et puis. Et puis ce n'était pas tous les jours au début, puis de plus en plus, puis après c'était la fête, et puis après c’était une journée compliquée et puis après voilà. Après c'était avec des amis, etc. En fait, cette consommation, elle n'est pas venue d'un coup, elle est venue vraiment, j'ai 41 ans, donc elle est venue sur 25 ans.
C’était je ne commence pas à boire une bière le soir, je commence à midi et puis je fais une pause l’après-midi et je reprends le soir et puis jusqu'au bout d'un moment ou entre midi et le soir, il n'y a pas de pause. Puis au bout d'un moment, on n'arrive plus à quantifier ce qu'on a bu dans la journée non plus. Mon visage dans la glace, c'est quelque chose qui me plaisait plus. Marcher la tête assez basse, on marche pas les épaules levées. Il y a eu ça, il y a eu les douleurs dans mon entourage, dans ma famille proche, donc je parle avec mon épouse, mon fils et mes belles filles, où ça devenait de plus en plus conflictuel.
Il y a eu ça quand on commence à se cacher, quand je vais à la supérette du coin chercher des bières plutôt que de les prendre dans le frigo pour pas que le stock se vide trop vite et que ça soit trop trop visible. Je râlais, tout m'épuisait, tout me… Alors que je suis quelqu'un qui adore la vie et qui suis plutôt de nature positive justement à trouver les solutions plutôt qu'à voir les problèmes.
Donc là non, je me reconnaissais plus. C'était se retrouver seule dans un terrier. J'avais plus envie de ça. Et puis ça n'allait pas en s'améliorant. Il était grand temps de faire quelque chose.
Alors il y a plusieurs déclics de prise de conscience en fait, alors il y a eu déjà ma santé physique. Quand on se lève le matin et qu'on a le cœur qui palpite, on se dit quand même … Aïe !
On se dit pas je suis alcoolique, c'est pas « On se lève un matin, Ok, je suis alcoolique, j'accepte ». Non, on n’accepte pas d'être alcoolique à ce moment-là. Parce que d'abord, c'est quoi l'alcoolisme ? C'est pas une consommation, c'est pas la quantité, c'est le rapport qu'on a, le rapport mental, psychologique qu'on a avec le produit qui va faire qu'on l'est ou qu'on l'est pas, finalement.
Et je me rendais compte qu'en fait l'issue, si j'arrêtais pas, j'allais vers la mort en fait. C'était la prise de conscience de l'état dans lequel j'étais et puis de ce que je voulais faire de moi et de ma vie. Donc ça, ça a mis du temps.
J'avais déjà essayé de faire un arrêt d'alcool du jour au lendemain et je l'ai fait trois mois. Pendant trois mois, j'ai pris conscience en fait sur l'état physique et sur l'état social des bénéfices de l'arrêt de l'alcool. Mais psychologiquement, c'était vraiment trop dur. Je n'y arrivais pas. J'avais pas les outils en fait pour m'accompagner et comprendre la raison de la consommation.
Quand on consomme, on se remplit de quelque chose, c'est une béquille, on s'anesthésie, donc c'est un substitut l'alcool, à la souffrance. Et si on ne va pas traiter le fond du problème, si on va pas traiter la cause, le pourquoi on consomme, je ne pense pas qu'on puisse être dans un arrêt sain et accompli en fait, finalement. L'alcoolisme, c'est il y a la maladie, mais on est d'abord malade de soi-même. Donc ça c'est vraiment, c'est vraiment quelque chose qu'il faut avoir en tête, c’est on vient combler un vide.
J'ai rechuté après, après mes trois mois pour reconsommer et plus. Donc ça, ça a été aussi un déclencheur de se dire j'ai pu arrêter trois mois et quand je reprends, je reprends de plus belle. Là, on se dit, c'est pas bon.
En 2022, au mois de mai, j'ai été au CSAPA (Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie). C'était suite à une dispute. J'ai été voir un éducateur pour, pas du tout m'arrêter de boire, mais pour maîtriser ma consommation d'alcool. Le problème de mon alcoolisme, c'était que une bière appelait ses copines euh des copines entre elles, mais pas du tout des copines pour moi. Et donc du coup, non la maîtrise, j'ai essayé de l’avoir pendant quelques mois et c'était pas possible.
On a fait un travail sur plusieurs mois suite à une dispute de plus, le 17 novembre, j'ai appelé mon meilleur ami et puis on est resté 3 h et demi au téléphone. Et puis ça a été donc la cerise sur le gâteau. Il est venu appuyer le truc et je crois que j'étais prête en fait, il a senti certainement que j'étais prête, parce qu'il m'a dit des choses pas facile à entendre quand même, mais pas facile à dire pour lui. Suite à cette conversation-là, c'était ok, j'ai pris ma décision. Maintenant c'est zéro alcool.
Alors il n'y a pas eu un déclic à ce moment-là, parce que c'est une accumulation de déclics en fait. Je pense que ça faisait au moins deux ans que j'essayais d’arrêter finalement, de différentes manières. Et puis on culpabilise quand on boit, on le vit mal, on ne se sent pas jolie, donc j'ai arrêté du jour au lendemain. Alors ça c'est pas du tout la bonne idée d'arrêter du jour au lendemain puisque c'est très très mauvais pour le corps. Faut savoir que l'alcool c'est la seule addiction qui peut tuer si on l’arrête du jour au lendemain. Je le savais pas, je l'ai fait, bon j'ai pas eu de vertiges. C'est passé. J'avais entrepris avant cet arrêt là un travail avec un psychologue aussi parce que avec l'éducateur, on a beaucoup plus travaillé, sur la technique, sur la consommation, identifier en fait les moments de la journée, etc etc. Avec le psychologue, on a vraiment été dans le fond du problème et j'y vais toujours.
Quand on arrête l'alcool, c'est un pas après l'autre. Donc c'est à dire que sur une journée c'est pas une journée, c'est tiens là il est midi, je lutte et voilà. Donc c'est vraiment un pas après l'autre, c'est pas un jour, deux jours non, c'est sur une journée, on y pense 50 fois, 100 fois à l'alcool, Ça nous prend la tête.
C'est là où ça a été épuisant physiquement en fait, c'est de toujours y penser, de combattre la petite partie du cerveau qui disait « allez bois un coup, bois un coup, c'est bien », non ! C'est pas bien, non. Et puis l'autre côté qui se bataillait là-dedans. Donc ça c'est très très épuisant. Ouais, j'étais super fatiguée au début, c'était mon combat et je voulais certainement pas supprimer l'alcool des placards, du frigo ou de quand on recevait des amis, c'est à dire quand il faut supprimer quelque chose de notre vie tout en vivant avec. Et ça, c'est hyper complexe. Donc, je me suis dis je vais le supprimer de mon corps, je vais le supprimer dans ma consommation, mais je ne vais pas le supprimer de ma vie. Ça me permettait aussi de me dire « je suis capable, c'est pas le verre qui va gagner, non, je suis plus forte que ça. »
Au début, quand j'ai arrêté, je me suis téléchargé une petite application sur mon téléphone. Et puis c'était « aujourd'hui zéro consommation » J+1, J+2, etc. Au tout début, j'ai eu besoin d'y aller tous les jours. Petite fierté du jour, le soir, quand je vais me coucher, je remplissais mon petit truc et puis, et puis tout doucement, j'allais plus tous les jours et je commençais à me décrocher justement, de ce besoin de remplir cette application. Et puis au bout d'un moment, je me suis dit petite victoire aussi. Je me suis dit bah tiens, je désinstalle cette application. Donc finalement c'est des petites victoires comme ça qu'on se fait au quotidien et c'est chouette.
Quand j'ai arrêté, j'ai consommé de la bière sans alcool. Ça a été un super substitut parce que finalement j'en ai consommé à la maison et c'est ce qui m'a permis aussi… alors moi, de l'eau avec de la grenadine ou un diabolo ou les boissons sucrées, pas de plaisir. Donc j'ai voulu garder des plaisirs. Aujourd'hui, ils font vraiment tout un rayon sans alcool très très large, donc on peut varier sur les goûts différents aussi ça c’est plutôt cool.
Aujourd'hui, après plus d'un an d'arrêt d'alcool, je me sens hyper bien. C'est, alors il ne faut pas se dire pourquoi je l'ai pas fait avant, parce que il y a un temps pour tout dans la vie et si je l'ai pas fait avant, c'est que ça devait pas se faire. J'aurais préféré le faire avant, mais c'est que ça devait pas se faire. Ça a été vraiment un des combats les plus difficiles dans ma vie. Mais putain, qu'est-ce que ça en vaut la peine quoi ! C'est tellement un changement intense ! Déjà en forme physique, je me sens beaucoup mieux physiquement. Mon petit cœur me remercie. Il y a le côté physique, mais y a surtout le côté mental où c'est une renaissance en fait. C'est à dire que aujourd'hui, j'ai l'impression d'entamer une deuxième vie. J'ai appris à me connaître et surtout j'ai développé une force, qui me dit que si j'ai pu faire ça, qu'est ce qui peut m'arrêter dans ma vie aujourd'hui ? En fait, c'est quand on arrête vraiment qu'on se rend compte à quel point on était enchaîné. Et je me sens libre.
Conclusion
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Olivier : « Mon groupe de parole a été ma deuxième famille »
Durée: 12 min
Introduction :
Avec l'alcool, on peut parfois se sentir dépassé. Alors comment s'en libérer et reconstruire une vie plus équilibrée ? Olivier a commencé à boire de l'alcool, comme beaucoup lors des soirées étudiantes, mais cette consommation a fini par déraper. C'est grâce à un groupe de parole qu'il a repris sa vie en main. Quel soutien trouve-t-on quand on confie son récit à des inconnus ?
Olivier :
Au début, j'ai commencé un peu à boire modérément et puis c'était doux, c'était du Gin tonic. J'ai senti qu'il y avait quelque chose qui me désinhibait parce que j'ai toujours été très timide, très introvertie, pas du tout confiance en moi.
Et puis, chemin faisant, je consommais de façon régulière tous les week-ends, mais sans forcément mettre une mine en fait, j'avais encore une consommation raisonnée, mais c'était présent. C'est à dire que tous les week-ends, c'était une nécessité, c'était un besoin impérieux, j'avais besoin d'aller faire la fête, j'avais besoin de ma consommation et je ne me rendais même pas compte que ma consommation est augmentée petit à petit.
J'ai fait partie de l'association du bureau des sports, on organisait des événements et puis bon, dans les écoles de commerce à Paris, c'est très très très festif et donc il y avait des soirées tous les jeudis soir, donc j'avais un peu mal au crâne le lendemain, mais je me souvenais encore de ce que je faisais.
Ça a continué comme ça, on va dire, pendant une dizaine d'années, les consommations devenaient de plus en plus importantes, jusqu'au jour où je suis parti vivre en province. Mais là, j'avais commencé une consommation déraisonnée ou bien souvent, je ne me souvenais plus trop des lendemains. J'avais ce qu'on appelle les black-out (trou noir). Je prenais la voiture, j'étais complètement défait, je me voyais mettre la clé dans la voiture, mais je ne savais pas comment j'arrivais dans mon lit.
Il y a des soirs ou je me disais « Olivier, tu vas arrêter tes âneries parce que voilà, tu ne maîtrises rien » et puis je décidais de ne pas boire et j'arrivais en soirée ou quoi que ce soit, au bout d'un quart d'heure, je m’embêtais on va dire, pour rester poli, mais je commençais à prendre un verre et puis c'était fini en fait, c'était la dégringolade. C'était la bouteille qui y passait, la deuxième, parfois deux bouteilles de whisky parce que j'étais passé sur un truc plus fort.
Ce qui m'a fait basculer, vraiment, même si j'avais une conscience de ce que j'avais, un problème de dépendance qui s'accrochait. C'est quand je suis parti dans les Landes pour un boulot. J'ai eu une mutation professionnelle et en février de cette année-là, je reçois un coup de fil de mon père qui m'annonce que maman a fait une embolie cérébrale.
Là, ça a été la descente aux enfers. Quand je dis descente aux enfers, c'est que là pour moi, je me suis réfugié vraiment dans l'alcool pour déjà essayer d'anesthésier la douleur que j'avais, parce que j'avais une forme de culpabilité, de me sentir impuissant face à sa maladie. Puis, après son décès, je crois que là, ça a été le début vraiment de la grosse, grosse, grosse descente aux enfers.
Et là, ça a été des très grosses périodes de blackout (trou noir). Le matin, j'avais besoin de ça pour démarrer. Au boulot, je picolais, je travaillais, j'étais patron sur des stations-service autoroutières, donc à l'époque, on pouvait encore avoir de l'alcool. J’allais chercher une bouteille de whisky, comment dirais-je, dans les rayons, je me mettais la misère. J'avais toujours des copains qui venaient, des collègues qui venaient, on prenait l’apéritif. Je faisais mes repas au whisky, je faisais… mais j'étais raide, raide, raide. Le lendemain, je remettais ça. Je rentrai en voiture, toujours, complètement déchiré. Et puis ça, ça a été comme ça, une vraie descente, on va dire, pendant quatre ans. Ça m'est arrivé de boire de l'eau de Cologne aussi, parce que j'avais de plus en plus rien à boire chez moi.
La consommation exagérée a eu des impacts sur mes relations affectives parce que bon, rester avec un alcoolo, ça ne donne pas envie en fait. C’est des impacts côté professionnel parce que je me suis fait licencier parce que je n’allais pas au boulot, je n’étais pas capable de me lever à la fin si, je me suis fait foutre dehors de chez moi parce que bon, en fait, l'alcool ça coûte cher et quand on vit au-dessus de ses moyens et qu'on paye plus son loyer, ben je me suis fait foutre dehors, j’ai connu trois jours la rue.
Le problème de l'alcool, c'est que tant qu'on n'a pas accepté de baisser les bras, de se dire, je prends souvent l'exemple d'un poids lourd et d'un poids léger, moi, j'étais le poids plume en fait et puis je remontais sur le ring et j'avais la face à moi un poids lourd qui était l'alcool, mais chaque fois, je prenais une danse. Mais tant que je n'avais pas compris que je ne devais pas remonter sur ce ring et accepter que j'avais perdu toutes maîtrises de vie à un moment dans ma vie. C'est l'alcool qui a dirigé mes choix, mes actions et ma vie, quoi en fait.
Et puis, il y a eu un soir du 31 décembre, à un moment dans la soirée, je ne sais pas pourquoi, j'étais en boite, il faisait froid, je me vois encore, c'est la seule image dont j'ai vraiment un souvenir. Je me vois sortir de cette boîte. Il devait être trois, quatre heures du matin en chemise, il faisait très froid, là Black-out (trou noir) complet. Ce sont des amis qui m'ont ramené, ils m'ont veillé toute la nuit. Il y a eu aussi une amie de cette époque-là, qui m'a appelé et qui me dit « Olivier, tu sais, il faut que tu fasses quelque chose parce que sinon on sera plus tes amis, nous, on peut plus te voir comme ça on peut plus, on peut plus, on est impuissant face à ça on ne sait pas comment t'aider, mais il faut que tu fasses quelque chose ». Elle m'a dit qu'il y avait justement des associations de groupes de parole qui pouvaient m'aider.
J'avais deux choix : vivre ou crever. Le terme, il est fort, crever, mais c'est comme ça que j'allais finir. Je n’allais pas mourir, j'allais crever. Parce qu'on en crève de l'alcool et on en crève tout seul avec sa bouteille. Donc, moi, je n’avais pas envie, j'avais envie d'essayer de vivre, mais différemment, et donc j'ai pris mon courage à deux mains. Il y avait une permanence téléphonique, j'ai appelé cette association. Je pense que j'ai dû rester pendant 2 heures au téléphone avec un ami au bout du fil qui m'a écouté pendant 2 heures, et j'ai pu raconter un petit peu mon histoire ou quoi que ce soit. Puis, il m'a dit « tu sais Olivier, il y a, il y a des réunions qui existent avec des groupes de parole. » C'était la première fois que je crois que je parlais de mon problème de consommation, même si mon inconscient et mon conscient savaient que j'avais un problème de consommation et de non-maîtrise de ma consommation. C'était la première fois que j'en parlais librement avec quelqu'un qui était dans l'écoute.
Pour moi, l'image de l'alcoolique, c'était l'image que je ne voulais pas franchir et c'était ma barrière. C'était le clochard, c'était finir sur la bouche d'égout, pas lavé, mal rasé, enfin bref, dans un état de déchéance, marginalisé, complet. Et, pour moi, j'avais l'impression que dans cette réunion, je n'allais voir que des gens comme ça. Je ne m’identifiais pas à eux.
Et donc, j'ai demandé à cet ami qui m'avait appelé et à son mari de bien vouloir m'accompagner. Ils sont venus avec moi et on a poussé, j'ai poussé, cette porte qui pesait une tonne et là, j'ai trouvé des gens autour d'une table, des gens normaux, mariés avec des enfants, mais qui avaient tous le même problème, c'est à dire qu'ils avaient un problème de consommation d'alcool exagéré qui étaient tous alcooliques.
C'est une maladie, il y a des moyens pour freiner la maladie, pour ralentir la maladie et la consommation. Le plus dur, c'est de ne pas rester seul, c'est d'oser en parler et d'avoir le courage parce qu'il faut du courage pour se sortir de cette stigmatisation.
J'ai eu l'impression d'avoir une vingtaine de paires d’yeux, mais des yeux d'amour en fait. Un regard d'amour en me disant « Olivier, viens, t’es en sécurité, on t’accueille, t'es le bienvenu et tu es la personne la plus importante ». C'est ce que je cherchais depuis des années dans ma consommation exagérée. J'étais emmené dans cette spirale d'amour, dans cette spirale de compréhension, dans cette spirale de non-jugement, parce qu'en fait, je me suis identifié à eux, parce que de temps en temps, quand ils racontaient leur vie, j'ai l'impression qui racontait la mienne.
Alors, je ne dis pas que le sevrage a été facile, bien au contraire, c'est compliqué, parce qu'à l'époque, moi, j'ai fait un sevrage brutal, zéro consommation du jour au lendemain. Heureusement, mon médecin était là, donc tremblements, délirium (confusion temporaire), crises de suées et compagnie. Il y a eu des médicaments aussi pour m'aider, des antidépresseurs pour m'aider à ne pas reprendre ce premier verre, mais je me disais, mais comment je vais faire pour être heureux sans ma copine ? C'était la bouteille, ma copine. Donc, petit à petit, petit à petit, 24 h par 24 h, en acceptant de suivre ce programme de rétablissement, en acceptant de travailler sur moi. Dans mon parcours de rétablissement, si on n'est pas honnête avec soi-même, ça ne marche pas.
J'ai commencé à voir la vie différemment et me dire que c'était possible, c'était possible d'avoir une vie heureuse, sans consommer, j’ai enquillé les années, et la première année, et puis la deuxième année, et puis la troisième et la quatrième. Et puis ça va bientôt faire, je dirai, au mois de janvier, ça fait 30 ans, 30 ans que je ne bois plus.
J'étais jeune, j'ai eu cette chance aussi d'arrêter de poser mon verre jeune. J’avais 32 ans, donc j'avais toute une vie à construire. Et puis voilà, petit bonhomme allant, je me suis marié, j'ai eu des enfants, j'ai divorcé, j'ai le quotidien, je me suis remarié. Donc là, j'ai plus d'enfants. Je suis grand-père.
Aujourd'hui, je suis heureux, j'ai une vie qui me remplit, je suis heureux dans ce que je fais. Je suis épanoui. Voilà. Et ça peut marcher. Mais surtout, il faut oser en parler.
Conclusion :
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Hélène : « J'ai touché le fond pour mieux remonter »
Durée: 10 min
Introduction :
Avec l'alcool, on peut parfois se sentir dépassé. Alors comment s'en libérer et reconstruire une vie plus équilibrée ? C'est l'histoire d'Hélène qui, très jeune, a développé une addiction à l'alcool, l'exposant à des violences qu'elle n'aurait pas dû subir. Aujourd'hui, elle se sent bien. La persévérance a été sa force.
Et si trébucher permettait aussi d'avancer ?
Hélène :
Je me suis rendu compte que j'avais un problème avec l'alcool un peu après la rupture avec le père de ma fille. Mais, quand je refais le film sur mon parcours, je pense qu'il y avait déjà un problème dès les premiers contacts avec l'alcool à l'adolescence. Je m'en étais pas rendu compte à l'époque, mais la sensation d'ivresse dès les premières bières que l’on prend avec les copains ados, il y a quelque chose qui s'est enclenché et je pense que ça a commencé là.
Je n'ai pas fait de dépression après ma séparation, c'est juste que le soir, en rentrant du boulot, justement, je me prenais une petite bière en récompense. Puis ça a dégénéré sur trois, six à douze bières. J’ai oublié ma fille à l'école plusieurs fois, elle a fini par être placée. J'ai perdu mon emploi, j'ai eu d'autres compagnons, mais que des relations toxiques, violentes, des problèmes de justice. Ça a entraîné beaucoup de mauvaises choses.
Le plus gros de ma consommation, c’est que je me levais le matin, je ne buvais pas un mug de café, je buvais un mug de n'importe quoi, peu importe le flacon. Du moment que ça coûtait pas cher et que c'était très alcoolisé, je pouvais acheter un cubi de cinq litres et le boire dans la journée.
Comme je buvais à l'excès, je me mettais dans des situations pas possibles qui se terminaient des fois en bagarre. J'ai été hospitalisé en urgence plusieurs fois, jusqu'à ce qu'on me trouve une place en cure de désintox.
La première a été à la demande d'un tiers, mon hospitalisation, ce sont mes parents qui l’ont demandée. C'était plus pour me sauver la vie, parce que sinon, je pense que je serais morte. Je suis partie en cure, j'ai rechuté pratiquement tout de suite, en sortant, puis, ça a été des étapes. Moi, je me disais tout le temps, il faut que j'arrête, il faut que j'arrête, c'était tout le temps, me retrouver des fois où j'avais résisté, en me disant non, là, tu ne vas pas boire, tu ne vas pas boire et finalement, je me retrouvais devant ma bouteille et je me disais « mais vraiment t'es bonne à rien quoi ». Ça, c'était dur de se dire, j'y retourne quand même.
Donc j'ai fait plusieurs cures avec en continu un suivi par un psychiatre, une petite béquille médicamenteuse aussi. J'ai eu des rechutes très fortes. Il y a un moment où j'avais l'impression d'avoir deux voix en moi, une voix qui me disait « tu vas t'en sortir, tu vas-y arriver » et une autre qui me disait « tu n'en as rien à foutre, qu'est-ce que ça peut faire ? tu es libre, tu fais ce que tu veux. Tu as envie de picoler ». Et donc, quand je faisais une cure et que je rechutais, je me voyais faire, il y avait toute la culpabilité : « Tu es qu'une merde, regarde ce que tu fais, tu as ta fille qui est placée, tu n’as plus de boulot, tu as la moitié de la tête violette », parce que je m'étais battue, je m'étais fait casser la figure, donc je me disais que j'étais une merde. Du coup, je buvais encore plus et c'était de l’automutilation, de l’auto-sabotage. Moi, je rechutais dur, après les soins.
Même s'il y a eu des rechutes, chaque fois, c'était une étape de franchie. La quatrième cure, c’est elle qui a été décisive. Je pense qu’il y a eu plusieurs étapes de franchie, mais la dernière, c'est moi qui ai demandé à l'aide. Je n’ai pas été hospitalisé d'urgence, c'est moi qui ai appelé les urgences en hurlant, en leur disant « ça fait quinze jours que je bois là, je vais mourir si vous ne venez pas me chercher, je vais mourir. »
Je me souviens de la phrase du monsieur, un en particulier qui m'a dit : « Ne vous inquiétez pas, on va vous prendre en charge. Tout va bien aller maintenant. » Peut-être que lui aussi, il a enclenché quelque chose et que ça a été un des déclics aussi cette phrase-là. Ils sont venus me chercher, j'étais hospitalisé, ils m'ont emmené en cure et cette fois-ci, j'ai sympathisé avec personne.
Je suis restée seule pendant ma cure pendant un mois. J'ai fait une grosse introspection, j’ai commencé à m'occuper de moi au lieu de m'éparpiller sur les autres, et aussi, à cette cure-là, il y a eu un fameux déclic dont parlent les gens. Un premier déclic où j'étais dans un jardin. J'étais en train de repiquer des carottes dans la terre, y avait un petit potager et d'un coup, comme si ça me tomber dessus, je me suis aperçue que je me sentais bien, j'étais au soleil, les mains dans la terre et je me suis dit mince, je me sens bien et je n’ai pas bu. Il y a quelque chose qui s'est enclenché. J'ai cultivé ce truc-là après et j’ai essayé de trouver comment me sentir bien sans boire. Donc j'ai fait des activités thérapeutiques, j'ai fait de la musicothérapie, j'ai fait l'équithérapie.
Moi, ça m'a donné beaucoup confiance en moi, l'équithérapie., ça a réveillé pas mal d’émotions, justement, j'ai travaillé là-dessus aussi parce que pendant toute mon addiction, je ressentais que de la colère, la colère, je ne savais pas être triste, je ne savais pas avoir peur. Je savais qu’être en colère.
Je pense que l'addiction, l'alcoolisme, c'est la maladie des émotions. Il y a une souffrance qu'on n'arrive pas à dire. Du coup, on va l'endormir avec un pansement infecté qui est l'alcool. Il y a des choses qui m'ont prouvé aussi que j'étais sorti d'affaire. Ça a été le décès de mes grands-parents. Mes grands-parents sont décédés pratiquement coup sur coup.
J'étais triste, j’ai été triste, mais en même temps, j'étais heureuse d'être triste. J'ai accueilli cette tristesse sereinement alors que je n’avais jamais ressenti de tristesse, je l'endormais directement en buvant. J'étais heureuse d'accueillir cette tristesse-là. Ça a été une étape aussi. Je me suis dit tiens, je peux passer cette épreuve-là, sans rechuter, sans replonger.
Là où je me suis dit, je m'en suis sorti. C'est quand j'ai fait ma première soirée à l'arrêt de l'alcool. Je me suis isolée, je faisais plus de soirées, je ne recevais plus personne, je sortais plus. Il y a un soir, on a fait une soirée avec des copines qui, elles, buvaient sans être complètement saouls.
Et moi, j'ai passé quand même une bonne soirée, je n’ai pas bu une goutte d'alcool, je me suis aperçue que je m'étais éclaté avec les filles, et là, je me suis dit, je tiens le bon bout !
J'ai retrouvé du boulot, je me suis fait une bande de copines qui étaient mes collègues et ce sont elles qui m'ont initié, re-initié aux apéros entre copines, aux sorties en boîte. Je n'avais jamais eu de bande de copines en vérité. Donc là oui, je suis sortie avec des copines qui m'ont permis de voir que, oui, je pouvais autant m'éclater avec elles sans avoir bu une goutte d'alcool.
J'ai pu re fréquenter des gens et me sentir bien et voir que je pouvais avoir des conversations intéressantes, être drôle, ne plus avoir peur du ridicule, chanter, danser. Même si je chante faux, je m'en fous. Je n'ai pas besoin d'être bourrée pour ça. J'ai découvert l'amour à 46 ans.
Un jour, ma fille m'a dit parce que je lui avais dit : « tu sais, tu as vécu des traumatismes quand même. T'as vu des choses que tu, n’aurais pas dû voir, ta mère complètement saoule par terre », et elle me dit : « tu sais maman, je ne changerai pas, si on devait refaire, je ne changerais pas une virgule parce que c’est ça qui fait de nous ce qu'on est devenues, ce qu'on est devenues aujourd'hui ».
J'aurais pu rester plein de fois, j'aurais pu tout perdre. Et je suis là, c'est ça qui m'a construit. Elle a 27 ans, elle a un bébé qui est né il y a deux mois. Maintenant, je suis mamie depuis deux mois. Elle a une très bonne situation donc, je suis fière. Je me dis qu'avec ce qu'elle a vécu, elle aurait pu mal tourner, ça aurait pu mal se passer pour elle, puis, elle a une très belle situation, une très belle vie. On a une très bonne intimité, on parle beaucoup.
On peut s'en sortir, j'en suis la preuve vivante qu'on peut avoir des hauts et des bas. On peut toucher le fond. Moi, à chaque fois que j'ai touché le fond, j'ai mis un bon coup de pied dans le fond et justement, je suis remontée.
Conclusion :
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Baptiste : « A 24 ans, j'ai vécu un nouveau départ »
Durée: 11 min
Introduction :
Avec l'alcool, on peut parfois se sentir dépassé. Alors comment s'en libérer et reconstruire une vie plus équilibrée ? Être addict à l'alcool jeune, ça arrive. C'est le cas de Baptiste Mulliez qui l’a été entre ses 18 et ses 24 ans. Dans son quotidien, tout était lié à l'alcool. Ses émotions, ses habitudes. Aujourd'hui, Baptiste à le regard tourné vers l'avenir.
Comment a-t-il appris à se passer de cette béquille ?
Baptiste :
J'ai commencé à boire comme tout le monde, en soirée, le week-end. À l'âge de quatorze /quinze ans, et très vite, j'ai vu l'alcool comme quelque chose qui allait m'apporter des choses positives. Ça allait m'emmener dans un monde de Bisounours, un monde idéal, avec de l'euphorie, de l'intensité et un alcool capable de me donner des superpouvoirs.
Au début, c'était le week-end, festif, entouré de potes. Mais dès ma première gorgée, dans des contextes festifs, je n'ai plus jamais su faire la fête sans boire. Je n'ai plus jamais su arriver sobre à une soirée, tout est devenu rapidement un art de vivre dans l’alcool avec des passages incontournables comme le before où on faisait du binge-drinking (consommation excessive et rapide d’alcool).
Si je fais une fois quelque chose sous alcool, ensuite, je ne sais plus le faire sans. Par exemple, faire un date, jouer au foot, voir untel, face à la tristesse, face à l'angoisse et petit à petit, je suis devenu dépendant à de plus en plus de situations, de personnes, d’émotion et voilà, ça prend de plus en plus de place.
Et puis, petit à petit, je n'ai plus jamais su faire plein de choses sans boire.
L'alcool a eu de gros impacts négatifs dans ma vie. Un des premiers, c'est peut-être ma déscolarisation, je perds un intérêt total dans mes études. Suite à la mort de mon papa aussi, qui est un drame et qui a peut-être été comme une brise sur un feu de forêt. Ça a allumé, ça a amplifié tout ça.
La place que prend l'alcool dans ma vie à 19 ans, c'est soit je bois, soit je suis en gueule de bois. Il n'y a plus rien d'autre. Et d'ailleurs, à 19 ans, mon seul et unique intérêt, c'est de sortir, mais pas sortir pour être en communion, en connexion avec l'autre. C'est sortir parce qu’il va y avoir de l'alcool, parce que je vais avoir ma dose.
Donc tout ce qui est blackout (trou noir), binge drinking (consommation excessive et rapide à l’alcool), mise en situation dangereuse, va être de plus en plus tolérant à l'alcool. Toutes ces choses-là, je ne le vois absolument pas comme un problème parce que je m'entoure déjà de gros buveurs. Aussi, parce qu’aujourd’hui, il y a beaucoup de choses qui sont normalisées et moi, je n’ai pas suffisamment été sensibilisé sur les risques pour entendre que ma relation à l'alcool n'était pas si saine que ça.
J'ai commencé à boire à quatorze / quinze ans et j'ai arrêté à 24 ans. J'ai tellement idéalisé l'alcool aussi que je refusais de voir que neuf fois sur dix, ça se passait mal.
C'est terrorisant d'envisager d'arrêter de boire, vu que j'ai l'impression que c'est l'alcool qui me fait vivre. Alors, j'ai fait des tentatives d'abstinence qui duraient peut-être une semaine, dix jours. Je me disais en fait, tu sais te contrôler, donc ça suffit maintenant, les potes, la famille, arrêtez de me souler avec vos histoires. Je ne suis pas dépendant.
Et puis surtout, j'étais aussi dans ce schéma où l'addiction jeune, pour moi, ça n'existait pas. Dès que je me prouvais à moi-même que je savais ne pas boire pendant cinq jours, je me disais, mais en fait, je n'ai pas de problème. Un alcoolique, c'est quelqu'un qui boit tous les jours. Donc là, cinq jours d’arrêt... Et là, je recommençais à boire et je voyais bien que quand je commence, je ne sais pas m'arrêter. Et surtout la frustration qui avait, qui ressortait, qui ressurgissait, il fallait rattraper le temps perdu... J’engloutissais !
J'ai pu commencer ce chemin de la reconstruction grâce à ma maman. C'est grâce à ma maman qui finalement n'a jamais perdu confiance, elle a toujours gardé la foi, elle m'a petit à petit tendu des bouées de sauvetage, notamment en me parlant des Alcooliques Anonymes, mais que mon alcoolisme détruise aussi les gens que j'aime et que je prenne conscience de la souffrance causée à ma maman, ça a commencé à faire tilt, ça a commencé à faire bouger les lignes et je me suis dit bon, essaye à nouveau, essaye de faire quelque chose.
On a beaucoup de petits déclics, de petites prises de conscience, de tentatives d'arrêt qui marchent peut-être, ensuite, ça foire, il y a des écarts. Peut-être qu’on va entendre la même phrase à quelques semaines ou quelques mois d'intervalle, et la phrase va nous percuter autrement six mois après, et on chemine. Moi, je n'ai pas eu un déclic, j'en ai eu peut-être des centaines, mais à chaque fois, quand se pose la question boire ou ne pas boire, pour les autres, ça paraît si simple.
Au début, je l'ai fait pour ma maman et au bout de quelques jours, quelques semaines après avoir accepté les soins, d'aller aux Alcooliques Anonymes, d'aller voir des addictologues, des psychiatres, de tester de nouvelles choses, je me suis approprié mon combat et il est devenu mien. Et là, j'étais terrorisé, J’avais tellement peur, j’étais terrifié à l'idée d'assister à un groupe de parole.
Qu'est-ce que je vais trouver derrière cette porte ? Est-ce que j'ai vraiment ma place ? C'était terrifiant. Mais, quel bonheur de trouver un endroit où je peux me montrer vulnérable, où je ne vais pas être jugé, où je vais être écouté, vu, entendu, et où je vais pouvoir abaisser mes masques, parler sans filtre. Quel soulagement de se sentir moins seul en fait. Puis je voyais des gens qui avaient trois ans, cinq ans, dix ans d'abstinence, qui étaient encore là et qui me regardaient avec leurs yeux lumineux, leur énergie, leur paix intérieure.
Je me disais, mais si eux y arrivent, peut-être que moi, je peux y arriver aussi. Donc, ça a été vraiment au travers de cette identification, se sentir compris, moins seul. Là, ça a aussi débloqué des choses. Ça me permettait aussi de me recentrer sur ma priorité qui est « tiens 24 heures, fais de ton mieux pour tenir 24 heures et si t'es capable de tenir 24 heures, tu peux le refaire demain. Mais ne pense pas à trop loin. Recentre-toi sur un espace-temps où tu arrives à te faire confiance et si c'est cinq minutes par cinq minutes, fais cinq minutes par cinq minutes. »
Après, j'ai eu un accompagnement psychologique parce que j'ai eu ce désir de comprendre, de mettre un peu plus de lien, de sens, de conscience dans ce combat. Moi, je vois la thérapie comme une rencontre parce que pendant des années, j'ai tabassé le vrai Baptiste à coup de shot. En thérapie, petit à petit, j'ai fait la découverte du véritable Baptiste, j’ai accepté sa sensibilité, ses angoisses, ses peurs, ses doutes et j’ai essayé, du mieux que je pouvais, d'avoir un peu plus d'amour-propre.
Parce que si j'ai un peu plus d'amour-propre, j'ai moins de raison de me détruire dans l'alcool.
Mes premiers mois d'abstinence ont été un peu la traversée d'une petite mort. C'était fade, sans envie, sans vie. J'étais en gueule de bois sans avoir bu et je me disais, mais c'est encore pire que quand je bois, à quoi ça sert l'abstinence ? à quoi ça sert ? on me promet de la positivité, on me promet de l'énergie. Moi, je n’ai pas tout ça.
Heureusement que j'avais les Alcooliques Anonymes et des choses en place pour me recentrer et me faire tenir jour après jour. Au bout de, je dirais trois mois, j'ai recommencé à sentir les choses. Et ça, c'est peut-être quelque chose dont je n'avais aucune conscience, et donc, au bout de ces trois mois d'abstinence, quand je me rends compte que j'arrive à voir le ciel, que j'arrive à être empathique envers l'autre, à me souvenir de ce qu'on me dit, le goût du café, du thé le matin, il a un goût différent. Tous mes sens sont en éveil à nouveau. Et là, je me suis dit, tu es peut-être sur le bon chemin. Et donc j’ai continué.
Ça fait plus de huit ans maintenant que je n’ai pas pris une goutte d'alcool et je regrette absolument pas mon choix. Ce n’est pas rose tous les jours, mais ça vaut le coup. Ça vaut le coup d'embrasser cette vie et de m'autoriser de passer à l'âge adulte. On est tous en évolution, donc je dois accepter d’évoluer, la vie va m'apporter à nouveau des épreuves. Il faut que je sois prêt à me renouveler pour affronter, ces épreuves. Et les affronter, en fait, les traverser, ne plus les fuir et ne plus les anesthésier.
Conclusion :
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Didier : « L'entraide a joué un rôle déterminant »
Durée: 11 min
Introduction
Avec l'alcool, on peut parfois se sentir dépassé. Alors comment s'en libérer et reconstruire une vie plus équilibrée ? Didier, chauffeur routier à la retraite, a vécu des années avec l'alcool comme compagnon de route. Une source de souffrance pour lui et pour sa famille qu'il est parvenu à dépasser après plusieurs essais et avec l'aide précieuse de l'association Espoir Amitié Hennebont.
Et s'il fallait plusieurs déclics pour changer ?
Didier :
J'ai toujours eu un problème avec l'alcool, c'est à dire que quand je commençais à consommer, je n'avais pas de limite. Au début de ma consommation, c'était festif et plus ça allait, plus je devenais nerveux. Le moindre petit truc, je partais dans une colère. Et puis il fallait que je balance tout.
J'ai commencé à consommer j’avais 17 ans. Et là, forcément, le salaire tombe tous les mois. Donc on est un homme, donc le paquet de cigarettes dans la poche de la chemise. Et puis on boit comme un homme. Moi, j'étais quand même d'une nature timide, donc ça m’aidait, ça me donnait des ailes, on allait chercher des femmes à danser. Mais le problème, c'est que je n'arrivais jamais à arrêter, donc ça prenait des ampleurs pas possibles. Petit à petit, l'alcool a pris une plus grande place dans ma vie. Mais malgré ça, j'ai trouvé ma femme et là, j'ai diminué un peu pendant cette période-là quand même, où on a eu un enfant deux ans après. Mais ça a repris très vite, très vite.
Je savais bien que je vivais quelque chose de pas normal, que je consommais trop, ça c'est sûr, et que ce n'était pas une vie normale, que je faisais souffrir aussi ma femme, mon fils. J'étais chauffeur routier, donc en plus, je m’alcoolisais surtout le soir au restaurant. Quand j'arrivais le week-end, bon je promettais à madame que j'allais rentrer directement du boulot. Et puis malheureusement, je m'arrêtais toujours dans le même bar. Je retrouvais mes potes là-bas, et puis là avec l'alcool, il n’y a plus rien qui comptait.
Et donc, à l'âge de 40 ans, là j’étais vraiment arrivé dans un stade où l'alcool prenait presque plus que le dessus Un lundi j'en avais vraiment marre. J'avais beaucoup bu et je ne travaillais pas. Je me suis dit là, je vais voir mon médecin, il va falloir faire quelque chose. Cette médecin, c'était une dame. Bah elle m'a écouté quand même, elle m'a beaucoup écouté, elle m'a donné des médicaments. J'ai dit bon, il faut que j'arrête parce que là je vais dans le trou et elle m'a donné le numéro du centre addicto et je pense que là ça a été, voilà je comprends. On parle souvent de petite graine qu’on plante. C’est même plus une graine, je crois que c’est un plant qu’elle a planté.
Et de là, j'ai pris rendez-vous au centre addicto, j'ai pris mes médicaments et j'ai dit stop. Et je suis resté abstinent, sobre : je n'ai pas bu d'alcool à partir de ce moment-là. Alors je n'étais pas bien malgré mes médicaments, il y avait le manque, il y avait les tremblements, il y avait la transpiration.
Mais petit à petit, donc j'ai eu rendez-vous la semaine d'après avec un médecin addicto qui lui m'a donné des médicaments en plus. Et comme, j'avais été sevré, la période de sevrage physique, c’est à peu près huit jours, donc physiquement j'étais sevré et cela a duré un an et demi et au bout d'un an et demi, malheureusement, j'ai repris une coupe de champagne à l'anniversaire de ma sœur et on m'a dit qu’avec tout le temps que j’avais passé sans alcool, que je pouvais me permettre.
Et puis moi aussi j'ai réussi à me mettre dans la tête que finalement, qu’un demi-verre de champagne ça ne pouvait rien faire . Le soir même, ça ne m’a rien fait. Sauf que le lendemain, on a pris une bière, deux bières, trois bières et on est reparti comme avant. Et je suis resté cinq ans comme ça.
Et forcément, plus ça allait, plus je m'enfonçais.
Il y a le moment où, quand je buvais même à un repas où c’était de la rigolade, ça se passait bien. Et puis il y a un moment où ça dépassait certainement les bornes, ou une réflexion ou un mauvais regard aurait pu me changer. Puis j'allais dans la violence, je me suis levé de table et j'allais bousculer.
C’est resté aux coups de poing, mais voilà quoi, j’en ai ramassé aussi quand même pas mal. C’était plus moi. Et des fois on me disait ce que j'avais fait. Je disais c'est pas possible parce qu'il y a des fois où on oublie tout. Il n’y avait plus rien qui comptait, que picoler.
Vous savez, j'étais sur l'autoroute avec le camion. Il y a des fois où quand le soir on consommait quand même plus que de raison, le matin. Alors je me refusais de boire en roulant, je n’ai jamais bu en roulant. Mais le matin, forcément, il y avait quand même ce qu'il fallait. Mais quand l'alcool partait, eh bien j'étais mal, j'étais tremblements, transpiration. Il y a des moments où j'étais tellement faible, que je pensais que j'aurais fait un malaise au volant. Et ça, c'est pas terrible non plus. Et il y a des moments où je voyais les piles de pont et je me disais, un petit coup là-dedans et puis on en parle plus.
Et là je me suis dit ça y est, Didier, c’est fini tes conneries. J'avais fait une dépression entre temps, donc j'avais ce qu'il fallait en médicaments. J'ai donc avalé tous les médicaments, l'alcool par-dessus.
Donc je me suis réveillé aux urgences, je ne savais pas où j’étais, j'avais du blanc partout et il y a une infirmière qui m'a quand –même tapé sec en me disant que j'avais plus trois grammes d'alcool dans le sang, que ce n'était pas normal. Et puis là, oh là là, ça m'est tout revenu. Je dis là madame, c'est fini, elle reviendra pas.
Et puis je savais plus quoi faire. Je me suis dit je vais tout perdre. Et Madame est venue. Et puis là, comme la première fois, je me suis juré de ne plus consommer. Et le lendemain, il y a un pompier qui m'a appelé aussi, qui était venu me chercher en me demandant comment ça allait. Et là aussi, ça a été un plus, où il m'a dit que c'était pas tout à fait une TS (tentative de suicide), c'était plus un appel au secours, que j'en avais ras le bol de cette vie et puis qu’il fallait mettre un terme. Et ça aussi ça m'a touché quand même.
J'avais quand même d'autres raisons de vivre aussi. Des raisons de vivre et de vivre bien. Et donc à l'association (Espoir Amitié Hennebont), j’y suis allé le premier vendredi, c'est vrai que c'est pas facile de franchir la porte et ça fait 19 ans passés maintenant. L'association m'a beaucoup aidé. Puis la seule solution c'est de rester abstinent. Moi j'avais plus que cette solution là parce que je sais bien que si je reprenais un verre, c'était impossible pour moi parce qu'avec un demi verre, j'avais déjà replongé. Alors en reprenant même un verre, en mangeant comme je l'entends quelquefois aussi « un verre en mangeant, c'est bien ». Je sais que je peux pas puisque automatiquement il y aura un deuxième, un peu comme la tablette de chocolat. Alors on prend un petit carré, forcément. Je prends le deuxième. Et puis j'ai du mal avec ça, là c'est pareil. Si je prends un carreau, la tablette y passe. Parce que peut être que je suis plus allé vers l’addiction que vers autre chose.
Il va falloir être vigilant parce que ben voilà, ça peut arriver à des gens de 20 ans qui rechutent, je sais pas pourquoi 20 ans, c'est une période où j’ai l’impression que c'est un palier. Alors ça, ça s'apprend aussi. Je sais que j'ai perdu ma maman il y a 13 ans, donc j'avais sept ans d'abstinence et je m'étais préparé.
D'ailleurs, on me l'avait dit. Je sais, faut toujours se préparer à avoir quelque chose de dur dans la vie. Ta vie c'est pas un long fleuve tranquille et il faut être prêt quand quelque chose de dur arrive, soit soudainement, soit préparé. Ma maman était malade donc je savais qu'un jour elle serait partie. J'avais peur. Ce jour-là, je n'étais pas trop armé non plus. Une maman, c'est une maman. Et puis non, ça s'est bien passé. Je me disais c'est pas parce que je vais reconsommer qu’elle va revenir. Et puis en plus, si on me voit re consommer, elle ne serait peut-être pas contente. Et ça, ça m'a tenu aussi.
Mon épouse, elle, est venue aux réunions mensuelles, c'est une réunion avec un thème. Et une dame qui était là m'avait dit c’est ton épouse ? elle m’a dit si elle t'accompagne dans les réunions, tu verras ce sera beaucoup plus facile pour toi. Je lui ai dit oui certainement. Et c'est vrai que dans ces réunions-là, ma femme, elle a déculpabilisé aussi parce que souvent, ce qu'on entend, et c'est vrai, les accompagnants ils culpabilisent beaucoup et ça a fait qu'on a pu parler de la maladie à la maison alors qu'avant on n’aurait pas pu.
J'avais été abstinent un an et demi. et on n’a jamais parlé de maladie, c'est que j'avais changé et point barre. La deuxième fois on pouvait parler de cette maladie et ça, ça a été un grand pas aussi. C'est mon gamin aussi qui, quand j'ai arrêté, il a mis du temps à revenir vers moi parce que lui m'en voulait beaucoup et lui me disait tu ne te rends pas compte que j'ai jamais pu amener de copains à la maison.
On ne savait jamais comment t’étais, ni comment t’allais arriver. Et ça, moi j'y ai jamais pensé. Mon fils, il arrivait à 20 ans environ, et je l'avais pas vu grandir, alors j'étais pas à la maison de la semaine c'est vrai, il y avait la maison qui prenait beaucoup de temps aussi.
Mais, quand je vois des papas maintenant qui s'occupent de leurs enfants. J'ai loupé, zappé toute cette période-là par rapport à l'alcool. Il en a 42, maintenant ça va mieux. Il n’a peut-être pas oublié, certainement pas, mais ça va mieux. Quand je mets quelque chose sur Facebook, souvent il le partage. Donc voilà, je pense qu'il n’a pas honte de son père.
Ça m'a permis de faire des choses de moi-même, pas guidé par l'alcool, tout ce que je faisais c'est moi qui le faisais.
Je suis plutôt content d'aider les autres quand on voit que j'ai réussi, quand on voit que je continue à avancer. Et content aussi d’avoir plein de projets. Voilà.
CONCLUSION
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Que faire lorsque l’on doit faire face à la dépendance d’une personne que l’on aime?
Myriam, Sylvie et Stéphanie témoignent de l'addiction de leur conjoint
Myriam : « L’amour n’est pas la solution, mais ça a aidé »
Durée: 11 min
Introduction
Avec l'alcool, on peut parfois se sentir dépassé. Que faire lorsque l'on doit faire face à la dépendance d'une personne que l'on aime ? C'est l'histoire de Myriam qui a vu son quotidien peu à peu bouleversé par la dépendance de sa compagne. A travers son témoignage, nous découvrons une histoire d'amour et de résilience.
Et si, il était encore possible de retrouver un nouvel équilibre dans son couple ?
Myriam :
Dans mon entourage, la personne qui est touchée donc c’est mon épouse, je ne nous appelais plus un couple mais un trouple. Parce que l'alcool, c'était vraiment la personne qui venait s'incruster entre nous deux. On n’était pas deux, on était trois et il fallait toujours parlementer avec cet alcool. Il fallait faire attention à qu'est-ce qu'on allait faire pendant la journée ? Qu'est-ce qu'on allait faire pendant la soirée ? Faire attention à ne pas avoir d'élément déclencheur.
Quand on s'est connues, elle était déjà plus ou moins dans ce problème là, mais qui était un peu caché dans l'esprit un peu plus jeune, avec les fêtes, les problèmes de rupture, les problèmes familiaux qui donnaient ce déclic « ce soir, j'ai le droit de boire, j'ai le droit de faire la fête, j'ai le droit d'oublier. » Il était omniprésent, tout le temps. Et autant au départ, c'était quelque chose qui pouvait se faire que les soirées, voire même au tout début, que le week-end. Autant ça prenait de plus en plus de place. Je ne voulais plus trop répondre aux invitations que les amis pouvaient nous faire, parce que c'est à quel moment ça va dérailler, à quel moment ça va partir en cacahuète et comment on va faire pour rattraper la sauce ?
Alors chez elle, ça provoquait au départ une grande euphorie. Elle pouvait être rigolote, mais très vite, ça se transformait en animosité, en violence verbale, en rabaissement. J'étais sa cible privilégiée, forcément. Mais après, ça pouvait être envers tout le monde. Mon rôle à moi, c'était d'essayer de contenir, de contenir cette troisième personne. Avec un peu de honte, même beaucoup de honte, il faut dire ce qui est. Il faut composer et apaiser d'un côté, de libérer de l'autre de s'enfuir quelque part. Il y a eu deux soirées, on est partis, on est partis avec les enfants, on a été se libérer et puis ne plus penser à tout ça. C'est quand ça commence à un peu trop dérailler sur les enfants que là je me suis dit que j'étais plus capable. Les enfants n'avaient pas à vivre dans cet univers. C'est pas possible.
Il y a eu plusieurs périodes où je me suis dit « il faut que j'agisse ». Je suis passée par la case où je retire tout l'alcool de la maison. Plus une seule goutte d'alcool ne doit rentrer dans cette maison. Ça avait marché pas trop mal, mais c'était reculer pour mieux sauter. Il y a eu une autre période où c'était un mois avant le mariage, où je dis stop il n'y aura pas de mariage, ce n'est pas possible. Et là, il y a eu un nouveau stop impeccable elle s’était très très bien tenue. Elle avait très bien lutté contre la chose. Il y a eu la rechute au mariage terrible, terrible. Ça a été à la fois le pire jour de ma vie et le meilleur jour de ma vie.
Et puis après le mariage, je me suis sentie trop fatiguée pour combattre. J'étais tellement fatiguée qu'il y avait même plus de colère. Et cette fois-là, j'ai dit stop ! Stop ! Pour me protéger, pour protéger les enfants, pour que nous on puisse aller de l'avant. Stop. J'ai bien compris que c'est une maladie, mais un malade, quand il sait qu'il est malade, il se fait soigner, un malade, moi je veux bien l'accompagner s’il va voir le docteur. Et elle a été voir le docteur. Moi j'étais fatiguée, ma décision était prise. Il fallait qu'on s'en aille. Et là, elle me dit J'ai pris rendez-vous, j'attends qu'on me rappelle pour un rendez-vous. Et là, c'est une attente qui est interminable. Quinze jours / trois semaines où on se demande est ce que c'est pas demain la rechute ? Est ce qu'elle va réussir à tenir jusqu'à ce fameux rendez-vous qui l’amènera à l'étape d'après ? Ça, ça a été terrible. Et du coup, elle a été suivie après ultra régulièrement. Et puis ça s'est toujours très bien passé.
Moi, de mon côté, je me suis fait suivre aussi. Et puis on a rencontré aussi un thérapeute pour le couple, pour pouvoir aller de l'avant. Et la première chose que nous a dite la thérapeute quand elle nous a reçus en couple, c'est « on est ici parce que il y a eu un arrêt l'alcool et une prise en charge de l'alcool ». Oui ? Et ben on n’en parle plus. Sur le coup, ça a été ma grosse douche froide. Et quand est-ce que je m'exprime là-dedans ? Je l'ai trouvée complètement farfelue, je me suis dit, mais elle est dérangée cette dame, c'est pas possible, elle n’a pas compris pourquoi on venait. Quand on fait le bilan maintenant. Qu'est-ce que ça aurait apporté ?
C'est un chemin qui est très lourd pour la personne qui est alcoolique. Et mis à part rajouter tous, tous ces souvenirs qu'elle n'a pas et tant mieux pour elle, à la limite. Ça, ça l'aurait fait culpabiliser encore plus. Non, finalement, c'est vrai que ça n'avait pas sa place là où j'avais ma place moi, après, c'est de faire ma thérapie de mon côté pour évacuer tout le malaise ou toute l'aigreur et la rancœur que je pouvais avoir quand une personne alcoolique fait entre guillemets ses crises, elle s'en souvient pas derrière, elle s'en souvient pas.
Mais nous qui n'y sommes pas, c'est une double punition parce que on a eu cette crise et puis on doit pardonner quelque chose parce qu’ils ne s'en souviennent pas. Bah c'est pas grave, je m'en souviens pas. Passe au-dessus et ça c'est terrible. Nous, on a eu la chance d'avoir un amour qui soit plus grand que tout ce qui a été cassé, mais l'assiette quand elle est cassée, on a beau la recoller, il y a toujours des fissures et suivant les fissures qu'on a, et bien la colle que la personne alcoolique mettra pour s'en sortir ne sera pas suffisante pour le couple perdure.
Il y a des personnes pour qui c'est trop tard pour le couple, mais pas pour la personne. Quand on dit il faut que tu sois là pour la soutenir, t'as pas le droit de la lâcher maintenant. Mais qui peut dire ça ? Qui a le droit de dire ça ? Personne n'a vécu ce que les personnes qui entourent les alcooliques vivent. Personne.
Il y a des choses qui malheureusement, même si elles sont explicables, ne sont pas excusables.
On en a beaucoup parlé avec les enfants quand il y a eu cet arrêt, parce que c'est pas évident. C'est une période où on a essayé au maximum de limiter toutes les causes qui pouvaient mettre des frictions au sein de la maison. Donc tout le monde a pris un peu sur soi et puis essayer de temporiser un maximum de choses. Ils avaient tous besoin, je pense, de dialoguer à un moment, que tout le monde se sente libre de pouvoir s'exprimer comme il le veut, quand il le veut.
Alors ils ont fait attention devant elle au départ pour pas la frustrer, pour pas la choquer, pour pas la chagriner. Mais progressivement, maintenant on peut en parler tous, même avec elle il y a plus aucun souci, il n’y a pas de tabou. Et en plus ça leur montre, Attention, [l’alcool] ça peut être rigolo en fiesta, mais c'est quelque chose qui devient très très vite un poison.
Notre équilibre n’est pas encore tout à fait retrouvé. Je pense qu'il nous faudra encore quelques mois.
Quelque part, j'ai infantilisé [Nadège] pendant toutes ces années parce que du coup, je n'avais aucune confiance en elle pour s'occuper des enfants. Donc je m'arrangeais pour qu'elle s'en occupe le moins possible toute seule. Après il faut apprendre à donner un rôle, vraiment d'adulte et de parent à cette personne complètement. C'est une personne responsable et qui a besoin de ses responsabilités pour pouvoir continuer sa vie.
Et puis avoir pleinement tous les avantages de son arrêt de l'alcool, toute sa légitimité dans son rôle de parent et d'adulte à la maison.
Je ne me vois pas du tout pouvoir faire un repas ou autre et partager un verre d'alcool avec elle. J'aurais trop la crainte que tout recommence. Tout ce qu'on a gagné, toute cette sérénité qu'on a gagnée ; tout reperdre pour un verre à l'heure d'aujourd'hui, je suis pas prête du tout à le jouer et je ne sais pas si un jour je serai prête à le jouer tellement ça nous a fait de mal avant.
Alors aujourd'hui, les bénéfices que je peux retirer de cet arrêt de l'alcool, c'est retrouver ma compagne, ne plus à partager avec ce fameux alcool qui venait entre nous, la voir s'épanouir avec les enfants. Moi, mon objectif, c'est que mes enfants soient le plus épanouis possible, que ce soit avec moi comme avec l'autre parent. Donc effectivement, ça, ça joue énormément.
Et puis ce calme dans la maison. On est content de revenir au sein de notre foyer et de repartager ensemble.
Conclusion
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Sylvie : « Il faut parfois des ultimatums pour avancer »
Durée: 12 min
INTRODUCTION
Avec l'alcool, on peut parfois se sentir dépassé. Que faire lorsque l'on doit faire face à la dépendance d'une personne que l'on aime ? C'est l'histoire de Sylvie qui a dû vivre avec la dépendance de son mari pendant quinze ans et qui, au bout de tout ce temps, a trouvé le courage de poser des limites et d'enfin penser à elle.
Et si parfois, les décisions les plus difficiles étaient celles qui pouvaient changer le cours d'une vie ?
Sylvie :
Alors la personne de mon entourage, avec l'addiction, ça a été mon mari. Alors quand je l'ai connu, j'étais très jeune, j'avais 20 ans et c'était le garçon qui aimait bien faire la fête. Ce que l'on appelle aujourd'hui le bon vivant. A la maison, on buvait de l'eau et quand on faisait la fête avec les copains, c'était, on va dire alcool plus ou moins à gogo. Pour moi, c'était quelque chose de festif, c'était quelque chose de normal.
J'ai tenu un foyer sportif et alors là, c'était tous les soirs. Il rentrait du travail et il venait m'aider au bar. Et c'est là que ça a commencé vraiment. Les ivresses étaient vraiment très régulières. Pour moi, quelqu'un d'alcoolique, c'était quelqu'un qui était ivre. Ce n'était pas quelqu'un qui buvait trop. Donc quand il était ivre, je me disais Oui, il a un problème. Mais quand après il buvait ses doses pour être bien. Mais moi je ne me rendais pas compte qu'il avait bu peut être une certaine quantité. Et pour moi, il n'était pas malade. J'ai commencé à me rendre compte bien des années plus tard qu'il y avait un problème parce que là, c'était régulièrement les ivresses. Parce que qui dit ivresse quand on rentre à la maison, ben c'est on est malade. Qui nettoyait ? C'était moi. Alors en plus de ça, j'essayais de protéger mes enfants pour qu'ils voient le moins de choses possible. Sauf que on sait très bien qu'un enfant ça entend, si ça ne voit pas, mais ça entend. Mais moi, j'étais dans ma bulle. Je ne me rendais pas compte de ça à cette époque-là. Donc je nettoyais, et souvent, je lui disais il faut que tu arrêtes, il faut que tu arrêtes de boire.
Je te promets, je te promets. Lundi, après le weekend, j'arrête. Comme il ne buvait pas à la maison, pour moi, il buvait pas. Mais je pense qu'il prenait ses doses quand même. Ma famille à moi a commencé à nous faire rejeter. On nous invitait plus puisque chaque fois qu'on était invité quelque part, et bien chaque fois il y avait, on va dire une catastrophe. Il gâchait tout.
Et donc moi du coup, ben je ne voulais même plus sortir. Je suis arrivé que les fêtes de famille, ça devenait un calvaire quand on nous invitait bien sûr, et ça devenait un calvaire parce que je savais bien que ça allait se terminer pas bien. Et puis au fil du temps, il a commencé à avoir des factures impayées.
Parce que qui dit boire à l'extérieur, ça veut dire aussi dépenser de l'argent. Et il n’y avait que lui qui travaillait. Il était ouvrier d'usine à cette époque-là, on avait deux enfants, donc on avait des problèmes pour finir les fins de mois. Mais même pour arriver jusqu'au quinze, il y a des fois l'huissier, c'est arrivé qu’il vienne taper à la porte.
Vous savez, quand vous avez un huissier qui tape à votre porte et qu’il se présente, c'est une honte. J'ai tout mis en œuvre pour cacher. Voilà. Moi j'étais aussi dans ce qu'on appelle le déni. En fait, c'est ça. On imagine l'alcoolique, le gars SDF avec sa bouteille qui tient pas debout, qui bat sa femme. En fait, c'est les images que l'on a. Et moi je me refusais d'avoir un mari comme ça. Toutes les bêtises qu'il pouvait faire, je me mettais en quatre, en cinq pour pouvoir les réparer et pour que personne ne les voie.
Et puis ça a été une première alerte avec un retrait de permis avec l'alcool au volant. Et puis des analyses de sang mais des arrêts de travail aussi parce qu'il a commencé à avoir des accidents, des petits accidents de travail. Et ça, c'était sous l'emprise de l'alcool. Et plus ça allait, plus il y avait des problèmes on va dire.
Il est arrivé à un moment donné où il était tellement faible qu'il pouvait plus aller au travail. Mais il me mentait, il me disait qu'il partait au travail, il allait le matin comme s'il allait au travail et il n’allait pas au travail. Il allait dans les bars, il buvait sa dose et à la fin de sa journée, il rentrait à la maison comme s'il avait fait sa journée de travail.
Sauf qu'à son travail, ils s'étaient bien rendus compte que ça pouvait plus durer. Et c'est eux qui ont envoyé une lettre de licenciement. Je peux vous dire que quand le facteur est arrivé et que j'ai vu un recommandé, je me suis dit « Qu'est ce qui n'a pas été encore payé ? » Et quand j'ai ouvert la lettre et que j'ai vu la procédure de licenciement, là je peux vous dire j'ai cru que le ciel me tombait sur la tête.
Je le revis encore. J'ai des frissons quand je dis ça, parce que c'est comme si on m'avait donné un coup de pied aux fesses.
Là, j'ai dit il faut que ça s'arrête. Et quand il est arrivé du travail, il est arrivé un petit peu la fleur au fusil, tout guilleret. Et moi je lui ai dit : « d’où tu viens ? » Et il me dit : « du travail ». Et là c'est sorti, je lui ai dit : « tu es un menteur ». Il me dit : « non, je ne suis pas un menteur. »
Je lui ai dit : « ça c'est quoi ? » Et je lui ai montré la lettre de licenciement. Ça m'a fait un électrochoc à moi et c'est là qu'il a dit : « bon ben je vais en soins. »
Il est rentré dans une clinique le 14 février 2001. C'était une belle Saint-Valentin !
Je vais vous dire que je le revois encore quand je l'ai accompagné, on était dans la salle d'attente en train d'attendre le psychiatre. Il m'a dit : « T'es contente, t'as réussi à avoir ce que tu voulais, tu m'enfermes ici et tu vas garder la maison et les enfants. »
Ça, ça a été dur et je me suis dit non, lâche pas, lâche pas, Il faut que ça aille au bout. Et là, je lui ai dit « Je te préviens, je ne veux pas te voir à la maison, je te téléphonerai tous les soirs. Le samedi après –midi, je viendrai toute seule chercher le linge sale et je reviendrai le dimanche après- midi avec du linge propre et les enfants. Mais tu t'occupes de toi, tu te soignes. »
J'ai été voir un juge des affaires familiales. On a été convoqué devant le juge parce que il y avait des crédits à la consommation qui avaient été pris. Il y avait des dettes et le juge m'a nommée sa tutrice. Il a été hospitalisé huit mois. Pendant ces huit mois, j'ai tout remboursé. Il faut que je retrouve ma dignité, ma fierté. Il faut que moi aussi je me remue. J'avais besoin de ça. Je crois que c'est à ce moment-là que je me suis dit : « T'es accompagnante » Et plus dans la codépendance, je fais plus pour lui. Il fera les choses pour lui et moi je les fais pour moi et je lui fais plaisir. Quand il fait quelque chose, je lui dis que c'est bien et je lui dis que c'est mal quand c’est pas bien aussi. Et puis je crois que c'est à ce moment-là aussi qu'on a appris à discuter.
Les soins, il est loin, il n'est pas à la maison. Mais le retour des soins. Quand vous partez comme ça, tant de temps et que vous revenez à la maison, que l'autre revient à la maison. Ça aussi, c'est quelque chose… Alors on a discuté, on s'est mis à faire beaucoup plus de choses ensemble, et notamment l'association ( La Santé de la Famille, une association d’entraide) Il a adhéré, il avait pris connaissance de l'association pendant ses soins, la Santé de la famille et ça lui a plu parce qu'il y avait le mot famille et qu'on pouvait emmener la famille.
Il m'avait dit : « Tu sais, cette association, tu peux venir avec les enfants et tout ça. Il y a plein d'activités. » Et alors au début, je ne voulais pas trop parce que je m'étais dit c'est quelque chose à lui, c'est pour lui. Et puis j'ai commencé à participer à des groupes de parole aussi. Et puis de fil en aiguille, eh bien ça m'a un peu plu. Je me suis rendue compte que je n'étais pas toute seule, que toutes les femmes qui étaient là, elles avaient vécu plus ou moins la même chose que moi.
Même Mes enfants m'ont ouvert les yeux un petit peu, m'ont rappelé. Ils m'ont dit violence physique ? Non, mais verbale oui. Moi il y a beaucoup de choses que je ne me rappelle pas. Ma fille m'a dit « Tu voulais le voir mourir d'un accident de voiture sans qu’il ne tue personne contre un arbre. Voilà, tu voulais. » Et quand elle m'a dit ça, je lui ai dit : « T'es sûre que j'ai dit ? » Elle m'a dit « oui, tu nous as bien dit ça » Et j'aurais même employé le mot crever. Tu ne vas pas crever contre un mur.
Et je pense que c'est des paroles qui sont tellement dures que je les ai oubliées. Enfin, je ne veux pas m'en rappeler. Je ne veux pas m'en rappeler.
Les choses ont retrouvé leur place petit à petit. Moi j'ai appris aussi à lui faire confiance. Il faut aussi redonner sa chance à l'autre. Il l'avait perdue à un moment donné. Mais voilà, tous les jours. Il me prouve qu'il mérite cette confiance. La confiance, ça s'est perdu. Il a fallu la regagner. Et ça, ça s'est fait au fil des mois et au fil des années.
Aujourd'hui, on discute beaucoup plus qu'on ne le faisait, même au début qu'on était mariés. On est comme les deux doigts de la main. Mais ça a demandé du temps, ça c'est sûr. Ça a demandé aussi un travail que moi j'ai fait.
Quand j'ai fait ma psychothérapie, ma psychiatre une fois, et c'est elle qui a aussi déclenché ça parce qu'elle m'a posé une question. Elle m'a dit : « Qu'est-ce que vous faites pour vous ? » Et bien là, je n'ai pas su lui répondre parce qu'en fait, j'ai toujours vécu pour les autres ; et les autres c’était mon mari et mes enfants et pour moi il n’y avait rien.
Et la chose que j'ai faite pour moi, c'est que je me suis inscrite à des cours du yoga et en fait c'est là que j'ai appris à lâcher prise, lâcher prise et à respirer.
Je suis trop heureuse comme je suis aujourd'hui. Je pense que Dominique aussi, puisqu'il le dit. On est trop heureux comme ça. On voit nos enfants, nos petits-enfants régulièrement. Ce sont mes rayons de soleil, mon bonheur. L'avenir, je l'envisage à continuer à aider les autres, à faire de la prévention, de l'accompagnement au sein de mon association.
Conclusion
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Stéphanie : « Je dois d’abord penser à moi pour l’aider »
Durée: 7 min
INTRODUCTION
Avec l'alcool, on peut parfois se sentir dépassé. Que faire lorsque l'on doit faire face à la dépendance d'une personne que l'on aime ? C'est l'histoire de Stéphanie qui se retrouve seule face à l'addiction aussi récente que soudaine de son conjoint. Sans soutien de leur entourage, comment aider son conjoint sans s'oublier ?
Stéphanie :
C'est mon compagnon qui est tombé dedans depuis 2020, l'année du confinement. C’était quelqu'un d’enjoué, souvent exalté, qui trouvait tout beau : ça, c'est merveilleux… Voilà, tout a changé avec l'alcool.
Et en 2020, confinement l'un sur l'autre, 24 h sur 24, télétravail, etc… Ben il a trouvé une nouvelle copine. La bouteille. Ça, c'est les raisons qui ont participé à son gros mal être et ensuite confinement. On a commencé à prendre des apéros le soir, à grignoter au lieu de faire des repas, des tout petits trucs sympa, tapas, apéros. Et de fil en aiguille, c'est son comportement et son caractère qui ont changé. Ensuite, le fait d'avoir le confinement, ben on voit plus les amis, on ne voit plus personne. On se retrouve en tête à tête entre quatre yeux. Les enfants ne viennent plus puisqu'ils sont confinés chez l'autre parent. Je pense de n'avoir que moi en face de lui, plus son alcool, Bah ça a fait un melting pot ; Il a tout stigmatisé sur moi.
C'est pas le fait qu’il boive au début, ça ne m’a pas inquiété plus que ça. Ce qui m’a inquiété, c'est quand il a commencé à être méchant. Changement radical, radical. C'est pas la même personne. Il boit deux verres, c'est plus la même personne.
Je le voyais, il prenait des cubis de vin, carrément. Puis « je vais me servir un verre de vin ».
Il allait dans la cuisine. Moi j'étais sur la terrasse, je me penchais, je le voyais se servir un verre rapidement, boire un deuxième verre. Puis, après le troisième, il revient comme s'il venait de se le servir. Chose que les autres personnes à table ne voyaient pas.
Il n'y a toujours que moi qui le voit. Personne le sait, ça. Et si je vais le dire à quelqu'un d'autre, à sa mère ou à son fils, peu importe, un ami, on va me dire mais non, il est drôle, Il boit que quand on fait la fête. Quelqu'un qui passerait devant notre fenêtre : on est en été, la fenêtre de la cuisine est ouverte. On est dans la cuisine. Quelqu'un passe et nous entend. Je suis persuadée que ces personnes-là penseraient plus que c'est moi qui suis méchante et emmerdeuse, que lui. Donc non, le soutien, je n'en ai pas forcément. A un moment donné, j’ai commencé à lui dire tu bois un peu trop. Non, je ne bois pas trop, etc. Tu dis n'importe quoi.
Je dis : « si, à partir du moment où tu me parles normalement on peut se parler normalement, tu bois deux verres et d'un coup tu te fermes et tu me rejette et tu me parles comme ça. Ben c'est qu'il y a un problème et pour moi ça vient de l'alcool » et ça, il ne supporte pas que je dise ça.
C'est pas quelqu'un de foncièrement méchant, et c'est quelqu'un de réfléchi, quelqu'un d’instruit. Donc il a la réflexion quand même. Et la journée il ne boit pas. C'est pas comme j'ai connu avec ma mère. Ma mère, elle, c’etait au whisky, elle planquait ses bouteilles de whisky dans ses sous- vêtements, avec les gels douche, et avec ma petite sœur (parce que je suis l'aînée), on passait notre temps à aller récupérer les bouteilles d'alcool qu'on trouvait et à aller les donner à notre père. Tiens, papa, regarde ce qu'on a trouvé !
Avec mon compagnon, j'ai pas du tout ça. Lui c'est visible, c'est pas toute la journée, c'est le soir. Mais moi j'explique tout le temps que l'alcoolisme on est pas forcément bourré. Parmi les petites phrases leviers que j'utilise, que j'ai essayé d'utiliser à un moment, je lui disais quand il me dit je ne suis pas bourré, tu n'es peut-être pas encore bourré parce que je sais qui va boire après, mais tu es alcoolique.
Quand tu rentres du travail, le soir, quand tu finis ta journée, quand tu éteins ton ordinateur et que la première chose que j'entends c'est « Ah, je boirais bien du vin » : Ah il n’y a pas de vin ? Ah il n'y a pas de rhum ? il y a pas de vodka ? C'est qu'il y a un problème, Il y a une demande, il y a un besoin derrière.
Ton corps le réclame, mais il veut pas l'entendre.
Ça me met dans des états de grande tristesse, de grand abattement et c'est arrivé que je m'en veuille à moi-même.
Pourquoi ? Parce que, si tu bois, peut être que j'ai fait quelque chose qui t’amenait vers là.
Puis finalement, non ce n’est pas ma faute. Chacun est responsable de lui-même. Et ça, je l'ai vu avec ma mère. Un alcoolique, une alcoolique, on peut lui dire tant qu'on veut qu'il est alcoolique, qu'il ou elle, que cette personne a un problème avec la boisson. Non, ça, ça fonctionne pas.
Faut que le déclic, ce soit la personne qui l'ait. J'ai fait ce que je pouvais.
Je me sens ni aidante, ni accompagnante. Par contre, je me sens infantilisée, quand il devient méchant, quand il a bu là, oui, infantilisée, diminuée, rabaissée. Et donc comme je dis, je m’aide moi-même. D'où la démarche Alcool Info Service. Les forums, en rapport avec alcool, infos service ou sur Facebook. Je m’aide moi-même.
Accompagnante, aidante, je pense, que ce serait à partir du moment où lui-même dira effectivement j’ai un problème avec l'alcool, il faut que j'arrête. Voilà, maintenant faut que j'avance et moi j'aimerais que lui aussi avance pour lui, pour sa santé. Si c'est pas pour ses parents, pour ses enfants, ni pour moi, qu'il le fasse pour lui.
Conclusion :
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